SPIDER-MAN NO WAY HOME de Jon Watts (2021)

SPIDER-MAN NO WAY HOME

Titre Original : Spider-Man No Way Home
2021 – Etats Unis
Genre : Une Marvelerie de plus
Durée : 2h28
Réalisation : Jon Watts
Musique : Michael Giacchino
Scénario : Chris McKenna et Erik Sommers

Avec Tom Holland, Zendaya, Benedict Cumberbatch, Jacob Batalon, Jon Favreau, Willem Dafoe, Alfred Molina, Jamie Foxx, Benedict Wong, Andrew Garfield et Tobey Maguire

Synopsis : Pour la première fois dans son histoire cinématographique, Spider-Man, le héros sympa du quartier est démasqué et ne peut désormais plus séparer sa vie normale de ses lourdes responsabilités de super-héros. Quand il demande de l’aide à Doctor Strange, les enjeux deviennent encore plus dangereux, le forçant à découvrir ce qu’être Spider-Man signifie véritablement.

Pondre un texte sur les dernières aventures de l’homme araignée, ce n’était pas dans mes plans. Mais vu le résultat final à l’écran, je me dis que même si l’inspiration ne vient pas en écrivant ces lignes, il y a des chances que mon texte soit moins insipide que le film de Jon Watts. Et surtout, alors que la Phase IV de Marvel se termine (jamais vraiment capté à quoi servait ces fameuses phases, pour moi Phase IV, c’est un film avec des fourmis), et bien, le verdict tombe souvent un peu partout, sur les sites, sur les réseaux sociaux. La Phase IV donc, elle était peu palpitante pour beaucoup. Entre Marvel qui décide que pour voir un film sur un héros que tu apprécies en comprenant quelque chose, il fallait maintenant que tu leur donnes plus d’argent pour t’abonner à leur service et voir des séries longues sur des personnages que tu n’aimes pas, des films retardés, des échecs au box office, une polémique entre le studio et Scarlett Johansson (sans doute l’élément le plus palpitant de la phase IV en fait), oui, le résultat n’était pas foufou. Et du peu que j’ai vu de cette phase, je peux confirmer. Black Widow était inutile et peu palpitant, Shang Chi était un poil meilleur notamment grâce à de bonnes chorégraphies et quelques acteurs que l’on apprécie mais ses fonds verts piquaient bien les yeux, en plus d’avoir un final raté, puis il y a ce Spider-Man No Way Home. Le film qui est apparu en Décembre 2021 comme le messie pour le grand public et qui est rapidement devenu le plus gros succès de l’année, le plus gros succès depuis début 2020. Mais ça c’est pour les chiffres, car mine de rien, et malgré sa moyenne imdb qui me fait dire que si le public le dit, c’est que c’est mieux que Die Hard (mais aussi que 1917, Et Pour Quelques Dollars de Plus, Rashomon, Shutter Island, Jurassic Park… je continue ?), le film, il divise, avec beaucoup de spectateurs, qui face à plusieurs mois de recul et surtout une analyse de la fameuse phase IV, mettent Spider-Man dans leur top de cette phase, mais se sentent obligés de préciser que c’est juste car la nostalgie marche sur eux. Par contre, on remarque que beaucoup le classent dans les pires films de cette phase, sans honte.

Qui a raison ? Qui a tort ? Honnêtement, peu importe, et j’ai envie de dire que si certains prennent du plaisir devant ce Spider-Man, tout en ayant conscience que sa seule « qualité » est le fan service, tant mieux. Faisons-nous tous un gros câlin, et prions que Marvel calme le jeu, non parce que environ 3 films et 4 séries par an, ils sont clairement en train de tester les limites de leur public. Alors donc, ce Spider-Man, que vaut-il cinématogra…. Ah non on ne va pas déjà tirer sur l’ambulance ! Donc Spider-Man, ça raconte quoi ? Et bien ce troisième opus commence par la seule bonne idée du film précédent, à savoir, que l’identité de Peter Parker est révélée au public. Il ne peut donc plus véritablement séparer sa vie privée de sa vie héroïque, il est exposé aux yeux de tous, et lui ainsi que ses proches (famille, amis et petite amie) vont également devoir vivre avec ce poids sur les épaules. Dans les faits, car le scénario de No Way Home n’a qu’un seul élément magique dans sa poche pour faire avancer les événements. Cet élément, ce n’est pas la rigueur d’écriture, ni la profondeur des personnages, ni des twists de génie, mais le fan service. Dans No Way Home, passé la mise en place initiale, il n’y a qu’une chose qui compte, qu’une chose qui fera avancer l’intrigue, c’est le fan service. Même si pour amener ce fameux fan service, on fait devenir stupide le Dr Strange, homme droit, calculateur, réaliste, qui pour les besoins du scénario, accepte de faire un sort pour faire plaisir au petit Spidey, le rate, et amène dans l’univers du MCU méchants et héros d’anciennes aventures de Spider-Man qui n’ont rien à faire là. Willem Dafoe revient en bouffon vert, Alfred Molina en Dr Octopus, Jamie Foxx en Electro, et j’en passe, sans oublier ce que tout le monde se doutait (ou voulait) et que tout le monde sait à présent, la présence de Tobey Maguire et de Andrew Garfield dans le métrage. En soit, ce n’est pas que l’idée est mauvaise, c’est que le scénario ne sait qu’en faire. Donc du coup, on joue sur la naïveté du héros, super Peter Parker veut faire devenir les méchants gentils, et a besoin de l’aide de ses doubles d’autres univers pour y parvenir. C’est tout ? Oui, ça tient sur un post-it.

Et du coup le procédé trouve très rapidement ses limites. Ça ne raconte rien, ce n’est pas franchement palpitant, mais le fan service, suivant votre attachement à tel ou tel personnage, peut fonctionner. Disons en tout cas que tout n’est pas à jeter. Willem Dafoe notamment semble être réellement content d’être là, semble s’éclater, ricane, bref, il a de la présence, il en jette. Alors les autres par contre, ça oscille entre le « hey je suis là » pour Jamie Foxx par contre et le gentiment malaisant pour Alfred Molina. Et les trois Spider-Man ? Même cas de figure. Il y avait quelque chose à faire avec cette rencontre, mais le scénario se contente de donner le même traumatisme à chacun d’eux et de mettre 2/3 blagues, et voilà. Quand le seul rouage du scénario n’est que de la poudre aux yeux, ça fonctionne moyen. Mais c’est un film à grand spectacle, donc l’action, le visuel, tout ce qui est technique pourrait rattraper le tout. Sauf que c’est oublier que Jon Watts est toujours à la barre. Et qu’il n’est pas motivé à relever le niveau. On alterne donc des scènes aux CGI franchement ratés et des scènes d’action aux enjeux pas toujours palpitants, et surtout, à l’action peu impressionnante. Le meilleur exemple sera le long final, qui pourtant réuni à l’écran tous les méchants et tous les gentils, le tout sur un lieu iconique, la statue de la liberté. Sauf que Jon Watts, sans doute pas aidé par un tournage sur fond vert, ne sait pas quoi faire de son décor, et du coup, ça aurait très bien pu être filmé sur un chantier en construction dans le 92 que le résultat serait le même, le lieu n’est qu’un prétexte et ne sera jamais exploité. On peut pleurer quand on pense qu’avec un budget bien moindre et d’importantes contraintes, Bryan Singer avait su bien mieux exploiter son lieu, le même donc, dans le premier X-Men, en 2002. C’est fade, c’est dénué à la fois de recherche artistique et d’envie de grandeur. Niveau grand spectacle, on sauvera néanmoins cette scène d’action entre Spider-Man et Dr Strange, seul élément vraiment bien fichu du métrage en terme de divertissement. Dans son fond, si on lui retire son fan service, on ne gardera qu’un seul élément, plutôt bien vu et arrivant juste avant le dernier acte. Maigre non pour le sauveur du cinéma de 2021 ?

Les plus

La scène d’action sympa entre Strange et Peter
On peut dire que ça se regarde
Pour les réceptifs, ça déborde de fan service comme un dans un gang bang

Les moins

Un scénario qui ne se repose que sur le fan service
Visuellement pas emballant
Le final, assez affligeant
Beaucoup de personnages pour pas grand-chose
Les CGI, oscillant entre le bon et le pas bon du tout

En bref : No Way Home, est-ce une manière de dire aux spectateurs que l’on s’est éloigné de l’essentiel dans le cinéma à grand spectacle ? Ou Marvel nous dit qu’il ne compte reculer devant rien jusqu’à ce qu’ils possèdent aussi les cinémas et que seuls les films Disney sortent en salles ?

A FEW WORDS IN ENGLISH
THE GOOD THE BAD
♥ The action scene between Spider-Man and Dr Strange is nice
♥ We can say it’s watchable
♥ For those who likes it, fan service, everywhere, all the time
⊗ The script only contains fan service
⊗ Visually, not very stunning
⊗ The finale, just bad
⊗ Too many characters for nothing
⊗ The CGI, between « the fine » and « the not good at all »
No Way Home, is it a way to say to audience how far we went from good entertaining cinema? Or Marvel is telling us they’ll do anything until they own all the cinemas and the only available films will be the property of Disney?

3 réflexions sur « SPIDER-MAN NO WAY HOME de Jon Watts (2021) »

  1. Je m’attendais à cette déferlante de napalm sur « No way home » et, je dois bien avouer que certains de tes arguments ont tendance à faire mouche. Notamment ce qui tourne autour du moteur principal du film : le fan service.
    Mais la où je tu me déçois (pardon de le dire), c’est quand tu utilisés un argument galvaudé et injuste concernant le scénario. Ce n’est pas à toi que je vais apprendre la différence entre un sinopsis et un scénario j’imagine. Si tu resumes de la même manière Die Hard, ça tient aussi sur un post-it, et pourtant ça ne m’empêche pas de me prendre un claque à chaque visionnage.
    Même chose sur les séries Marvel soit disant longues : il y a en général 6 à 8 épisodes, et quand il y en a plus, les épisodes durent 30 minutes. On est loin de Walking Dead et ses 16 épisodes de vide pendant une heure !
    Par contre OK pour dire que la stratégie commerciale de Disney commence à être gonflante.
    Comme quoi, on peut être à l’opposé de la toile et s’entendre quand même sur certains points. 😉

    1. Ce que je trouve triste, c’est qu’à côté du fan service, les pistes pour un meilleur développement, je les vois perso. Et aussi même si les films ne sont pas bien appréciés, l’acteur lui l’est, et c’était une bonne manière donner une fin d’arc pour Andrew Garfield.

      Et dans le fond, on est d’accord, et j’adore des films avec des scénarios ultra simples voir basiques (le cinéma de Refn ne repose-t-il pas souvent sur cette base afin de permettre à la mise en scène de s’exprimer, que l’on aime ou pas ?) Le scénario post-it devient un argument quand le film n’a plus rien à proposer pour moi à côté, en mise en scène (mais déjà avant qu’il ne bosse pour Marvel, j’avais beaucoup de mal avec Jon Watts), de divertissement (seul le combat contre Strange m’a paru inspiré et avoir enfin des idées), même musicalement j’ai totalement oublié chaque musique pourtant composé par Giacchino.

      Allez, un petit Iron Man (oui le premier du MCU, mon préféré haha) et on se fait un câlin ?

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