Titre Original : Cha no Aji – 茶の味
2004 – Japon
Genre : Comédie Dramatique
Durée : 2h23
Réalisation : Ishii Katsuhito
Musique : Little Tempo
Scénario : Ishii Katsuhito
Avec Miura Tomokazu, Tezuka Satomi, Banno Maya, Sato Takahiro, Asano Tadanobu, Gashuin Tatsuya, Nakajima Tomoko, Todoroki Ikki et Tsuchiya Anna
Synopsis : Le film relate le destin de la famille Haruno, qui vit dans un village de montagne près de Tokyo. Hajime, lycéen timide, se remet doucement d’une rupture imaginaire jusqu’à ce qu’il retombe amoureux d’une camarade de classe fraîchement arrivée de la grande ville. Pour elle, il va devenir un as du jeu de go. La mère, Yoshiko, décide de reprendre le dessin d’animation sous l’œil inquiet de la famille, après avoir arrêté un long moment pour s’occuper de ses enfants. Son mari, Nobuo, pratique l’hypnotisme thérapeutique même en famille, au grand plaisir de l’oncle Ayano le frère de Yoshiko. Celui-ci fait plusieurs rencontres au cours de cette période passée dans son village natal. Il accepte à contre-cœur de quitter ses souvenirs et ses rencontres pour enregistrer le disque d’anniversaire de son oncle excentrique dessinateur de manga. La petite Sachiko, huit ans, voudrait faire disparaître son double géant qui semble la surveiller derrière son dos, et à cette fin elle va essayer de faire un tour sur une barre fixe, technique qui avait réussi à son oncle. Le grand-père excentrique et magicien du mouvement, ancien dessinateur de manga, amuse tout le monde et soutient sa bru dans sa tentative de retour.
En Avril 2022 en France, chez Spectrum Films, c’est le mois du Japon. Et ceux qui me connaissent savent que cela me fait plaisir, car avant la Corée (ceci est une blague), avant Hong Kong, et bien ma spécialité, c’était bel et bien le Japon. Alors quand trois films d’auteurs Japonais sortent en France, en HD, et qu’en plus, je n’en ai vu aucun, c’est du tout bon pour moi. The Taste of Tea pourtant, j’aurais sans doute du le voir, tant le métrage bénéficie d’une bonne réputation, et a eu droit à des sorties un peu partout en Blu-Ray, en plus d’une sortie en France en 2005, encore l’époque bénie pour le cinéma Asiatique chez nous. Mais pour une raison inconnue que l’inconnu ignore, j’étais passé à côté, si bien que le seul film de son auteur que j’avais pu voir, c’était Smuggler qu’il signait en 2011, avec Mitsushima Hikari, et que je n’avais malheureusement pas franchement aimé. Mais pas détesté non plus. Bref, il était temps de se mettre au thé, de partir se mettre au vert dans un petit village Japonais et d’affronter le destin de la famille Haruno, famille bien perchée. Car si l’on devrait résumer en quelques mots seulement The Taste of Tea, ce serait tout simplement que le film nous présente une tranche de vie d’une famille excentrique. Excentrique ? Oui dans un sens, ou alors tout à fait normale suivant mes critères. Que la petite fille voit une version géante d’elle-même, tandis que le père pratique l’hypnose, que le fils ai la phobie des femmes après une rupture imaginaire, ou que le grand-père se mette à enregistrer une chanson parlant de montagnes, c’est tout à fait normal ma bonne dame, c’est le quotidien ! Et puis honnêtement, mieux vaut avoir cette famille qu’une autre avec un père salaryman, une mère dépressive, un grand père à l’hospice et un ado qui fugue non ?
The Taste of Tea, c’est donc une tranche de la vie de cette famille, des événements qui s’enchaînent, ou même plutôt des scénettes, tant on a l’impression de vraiment assister à leur quotidien, à leurs petits tracas souvent sans grande importance mais qui peuvent sur le moment interpeler, ses rencontres un peu folles comme ces hommes habillés en super héros dans le métro, ou cet homme surdoué pratiquant seul le baseball au bord du lac, sous un pont. Cette structure volontairement assez libre est à la fois la plus grande qualité du titre, mais aussi dans un sens son seul véritable défaut. Paradoxal je sais. Car The Taste of Tea, en prenant cette forme, en ne choisissant jamais un personnage principal mais en prenant à la place la cellule familiale comme point central, il peut un peu tout se permettre. De passer d’un personnage à un autre, de varier les situations, de nous raconter des flashbacks, de faire place visuellement à l’imaginaire des enfants, ou à nous montrer pendant trois ou quatre minutes un film animé réalisé par la mère de la famille. Une liberté de ton rafraichissante qui permet au réalisateur de laisser libre court à ses idées. Et quand on pense au cinéma plus grand public souvent aseptisé, c’est clairement et véritablement rafraichissant ici. Et le ton est donné dés le début, lorsque Ayano, l’oncle de la famille, joué par le génial Asano Tadanobu, dont on se souviendra toujours pour être le fumeur qui a le plus la classe dans Ichi the Killer (mais limiter sa carrière à ça serait un crime), nous raconte son plus grand traumatisme de jeunesse, à base d’œufs dans la forêt, de fantôme de yakuza mort et de… caca sur des squelettes. Ah oui, on sait immédiatement que l’on ne met pas les pieds dans un film formaté. Tout ça pourrait n’être un gros bordel, mais le métrage parvient à de multiples reprises à nous faire sourire, rire, à nous émouvoir parfois, et à d’autres, à se poser.
Car qui dit quotidien et chronique familiale dit forcément qu’il ne se passe pas toujours des choses exceptionnelles. Si bien que parfois, nous sommes plutôt témoins du temps qui passe, avec ces balades en vélo pour aller de la maison au lycée, à ses thés savourés en famille. Parfois aussi, on ne peut s’empêcher de sourire, lorsque l’on voit un personnage réussir quelque chose d’anodin, mais qu’il a passé la plupart du film à tenter d’y arriver. Mais comme je le disais, cette structure hyper permissive, tant narrativement qu’en terme de pur style visuel trouve par moment ces limites, car comme dans la vraie vie, des éléments seront moins réussis ou moins intéressants que d’autres. Et The Taste of Tea, mine de rien, il dure 2h23. Et sans être désagréable une seule seconde, on se dit souvent facilement que tel ou tel passage qui marquera moins notre propre sensibilité aurait pu être raccourci, voir supprimé. L’exemple flagrant, ce sera les premières scènes avec un mangaka, dans son bureau, avec ses employés. Oui, les scènes sont amusantes, mais semblent tellement déconnectés des autres qu’elles auraient pu être coupées au montage sans que cela ne dérange quoi que ce soit. De même, on pourra dire que certaines incrustations ne sont pas toutes réussies, mais là encore, rien de bien grave finalement, puisque le film mettant l’accent sur un ton souvent drôle, et faisant souvent appel à l’imaginaire de ces personnages, soit enfants, soit un peu barrés, le point de vue nous fait pardonner ce petit défaut. Mais ce qui est sûr, c’est que la liberté dont bénéficie le film penche clairement plus vers le bon côté, et que même si ça avait pu être un peu plus court, on en sort souvent émerveillé, par ses personnages, par leur imagination, leurs mésaventures, leurs petits (et gros) drames, leurs moments contemplatifs dans la nature, ainsi que ses moments si anodins qu’ils en deviennent marquants.
Les plus
Des moments très doux
D’autres véritablement drôles
Une famille pas comme les autres
Un film imaginatif débordant d’idées
Les moins
Un poil trop long
En bref : The Taste of Tea nous présente le quotidien d’une famille rêveuse et assez hors normes, que l’on ne peut s’empêcher de trouver attachante. Un peu trop long oui, mais tellement riche, tellement bourré d’idées que la plupart du temps, on ne peut s’empêcher de sourire devant.
A FEW WORDS IN ENGLISH | |
THE GOOD | THE BAD |
♥ Some very sweet moments ♥ And some others, really funny ♥ A family like no other ♥ A film with many ideas, all the time |
⊗ A bit too long |
The Taste of Tea shows us the daily life of a sweet, dreaming and weird family, but we quickly find them lovable. A bit too long, that’s true, but it’s a rich film, with many ideas, so most of the time, we are just smiling in front of our screen. |