DRIVE MY CAR (ドライブ・マイ・カー) de Hamaguchi Ryusuke (2021)

DRIVE MY CAR

Titre Original : Doraibu mai kā – ドライブ・マイ・カー
2021 – Japon
Genre : Drame
Durée : 2h59
Réalisation : Hamaguchi Ryusuke
Musique : Ishibashi Eiko
Scénario : Hamaguchi Ryusuke et Oe Takamasa

Avec Nishijima Hidetoshi, Miura Tôko, Kirishima Reika, Okada Masaki, Park Yu-Rim, Jin Dae-Yeon, Sonia Yuan, Ahn Hwitae, Perry Dizon, Abe Satoko et Matsuda Hiroko

Synopsis : Alors qu’il n’arrive toujours pas à se remettre d’un drame personnel, Yusuke Kafuku, acteur et metteur en scène de théâtre, accepte de monter Oncle Vania dans un festival, à Hiroshima. Il y fait la connaissance de Misaki, une jeune femme réservée qu’on lui a assignée comme chauffeure. Au fil des trajets, la sincérité croissante de leurs échanges les oblige à faire face à leur passé.

Je ne suis pas un grand connaisseur du cinéma de Hamaguchi Ryusuke, mais j’avais découvert et beaucoup apprécié son Asako I&II, ironiquement découvert l’année dernière, lors de la sortie de Drive my Car. Drive my Car justement, c’était assez difficile de passer à côté, tant le film a fait parler de lui. Prix du scénario à Cannes, meilleur film en langue étrangère aux Golden Globes, meilleur film international aux Oscars sans compter des prix, souvent pour le meilleur film, à d’autres festivals comme le BAFA ou le Los Angeles Film Critics Association. Bref, un bien joli palmarès. Et en réalité, il m’intéressait beaucoup ce Drive my Car, mais un seul petit élément me faisait peur et m’a fait reculer à plusieurs reprises : sa durée. Oui, trois heures. Et pourtant, je n’ai pas vu le temps passer. Oui, Drive my Car a une approche assez simple voir prévisible de son propos malgré tout, le film n’est pas parfait, et on se dit facilement que justement, avec ce propos relativement simple, quelques coupes n’auraient pas empêché le film de fonctionner. Il faut le dire, de toute façon, aucun film n’est parfait. Mais ce que le film propose, déjà il le fait bien voire même excellement bien par moment. Drive My car, c’est donc en soit le portrait d’âmes écorchées par la vie et par leur passé. Kafuku Yûsuke, acteur de théâtre et metteur en scène déjà, notre personnage principal, que l’on découvre marié, avec une pièce à mettre en scène, qui a déjà ses blessures, mais dont le destin du métrage ne va pas tarder à en rajouter quelques-unes par-dessus, avec le décès de sa femme, scénariste pour la télévision. Le pire étant sans doute que peu de temps avant le tragique accident, Yûsuke, en rentrant chez lui un jour sans prévenir, tombera nez à nez avec une bien mauvaise révélation, qui va le faire douter, remettre en doute certains éléments de sa vie. Et c’est cette accumulation d’événements qui vont mener au cœur du film, deux ans plus tard, à Hiroshima.

Yûsuke se rend en effet à Hiroshima pour y mettre en scène une nouvelle pièce de théâtre, avec six semaines de préparation et deux semaines de représentations. On lui assigne un peu malgré lui un chauffeur, Watari Misaki, qui le conduira, dans sa voiture, tous les jours. Voilà en gros pour le cœur du film. Des longs trajets en voiture, des âmes en peine, égarées, parfois silencieuses, parfois bien bavardes, des répétitions, des castings, des acteurs et actrices d’horizons divers, très divers, puisque l’on comptera au casting également des Coréens, une Chinoise et même une muette. Et en terme de développement de personnages, de thématiques, de liens entre la vie des personnages et les personnages qu’ils doivent eux même interpréter au théâtre, et finalement, tout simplement en terme d’émotions et de sentiments, Drive My Car est une grande réussite. Là où j’avais beaucoup aimé Asako I&II, certains choix de la part des personnages me paraissaient quelque peu incongrus, ce qui m’avait quelque peu déçu, notamment lors de l’acte final. Ici, le réalisateur semble bien mieux maitriser son scénario, ses personnages et les diverses émotions véhiculées dans le métrage, fluide et sans aucune fausse note. Tout est clair, limpide, les émotions sont déversées à l’écran sans jamais en rajouter, et il faut saluer pour cela le travail des acteurs, en tout point excellents, tous autant qu’ils sont, mais également le travail du réalisateur, qui coécrit également le scénario donc et qui sait parfaitement quand il doit poser sa caméra pour laisser les acteurs s’exprimer dans le cadre (cette discussion extérieure sous la neige entre Yûsuke et Misaki m’aura touché par sa simplicité et son honnêteté), et sait jongler entre des moments verbalement chargés avant de se laisser aller aux longs silences lors de trajets en voiture, ou limite à la contemplation sur les magnifiques décors d’Hiroshima et ses alentours.

Mais il ne faut pas oublier dans le lot la magnifique photographie signée Shinomiya Hidetoshi, qui livre des éclairages maitrisés et agréables à l’œil, et une composition du cadre souvent ingénieuse. Dés le tout premier plan du film, c’est un régal. Mais oui, ce qui marque le plus dans le métrage, c’est finalement la justesse des émotions, et la justesse des acteurs délivrant aux spectateurs ces mêmes émotions. De nombreux moments fonctionnent parfaitement par exemple et résonnent chez le spectateur tant le ton paraît juste. Ses quelques rapides visites d’Hiroshima, l’ouverture lente et progressive de l’artiste avec sa chauffeuse, ces cicatrices là depuis des années et qui refusent de se fermer, sans oublier les deux meilleurs moments du métrage à mes yeux, à savoir cet échange entre le réalisateur et son acteur dans la voiture, avec cette histoire faisant échos à des moments vus auparavant par le spectateur, et un autre moment bien tardif dont je ne dirais rien, mais qui semble parfaitement pensé pour clore l’arc narratif du personnage principal. Belle gestion des émotions, mise en scène élégante, casting impliqué… Si je rajoute à tout cela une narration maitrisée, quelques très beaux paysages et une mise en avant d’une pièce de théâtre mélangeant les cultures et donc les langues (dans le fond, c’est assez rare pour le souligner), on pourrait dire que Drive My Car est un bijou auquel on peut pardonner ses quelques facilités et sa durée. Par contre, pourquoi est-ce que tout le monde a le volant à gauche alors qu’au Japon, on conduit justement à gauche ? Laissons ce mystère dans les non dits du métrage !

Les plus

Des personnages forts
Un casting impeccable
Une maitrise narrative et visuelle
Des moments d’émotion forts réussis

Les moins

Oui, ça dure 3h

En bref : Drive My Car m’a conquis. Le réalisateur Hamaguchi Ryusuke maîtrise parfaitement son style et son propos, et si on pourra bien dire qu’il y a quelques facilités, finalement, le film a tant de très beaux moments qui prennent aux tripes que ce n’est pas bien grave.

A FEW WORDS IN ENGLISH
THE GOOD THE BAD
♥ Some strong characters
♥ The cast is very good
♥ It’s a very well made film, both technically and in storytelling
♥ A few moments with strong emotions
⊗ Yes, it’s not perfect, and yes, it’s 3 hours long
Drive My Car won me over, totally. Director Hamaguchi Ryusuke totally controls his style and his script, and if we can always say there are some easy elements in the script, in the end, the film has so many beautiful moments that it doesn’t even matter anymore.

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