Titre Original : The Northman
2022 – Etats Unis
Genre : La vengeance sera sienne
Durée : 2h17
Réalisation : Robert Eggers
Musique : Robin Carolan et Sebastian Gainsborough
Scénario : Robert Eggers et Sjon
Avec Alexander Skarsgård, Anya Taylor-Joy, Nicole Kidman, Claes Bang, Ethan Hawke, Gustav Lindh, Elliott Rose, Willem Dafoe et Phil Martin
Synopsis : Le jeune prince Amleth vient tout juste de devenir un homme quand son père est brutalement assassiné par son oncle qui s’empare alors de la mère du garçon. Amleth fuit son royaume insulaire en barque, en jurant de se venger. Deux décennies plus tard, Amleth est devenu un berserkr, un guerrier viking capable d’entrer dans une fureur bestiale, qui pille et met à feu, avec ses frères berserkir, des villages slaves jusqu’à ce qu’une devineresse lui rappelle son vœu de venger son père, de secourir sa mère et de tuer son oncle. Il embarque alors sur un bateau pour l’Islande et entre, avec l’aide d’Olga, une jeune Slave prise comme esclave, dans la ferme de son oncle, en se faisant lui aussi passer pour un esclave, avec l’intention d’y perpétrer sa vengeance.
Robert Eggers, à l’instar de Ari Aster, c’est un de ces metteurs en scène qui, en un film, a su mettre tout le monde d’accord, puis qui avec son second long métrage, a divisé les foules. Tout le monde a aimé Hereditary et The Witch. Par contre, Midsommar et The Lighthouse, moins. Il faut dire que là où le premier métrage des deux auteurs étaient des métrages lorgnant vers un fantastique classique malgré un enrobage sérieux et bien plus intéressant et pertinent que 95% de la production horrifique grand public, les métrages suivants se faisaient plus extrêmes dans leurs propositions. L’idée n’était plus d’attirer le public, mais de satisfaire un public plus exigeant et cinéphile, sans le prendre par la main, mais en le bousculant. Et alors que très souvent, on adore soit Midsommar, soit The Lighthouse, je suis un des rares à avoir adoré les deux propositions. Autant dire que The Northman, le troisième long métrage de Robert Eggers, faisant sacrément envie. Déjà car avec ces deux premiers métrages, il avait prouvé une maîtrise narrative et visuelle et sa qualité à mettre en image des temps anciens, et que pour The Northman, il continue vers un lointain passé, celui des vikings, et que pour se faire, il a un budget bien plus confortable, estimé à environ 60 millions de dollars, voir 90 millions suivant certaines sources qui se contredisent. Immédiatement, on attend donc de grandes choses de The Northman, visuellement, et au niveau de l’ambiance. Et avec ce réalisateur, on s’en doute d’office que son épopée Viking ressemblera bien plus au Valhalla Rising de Refn qu’à un simple film de studios à grand spectacle, même si le réalisateur admet avoir dû faire quelques concessions durant la post production.
Bon tout ça, ça tombe bien, car j’adore l’opus de Refn, qui justement divise fortement également. Mais le lien est évident, car les deux métrages affichent en quelque sorte la même ambition, à savoir une histoire simple voir simpliste (ici donc, une simple vengeance), le tout dans un métrage affichant fièrement une violence frontale se voulant représentative de cette époque, et où la mise en scène est au centre du récit, prenant même le pas sur la narration par moment, et osant à plus d’une reprise à sortir des simples territoires de la narration classique pour partir vers des horizons plus abstraits, oniriques. Amleth donc, après avoir été témoin enfant de la mort de son père, le roi, de la main de son oncle, jure de se venger, de revenir afin de prendre la vie de son oncle et de sauver sa mère. C’est tout ? C’est tout, il ne faut pas attendre plus. Mais le manque de surprises narratives affiché par The Northman, il le compense dans tous les autres domaines. On y est sensible, ou pas, mais il est impossible de nier la maitrise formelle des images, des décors naturels, de cette photographie souvent nocturne et apocalyptique, de la beauté de ces rites effectués en plein air autour d’un feu. D’ailleurs, et ce à plusieurs reprises, le métrage semble presque lorgner du côté de Midsommar pour la représentation de quelques rites étranges, et ce dés le début, avec ce jeune enfant découvrant son animal intérieur dans un rite effectué par ce bon vieux Willem Dafoe, revenu jouer chez Eggers après The Lighthouse. Ceci dit, ce premier rite peut fait sourire, et il est loin d’être ce que The Northman a de mieux à proposer. Ce côté quasi mystique, on le retrouvera à plusieurs reprises, il plane sur l’œuvre dans son ensemble, et tout le monde n’y adhérera pas forcément tant le réalisateur ne semble pas se retenir pour délivrer sa vision, gros budget ou pas. Certaines visions surréalistes de l’œuvre, magnifiques ceci dit, ne m’auront néanmoins pas toutes séduites, ou convaincues, alors que la proposition dans son ensemble, elle, m’aura eu, une proposition qui ne recule devant rien. Une proposition simple visant à mettre l’atmosphère et le visuel avant la narration.
Et donc une proposition qui ne peut pas plaire à tous, mais qui se montre maitrisée d’un bout à l’autre, si l’on accepte ces facilités scénaristiques (l’évasion de l’enfant au début par exemple). Il faut saluer le travail du directeur de la photo habituel du réalisateur, à savoir Jarin Blaschke, qui avec ses trois métrages là peut déjà se vanter d’avoir un CV impressionnant. Bien entendu, la musique et l’atmosphère sonore du titre contribuent également beaucoup à l’expérience proposée. Et comment ne pas parler également du casting 4 étoiles du titre, avec Alexander Skarsgård (Godzilla VS Kong) dans le rôle titre, qui serait d’ailleurs à l’initiative du projet, mais aussi Anya Taylor-Joy (The Witch, Split), esclave qui deviendra la compagne de notre héros dans sa quête de destruction, Nicole Kidman en mère à sauver et qui se montre étonnement expressive alors qu’elle me décevait récemment, sans oublier la présence certes limitée mais à souligner d’Ethan Hawke ou du déjà cité Willem Dafoe. Si l’on retiendra la prestation physique et la relation de couple entre nos deux héros, c’est par moment Nicole Kidman qui illumine l’écran. Il est impressionnant de voir en tout cas que le réalisateur ne se laisse clairement pas aller aux facilités du film de studio, et surtout aux facilités du film à grand spectacle, même si par certains aspects, évidemment, il livre son film le plus grand public. Son intrigue est très simple, mais du coup, bien plus limpide par exemple que sur The Lighthouse, et si l’on pourrait également aisément dire que le métrage est poseur et affiche sa plastique irréprochable, il aurait dans un sens tort de ne pas l’afficher tant cela peut être un élément commercial important pour le grand public. Qui se laissera donc attirer vers un film souvent contemplatif, violent, hermétique même par de nombreux aspects, sans doute un brin prétentieux, un film qui demande au spectateur de lâcher prise et de se laisser guider par les images plus que par la narration. On adhère, ou pas, mais force est de reconnaître que Robert Eggers maîtrise sa caméra et sait ce qu’il veut.
Les plus
Visuellement somptueux
Des scènes marquantes
De bons acteurs
Violent et frontal par moment
Les moins
Un côté narratif peu surprenant, voir prévisible
Une proposition parfois hermétique
En bref : Avec un budget confortable, Robert Eggers livre une œuvre plastique de toute beauté, mystique, où le visuel et le ressenti priment sur l’intrigue (simple) et la narration, pour un film lorgnant beaucoup plus du côté de Valhalla Rising que du classique film de vengeance à gros budget.
A FEW WORDS IN ENGLISH | |
THE GOOD | THE BAD |
♥ Stunning visually (location, photography, shots) ♥ Some great scenes ♥ Good actors ♥ Sometimes very violent |
⊗ The story is very simple, and every a bit predictable ⊗ Sometimes, a hermetic proposal |
With a way bigger budget than usual, Robert Eggers delivers a stunning film, where visuals and the mood are more important than storytelling, for a movie that looks more like Valhalla Rising rather than your typical revenge movie. |
Bon, je ne vais pas en rajouter une couche, vu que tu sais ce que je pense de ce film. Allez, j’en remets une quand même : toi qui es d’ordinaire si exigeants sur les CGI, alors que tu vantes les qualités visuelles du film, comment peux-tu défendre ces scènes d’une kitscherie numérique pseudo-symboliste de la Valkyrie galopant dans le cosmos, cet arbre des morts sorti d’un jeu vidéo (et je ne parle même pas de la scène de combat avec la momie guerrière) ou ces drakkars (enfin, il paraît que ce n’est pas le bon mot pour désigner les bateau vikings) numérique qui affronte une mer déchaînée de pixels ?
Pour ne pas finir sur une note négative, je te rejoins sur la prestation très Lady Macbeth de Nicole Kidman (et celle d’Ana aussi), à son meilleur dans un film hélas qui ne sera pas à ajouter à ses titres de gloire.
j’aurais vraiment dû me relire avant de publier ce com bourré de fôtes énaurmes !
Bon, j’avais commencé un long commentaire pour te répondre, et fausse manip, retour à la page précédente…. Je recommence !
J’en parle indirectement en tout cas de ces moments symboliques un peu kitchs, mais je ne parle pas de mauvais CGI, mais de scènes aux choix artistiques qui ne me plaisent pas au détour d’une phrase ou deux. Car oui, ça m’a aussi posé un peu soucis. Par contre bien aimé la scène de combat avec la momie. Mais voilà, en général, pour les CGI, je peux pardonner quand ce qu’il y a à côté me plait, ce qui était donc le cas ici.
En tout cas, on se rejoint pour Kidman, alors que ça me faisait peur au départ, j’avais peur que ce soit l’élément qui me sorte un peu du film, car je ne l’avais pas quitté en très bon termes on dira. Et elle m’a très agréablement surpris.
Bon enfin, pour conclure sur cet homme du Nord, j’ai l’impression qu’en 2022, mes coups de cœur sont les films qui divisent, et qui proposent, que ça marche ou non, une démarche qui a le don de sortir de ce que les gros studios veulent nous faire bouffer depuis quelques années… ce The Northman, mais aussi Everything Everywhere All at Once, Les Crimes du Futur. En gros film que j’ai vraiment apprécié, il y a The Batman ceci dit, même si je n’ai pas pris le temps d’écrire dessus, je n’étais point inspiré en sortant de la salle. Une seconde vision me montrera peut-être la voie prochainement.
J’ai bien aimé. Formellement, le film m’a happé, haché menu. On sentirait presque une influence « Dark Souls » durant quelques combats (celui contre le revenant, et le dernier). J’en attendais plus, néanmoins. J’en ressors avec un gout presque amer. Il manque quelque chose dans la narration, globalement sacrifiée sur l’autel de l’hommage à CONAN (repris de A à Z) et jetée en pâture au mysticisme ténébreux.
La narration se fait simple, très (trop ?) simple, c’est typiquement un film de réalisateur, le visuel passe avant tout, et du coup oui, ça peut énormément diviser et décevoir. Mais venant du réalisateur, c’est presque un peu ce que j’attendais, et du coup, adhéré à 200% pour ma part. Mais je sais que « certains lecteurs » de ce site ne sont pas du tout de mon avis haha 😉
Bon, tu as néanmoins tout de même aimé, c’est déjà ça, mais tu avais aussi apprécié THE LIGHTHOUSE et THE WITCH, donc ça devait le faire de toute façon ^^