KINJITE, SUJETS TABOU (Kinjite: Forbidden Subjects) de J. Lee Thompson (1989)

KINJITE, SUJETS TABOU

Titre Original : Kinjite: Forbidden Subjects
1989 – Etats Unis
Genre : Policier
Durée : 1h37
Réalisation : J. Lee Thompson
Musique : Greg De Belles
Scénario : Harold Nebenzal

Avec Charles Bronson, Perry Lopez, Juan Fernandez, James Pax, Peggy Lipton, Sy Richardson, Bill McKinney, Gerald Castillo, Marion Kodama Yue et Amy Hathaway

Synopsis : Un Japonais vient aux États-Unis pour son métier, avec sa famille ; il croit pouvoir réaliser certaines expériences qui pourraient être tolérées au Japon, mais se trouve lui-même l’objet d’un réseau pédophile américain quand on enlève sa fillette. Tout en collaborant avec la police, il va être reconnu par celle qu’il a agressée… car il s’agit de la fille de l’inspecteur Crowe.

Sorti aux Etats Unis en Février 1989, puis par chez nous en Avril de la même année, Kinjite Sujets Tabou marque véritablement la fin d’une époque. Non pas car il sort en 1989 et marque donc pour beaucoup de ses techniciens et acteurs leur dernier film des années 80 (même si oui, aussi), mais car il s’agît du dernier film de Charles Bronson pour la défunte Cannon, qui subissait déjà de gros changements (d’où même un subtil changement de nom, passant de Cannon Group à Cannon Entertainment). Alors il tournera bien dans les années 90 un ultime opus de Death Wish, mais ce n’est déjà plus la Cannon, et il n’y a derrière plus que Menahem Golan, sans son cousin Yoram Globus. Kinjite est donc bien le film des adieux. Mais plus que tout, il s’agît du tout dernier film signé J. Lee Thompson, qui a collaboré à de très nombreuses reprises avec la Cannon durant toutes les années 80, mais aussi pas moins de neuf fois avec Bronson. Et je vous le dis, et ce malgré toute la sympathie que je peux avoir pour le réalisateur, pour l’acteur et pour le studio, et bien, Kinjite, ce n’est vraiment pas bon. Le film de trop ? Oui, et non, ça va beaucoup plus loin que ça en fait, il y a tellement de données à prendre en compte pour comprendre l’échec artistique quasi total du film. L’âge à prendre en compte du réalisateur J. Lee Thompson déjà, 75 ans à la sortie du métrage, signant son neuvième film avec Bronson, mais également son neuvième film pour Cannon, et dont le précédent métrage, Le Message de la Mort, avait déjà été achevé par son assistant lorsqu’il tomba malade. Il y a aussi Bronson lui-même, 68 ans au moment du tournage, et absolument pas crédible en inspecteur de police avec son âge, là où justement, le Messager de la Mort semblait avoir conscience de cela et lui donnait un rôle de journaliste, et donc, pas forcément un homme de terrain, un homme au boulot physique. Et puis, il y a tout simplement le sujet du film, et par dessus tout, son traitement.

Car oui, avant d’écrire ces quelques lignes, je me serais un minimum renseigné. Bon, s’il est véridique et compréhensible que le réalisateur ainsi que sa star aient changés un minimum le scénario de base pour que cela convienne bien mieux au style du studio, et au style de l’acteur, c’est compréhensible. Mais voilà, le souci, c’est que Kinjite touche à des sujets sensibles. J’ai pu lire quelques avis de personnes choquées. Mais aussi des avis très positifs sur le film disant que les sujets qu’aborde Kinjite se doivent d’être traités, aussi sombres soient-ils. Et si je suis on ne peut plus d’accord sur ce dernier point (ce n’est pas la première ni la dernière fois que la prostitution des mineures est abordée au cinéma), il reste l’affaire du traitement du sujet. Et sur ce point, Kinjite se prend un énorme carton rouge. Je sais bien que chez la Cannon, on n’est pas forcément réputé pour la subtilité, après tout, Bronson n’aura fait que jouer les justiciers et autres durant toute une décennie. Mais voir le studio se lancer à la fois dans un film avec un flic bad-ass qui aime la justice expéditive (même si parfois, un peu par accident), et nous parle de prostitution des mineures, mais entrecoupe tout ça au départ d’une seconde intrigue avant de relier le tout, mettant donc en avant les différences culturelles entre les Etats Unis (pays souvent jugé puritain, tout ça tout ça) et le Japon, et bien ça coince. Le portrait du Japon et de leur culture est… risible et pourrait presque être vue comme un gros manque de respect. On n’est pas aidé par un Bronson qui évidemment, joue le flic raciste, qui se plaint que les Japonais débarquent dans son beau pays pour prendre notre boulot (ah quand le remake Français avec les Asiatiques qui prennent tous nos tabacs ?). Et attendez, ne partez pas, il y a aussi le gang de méchants, celui qui prostitue des jeunes filles, forcément, avec un hispanique à sa tête, et tous ces hommes de mains, ce sont des noirs. Ah ben oui, rien ne nous est épargné mon bon monsieur…

Un traitement racoleur et à la ramasse, qui ne sait vraisemblablement pas franchement de quoi il parle ! Si on ajoute à tout ça le fait que Bronson est vieux, pas crédible, et qu’il semble doublé pour beaucoup de choses, rendant en plus le montage des quelques scènes musclées catastrophiques. Le tout se prend bien entendu un peu trop au sérieux pour son propre bien, et en plus, n’est pas très bien rythmé, car on est dans du polar t’as vu. Rajoutons donc quelques exécutions sommaires, des scènes clichées et vulgaires (Bronson qui menace le grand chef de la bande, et lui fait… avaler sa montre en or). Mais ici, rien ne fonctionne. Car finalement, le flic aux méthodes violentes (La Loi de Murphy), un brin justicier (les Justicier dans la Ville) luttant contre des gangs, ce n’est pas nouveau, mais ici, la Cannon veut toucher à des sujets (tabou comme le dit le titre) qui donnent un côté très premier degré à l’œuvre, et qui du coup, plombe le film, là où tous les précédents films cités pouvaient être pris moins au sérieux, et donc, divertir (bon, sauf Protection Rapprochée, c’était nul, moralité : les derniers films de réalisateur quand c’est chez Cannon, il faut fuir). Ici, non, et il n’y a bien qu’une petite poignée de scènes qui fonctionnent, maladroitement parfois, comme le meurtre par accident du mec suspendu au balcon. Et pour enfoncer le clou du cercueil, ajoutons également que le scénario, grossier, essaye de se faire malin avec ses deux intrigues qui se rejoignent. Avec ce père Japonais qui a touché la fille de notre super inspecteur dans un bus, mais qui voit sa fille se faire kidnapper, et donc notre inspecteur qui va enquêter là-dessus. Sauf que là où l’intrigue de l’inspecteur a sa résolution (il va tous les tuer), l’intrigue avec sa fille n’aura aucune résolution, quand bien même elle se retrouvera nez à nez avec son agresseur, que la mise en scène sous-entend qu’ils se reconnaissent, eeeeeeeeeet…. Puis plus rien, fin. Traité par dessus la jambe je vous le dis !

Les plus

Dans le fond, l’ultime Bronson, l’ultime Thompson, l’ultime Cannon
Une poignée de scènes sortent du lot

Les moins

Ridicule, vulgaire
Un scénario maladroit
Une des deux intrigues même pas résolue
Le traitement des différents sujets
Le racisme ambiant
Bronson, pas crédible, trop vieux pour ces conneries

En bref : Kinjite Sujets Tabou est un film racoleur qui traite de sujets durs avec la subtilité made in Cannon, c’est à dire sans subtilité. Là où d’habitude, le spectacle est souvent over the top et divertissant, ici, ça ne passe absolument pas, c’est juste gratuit, vulgaire, un peu chiant, et maladroit (pour être gentil).

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