Titre Original : Gamera: Daikaijū Kūchū Kessen – ガメラ 大怪獣空中決戦
1995 – Japon
Genre : Kaiju Eiga
Durée : 1h35
Réalisation : Kaneko Shusuke
Musique : Otani Kow
Scénario : Itô Kazunori
Avec Ihara Tsuyoshi, Onodera Akira, Nakayama Shinobu, Fujitani Ayako, Hotaru Yukijirô, Hasegawa Hatsunori, Honda Hirotarô et Manabe Naoki
Synopsis : Alors que la Terre se révèle la proie de terribles créatures préhistoriques appelées Gyaos, l’Humanité et l’armée semblent perdre tout contrôle. Gamera est de retour pour combattre son ennemi juré, un oiseau préhistorique. Mais ses intentions ne sont pas comprises par les militaires…
Je vais l’avouer dés le départ, je n’avais jamais vu ce Gamera de 1995. Pour la bonne et simple raison que Gamera, contrairement à mon petit Godzilla, je n’en suis pas fan. Il faut dire que j’étais tombé sur un ou deux métrages des années 60, et que Gamera, d’emblée, ça visait un public relativement jeune, voir enfantin parfois, et que contrairement à Godzilla, la tortue géante n’avait pas encore eu droit à sa dose de modernité lors de l’entrée dans les années 80. Il est donc facile de comprendre que le réalisateur Kaneko Shusuke, lorsqu’on lui confia le projet de rebooter la franchise, il n’était pas chaud. Il l’avoua lui-même, il n’aime pas les métrages originaux, et lui, son rêve, c’est de faire un film Godzilla. Il tenta d’ailleurs, approchant lui-même la Toho en 1992 pour se proposer réalisateur sur Godzilla contre Mothra, magnifique opus, mais la Toho lui refusa. C’est donc avec ironie qu’il se retrouve à réaliser Gamera en 1995. Ironie car Kaneko ne l’a jamais caché, son inspiration principale était les films de Honda Ishirô, donc, le créateur de Godzilla et réalisateur de nombreux opus. Ironie car en 1995, Godzilla s’apprêtait à prendre des vacances forcées le temps d’un exil raté en Amérique, et la place était donc à prendre au Japon. Ironie oui, car le réalisateur et son scénariste, Itô Kazunori (que vous connaissez forcément sans le savoir si vous ne vivez pas dans un bunker, puisqu’en plus d’avoir scénarisé les Gamera et le segment de Kaneko pour Necronomicon, il est le scénariste de Ghost in the Shell et de Avalon, ça se pose là sur un CV), vont réinventer la mythologie de Gamera pour donner leur vision, aidés par un budget de 4.5 millions de dollars, par de nouvelles techniques que Godzilla a pu exploiter et maitriser entre 1984 et 1995, ce qui ouvrira plus tard la porte à Kaneko pour réaliser le Godzilla ultime en 2001, je veux bien entendu parler de GMK.
Et pour finir, belle ironie, puisque si Kaneko tourne le dos au ton enfantin de ce qu’était Gamera dans les années 60 et 70, le créateur de Gamera, lui, sera justement sévère envers les trois métrages de Kaneko pour la même raison, avouant les détester. Au moins, la boucle est bouclée, tout le monde est content.. ou mécontent, qu’importe ! Et donc, Gamera version 1995 ? Et bien pour son tout premier Kaiju Eiga, on peut dire sans peine que Kaneko fait plus que du bon boulot. Il ne signe pas son meilleur film, ni le meilleur Kaiju Eiga, ni le meilleur Gamera, mais pour un premier essai, il signe un excellent métrage, utilisant toutes les technologies possibles à l’époque, tout en ancrant sa créature dans un ton beaucoup plus grave et donc adulte. Seul compromis à faire avec la production ? Insérer un personnage plus jeune, mais pas d’enfant ici donc, mais une adolescente, qui, pour rester dans l’ironie, aura un lien avec notre créature des mers, un peu comme, justement, ce personnage récurrent dans tous les Godzilla des années 80 et 90. Finalement, on pourrait donc croire que chaque saga en aura inspiré une autre pour apporter du sang frais quand il le fallait, là où il le fallait. Dans son approche du genre, Gamera est assez classique. Un étrange atoll est repéré et une équipe est immédiatement envoyée sur place pour l’étudier. D’un autre côté, une scientifique fort charmante est envoyée sur une île où une nouvelle espèce d’oiseau serait cachée, et ne va en réalité pas rester cacher bien longtemps, sortant dés la tombée de la nuit pour manger ce qui se trouve à proximité. Et du coup, forcément, une fois les rares habitants de l’île déjà bouffés, on passe à la population des îles plus grandes, des grandes villes comme Tokyo. L’amateur n’aura pas besoin de plus de 4 secondes pour comprendre que l’atoll en question est en réalité Gamera, qui se réveille d’un profond sommeil pour protéger les humains et bouffer de l’oiseau.
Parfaitement rythmé, avec un casting humain qui ne fait pas de grosses étincelles mais qui s’avère plutôt attachant ce qui est toujours un plus, Gamera met souvent en avant ses créatures, et il faut dire que le métrage de Kaneko, en plus d’être bien rythmé, ne s’éternise jamais, dépassant de peu l’heure et demi. Du divertissement solide et bien rodé donc, qui se permet d’ailleurs à plusieurs reprises de critiquer la folie des hommes, et donc, de placer là un petit message écologique, qui n’est jamais envahissant, et donc passe bien à l’écran, vu qu’il ne prend jamais le pas sur le reste, à savoir, le divertissement. On pourra dire que c’est du tout bon à ce niveau là d’ailleurs, puisque les scènes de destructions massives de maquettes sont nombreuses, tout comme les affrontements entre Gamera et les oiseaux, surnommés les Gyaos. C’est généreux, varié puisque ça n’hésite pas à se battre en plein Tokyo, dans un stade, dans des décors plus paradisiaques sur des îles, avec montagnes et forêts, et même, vu que Gamera peut s’envoler, dans les airs. La seule véritable ombre au tableau de ce spectacle, c’est finalement les incrustations, qui à l’aube du tout HD, ont sacrément pris cher. Et forcément, ces incrustations, elles sont assez fréquentes, vu l’ennemi de Gamera, des oiseaux, amenant de nombreux affrontements aériens. Rien qui ne vient véritablement rendre le film mauvais, mais qui montre une bien trop grande ambition. Utiliser toutes les technologies, réinventer intégralement un mythe, introduire la créature pour une nouvelle génération (Gamera étant moins célèbre qu’un Godzilla), tout en livrant un divertissement rythmé, court et bien rodé. Kaneko y parvient sans mal, mais on sent que le potentiel n’est pas pleinement exploité. Ceci dit, maintenant que la mythologie est établie, Kaneko peut se laisser aller et aller surtout plus loin sur les suites !
Les plus
Un divertissement court et rythmé
Des affrontements nombreux
Un ton plus adulte et grave
Pas mal de problématiques abordées
Les moins
Un potentiel énorme qui ne demande qu’à exploser
Les incrustations ont pris un gros coup de vieux
En bref : Ce premier Gamera de l’ère Haisei fait fort, et pour son premier Kaiju Eiga, Kaneko prouve qu’il a une vision claire du genre, plus adulte, dans l’ère du temps. Ce n’est pas parfait, le meilleur est à venir, mais pour un premier essai, c’est du tout bon.
A FEW WORDS IN ENGLISH | |
THE GOOD | THE BAD |
♥ A short and well done entertaining movie ♥ Many fights between Gamera and the Gyaos ♥ The ton of the movie, darker than usual ♥ The script talks about many interesting subjects |
⊗ A lot of potential, but it’s still not entirely there, on screen ⊗ Some effects, including the incrustations, are a bit old now |
This first Gamera movie from the Haisei era is pretty good. Kaneko has a clear vision about what he wants, it’s darker, like the previous Godzilla movie. It’s not perfect, the best has yet to come, but for a first try, it’s really good. |