Titre Original : Problemos
2017 – France
Genre : Comédie
Durée : 1h25
Réalisation : Eric Judor
Musique : Ludovic Bource
Scénario : Noé Debré et Blanche Gardin
Avec Eric Judor, Blanche Gardin, Youssef Hajdi, Bun Hay Mean, Loyot Marvin, Célia Rosich, Marie Helmer, Dorothée Pousséo, Claire Chust et Marc Fraize
Synopsis : Les vacances terminées, Victor et sa femme Jeanne rentrent à Paris avec leur fille. Sur le chemin, ils s’arrêtent pour rendre visite à leur ami Jean-Paul, qui habite dans une communauté de baba cools occupant une ZAD et qui milite contre la construction d’un parc aquatique. Séduits par leur façon de vivre et leur façon de résister contre la technologie et la société industrielle modernes, ils décident de rester quelques jours avec eux. Un matin, ils découvrent que les gendarmes, qui encadraient la communauté, ont disparu, comme la population extérieure, décimée par une pandémie, faisant d’eux les derniers survivants sur Terre.
Je l’admets sans honte, j’aime bien Eric Judor. Alors oui, il a fait avec son ami Ramzy des films difficiles à défendre, que je ne tenterais d’ailleurs même pas de défendre, comme Double Zero par exemple. Ou parfois des films qui tentent beaucoup de choses mais se plantent assez lamentablement 70% du temps, comme La Tour 2 Contrôle Infernale. Mais voilà, à côté de tout ça, c’est déjà beaucoup plus intéressant. Pour les quelques films réussis en duo comme La Tour Montparnasse Infernale. Pour les essais en solo niveau séries TV avec Platane. Et pour ses participations au cinéma de Quentin Dupieux, et ce depuis Steak. Bref, j’aime bien Eric Judor. Un grand enfant qui démontre aussi par certains choix qu’il a de la culture, qu’il a envie de se diversifier, qu’il aime le cinéma. Du coup, Problemos, soit le premier long métrage réalisé par Eric Judor en solo, il faisait envie. Déjà pour son sujet, qui met en avant des éléments assez rares au cinéma de nos jours, et encore plus en France, et puis parce qu’Eric Judor met en scène une histoire qu’il n’a pas écrite, et ne vient pas de lui. Une autre façon de diversifier son œuvre donc en quelque sorte. Et Problemos a été en plus plutôt bien reçu par les critiques à sa sortie, et même par le public. Alors pourquoi ai-je mis cinq années avant de le voir ? Hmmm oui, car je me méfie toujours des avis dits professionnels, tout comme de l’avis du grand public. Et pourquoi, si ce n’était pas parfait, Problemos est bien une comédie qui frappe là où il faut, qui sait parfois se faire méchante même si le ton s’adoucit doucement au fur et à mesure, qui a la bonne idée de ne pas prendre parti, ni de s’étirer péniblement, ne durant même pas une heure et demi d’ailleurs.
Problemos, c’est déjà l’histoire de Victor et Jeanne au départ, de retour de vacances avec leur fille, et qui s’arrêtent en chemin pour rendre visite à Jean-Paul, ancien prof de yoga de la femme de Victor, et devenu depuis chef de secte… euh non, chef d’un groupe souhaitant vivre hors de la société et qui squattent sur une zone devant être détruite afin d’y construire un parc aquatique. Au début, c’est donc clairement la rivalité entre deux modes de vie, deux modes de pensée qui sont en avant. La vie traditionnelle, en société, en acceptant ses qualités et défauts, et ceux qui vivent à l’écart et remettent en cause absolument tout ce que la société nous dit. Mais tout ça, c’est avant le réel élément déclencheur de l’intrigue, une pandémie (une vraie ce coup-ci), qui tue une grosse partie de la Terre, et épargne notre camp de savoureux personnages. Voilà donc là pour eux l’opportunité rêvée bien que complexe : reconstruire un monde suivant une vision qui leur convient. Alors soyons clairs, la première partie du récit est très réussie, allant vite, faisant appel à un humour parfois assez méchant, quelques répliques qui marquent et font rire. Dans le même ordre d’idée, le moment qui fait tout basculer rappelle clairement les jeux de mots adorés par Eric Judor, et met donc en avant la stupidité d’un des personnages de manière hilarante. La seconde partie, qui occupe logiquement une bonne partie du métrage, fonctionne également très bien, surtout qu’elle me brosse légèrement dans le sens du poil. Car oui, on aura pu lire ci et là sur le film que celui-ci ne donne pas de véritable réponse aux soucis qu’il aborde. Non, il n’en donne pas, mais il nous montre clairement que quoi qu’il arrive, les mêmes soucis reviendront. Et finalement, le métrage fait le choix intelligent de critiquer tout et tout le monde.
Oui, ceux qui ont confiance en notre société voudront forcément réagir et faire les choix qui leur semble logique, alors que la situation met elle-même ces choix totalement impossibles, désuets. Quand aux autres qui voient là la possibilité enfin de reconstruire une société en supprimant les inégalités, les lois entravant la liberté, l’égoïsme, tout ça. Une vision idéalisée et finalement, purement impossible car incompatible avec finalement la logique humaine, nos habitudes, nos peurs, et finalement, dans un sens, notre sens de la moralité inchangée. Les personnages se prennent en quelque sorte cet état des faits en pleine face au fur et à mesure. Ils ont beau vouloir créer leur société, changer les choses, jusqu’au nom des jours du calendrier, ils se retrouvent finalement devant les mêmes problématiques qu’auparavant, et se retrouvent à recréer la même chose, avec les mêmes soucis, les mêmes qualités, les mêmes éléments, le même instinct de survie, les mêmes dilemmes moraux. Choix intéressant donc pour le métrage, qui ne donne donc raison à personne. Ce qui est dommage par contre, c’est que le dernier acte du film se montre beaucoup plus faible, sans être catastrophique pour autant. Mais surtout, que l’humour jusque là réussi est plutôt méchant, est alors un peu plus sur le bas côté. Du coup, ça se calme, ça devient un poil plus sérieux, le ton parfois plus grave. Rien qui ne vienne faire de Problemos un mauvais film, loin de là, puisque l’on passe un très bon moment dessus, certains gags font rire, beaucoup. Un bon moment donc, que je conseille aux fans de l’acteur, mais aussi à ceux voulant une bonne petite comédie, pas si bête que ça.
Les plus
Quelques moments vraiment tordants
Un film avec un fond intéressant
Des personnages uniques et amusants
Des choix et thèmes assez rares dans le genre en France
Les moins
Une dernière partie moins réussie
En bref : Pour son premier long métrage seul, Eric Judor fait le choix d’un scénario qu’il n’a pas écrit, et qui se permet de toucher à des sujets rarement abordés, le tout avec un humour parfois méchant et un fond plutôt pertinent. Du coup, on pardonne ses maladresses et son dernier acte en dessous du reste.
A FEW WORDS IN ENGLISH | |
THE GOOD | THE BAD |
♥ Some real funny moments ♥ A film with an interesting setting ♥ The characters are quite unique and funny ♥ Some of the themes and ideas are rare in France |
⊗ The last part is less convincing |
For his first feature film alone, Eric Judor chooses a script he didn’t write, and it allows him to speak about rare subjects in French cinema, and often, it’s very funny and mean. We want to forgive the few mistakes and the last part, clearly not as good as the rest of the film. |
Le film emblème du confinement. Il est sur Netflix et je me dis depuis un moment que je devrais le regarder. Je n’ai pas encore pris le temps. Mais j’aime bien Judor et Blanche Gardin, ça devrait le faire.
Alors tu n’as aucune excuse et aucune raison de ne pas lui donner sa chance, tu devrais toi aussi savoir apprécier l’humour et les situations proposées par le métrage. C’est court, ça fait passer un bon moment, certains gags sont très bien vus… Que demander de plus ?