W’S TRAGEDY (Wの悲劇) de Sawai Shinichirô (1984)

W’S TRAGEDY

Titre Original : Wの悲劇 – Daburyū no Higeki
1984 – Japon
Genre : Drame
Durée : 1h48
Réalisation : Sawai Shinichirô
Musique : Hisaishi Joe
Scénario : Sawai Shinichirô et Arai Haruhiko d’après le roman de Natsuki Shizuko

Avec Yakushimaru Hiroko, Mita Yoshiko, Sera Masanori, Endô Seiji, Kusanagi Kôjirô, Ezawa Moeko, Fuchino Shunta, Fujiwara Kamatari, Hino Michio, Horikoshi Daishi et Mitamura Kunihiko

Synopsis : La jeune étudiante Shizuka a l’opportunité de jouer dans une pièce de théâtre avec des professionnels. Shizuka est prête à faire de grands efforts pour maîtriser ce rôle, mais au fur et à mesure, elle se rend compte que les événements de la vie réelle commencent à être parallèles aux événements de la pièce.

Dans les années 80, comme nous l’avions déjà vu, le studio Kadokawa a décide de mettre en avant ces propres idoles. Après tout, si des films pouvaient se vendre dans les années 70 parfois sur le seul nom de l’interprète (par exemple, Kaij Meiko, qui n’aura pas foncé vers un obscur film pour son nom ?), pourquoi pas les années 80. L’actrice la plus mise en avant, et finalement celle qui s’en sortira le mieux (et tournant toujours actuellement), c’est Yakushimaru Hiroko. Après avoir eu en 1980 le premier rôle dans Tonda Couple, la jeune femme trace sa route, enchaînant les métrages la mettant en avant, comme Sailor Suit and Machine Gun en 1981 et Detective Story en 1983, comme nous l’avions donc déjà vu. W’s Tragedy, parfois appelé The Tragedy of W, ou tout simplement W no Higeki dans sa langue natale, c’est un peu la même chose, mais la jeune femme semble pourtant ici viser plus haut. Ou du moins, l’équipe du film semble vouloir profiter des années qui passent pour faire murir son héroïne à l’écran, et donc, lui offrir un rôle plus mature, éloigné de ses précédents métrages, et donc par extension, un rôle bien plus exigeant. W’s Tragedy peut très bien être vu donc comme le film de la maturité pour son actrice principale. Terminé les rôles de lycéenne à la tête de clan Yakuza, ou de lycéenne qui s’ennuie et se met en danger dans des histoires de meurtres, on passe à un autre niveau ici. Shizuka, Yakushimaru Hiroko à l’écran donc, est une étudiante, certes, mais pas une lycéenne. Elle fait partie d’une troupe de théâtre, et son but est de monter sur scène à tout prix, par tous les moyens, quitte à parfois se laisser aller à des coups bas, juste pour briller sous le feu des projecteurs, pour pouvoir montrer au public l’étendue de son talent. On pourrait très facilement faire un rapprochement entre l’intrigue du métrage, mélangeant comme souvent la réalité avec la fiction de la pièce de théâtre, avec le parcours de son actrice.

Mais ce serait sans doute aller un peu trop loin. Même si, par certains aspects, le film prenant apparemment énormément de liberté avec le roman qu’il adapte afin de mettre en avant son actrice dans ce rôle plus exigeant et mature que d’habitude, cela tient la route. Notre jeune femme ici, elle est passionnée, elle passe ses journées à répéter, elle veut son grand rôle, et la pièce choisir la motive. En extérieur, chez elle, au bord d’un lac, la voilà en train de répéter, enjouée, motivée, bien que la concurrence soit rude. Lorsqu’elle apprend après les auditions qu’elle ne récupère que le rôle de la femme de chambre, donc en gros, qu’elle n’aura qu’une ligne de texte et sera surtout cachée derrière le rideau pour souffler en cas d’oubli les répliques aux autres comédiens qui eux, ont de quoi jouer, c’est le drame. La première heure du métrage pourrait presque nous parler des désillusions de la jeune femme, du choc de ne finalement pas être assez reconnue par les autres, d’être reléguée au troisième plan comme élément important invisible des spectateurs. Mais Shizuka peut se rattraper avec sa vie personnelle, avec sa toute nouvelle relation avec une jeune homme croisé au hasard au début du métrage, appréciant ses talents d’actrice, et faisant ce que tout homme doit faire, la soutenir et la motiver. Soyons clairs néanmoins, cette première heure, si elle est loin d’être parfaite, se suit sans déplaisir, grâce au talent des acteurs notamment. Si la mise en scène se fait parfois un peu timide, n’osant que peu de choses, elle fait néanmoins mouche lors de certains moments, comme cette scène anodine dans un café, où Shizuka discute avec Akio, et que celui-ci lui raconte une histoire. La caméra se fait alors plus flottante comme pour coller à cette histoire juste racontée, et se rapproche progressivement de Shizuka, au fur et à mesure de son intérêt pour l’histoire, laissant finalement le conteur de l’histoire en arrière-plan.

Mais finalement, c’est dans sa seconde heure que le métrage prend son envol, lorsque les enjeux grandissent, que Shizuka doit faire malgré elle des sacrifices, qu’elle finira par accepter puisque ceux-ci lui permettront d’accomplir son rêve, de monter sur scène, de jouer, d’être vue du public tout simplement, en récoltant l’un des premiers rôles de la pièce. Le personnage effectue une transformation, mettant en avant comme souvent dans ce genre d’intrigue la dualité du personnage, entre deux parties bien différentes d’elle. Ce qui sera sublimé lors d’un très court plan jouant sur les reflets, et donc sur le double, lors d’une représentation sur scène, et donc, plan uniquement là pour le personnage et les spectateurs du film, mais invisible pour les spectateurs de la pièce de théâtre. Yakushimaru Hiroko peut alors briller dans ce rôle, repousser les limites habituelles de son jeu, et s’en sort admirablement bien épaulée par Mita Yoshiko, qui la prendra quelque peu sous son aile. W’s Tragedy, c’est le genre de métrage clairement encré dans son époque (il suffit de voir les quelques scènes d’entrainements physiques), mais qui ne mange pas de pain, devenant de plus en plus prenant au fur et à mesure qu’il avance, et ce jusqu’à son excellent final, excellent de simplicité, et pourtant qui réussi à être beau, aidé par une partition musicale signée Hisaishi Joe, artiste qui après quelques téléfilms, débutait au cinéma avec ce métrage et Nausicaä la même année. Même si, en 2022, le propos du film paraît simpliste et a souvent été exploité (encore récemment dans Drive my Car), la Kadokawa nous propose là un métrage digne d’intérêt, pas inoubliable, parfois timide et prenant son temps, mais qui parvient à séduire.

Les plus

Un film et un rôle plus matures pour Yakushimaru Hiroko
Un drame qui se suit bien
L’excellente seconde partie
Quelques idées discrètes mais bien vues

Les moins

Mais la plupart du temps une mise en scène timide
La première partie qui prend tout son temps

En bref : Mettant toujours en avant l’idole du studio (qui chante la chanson du générique de fin, comme pour Sailor Suit), W’s Tragedy lui donne un personnage plus mature, et cette plongée dans l’univers du théâtre parvient à séduire, même si le début paraît un peu lent.

A FEW WORDS IN ENGLISH
THE GOOD THE BAD
♥ A more mature role and film for Yakushimaru Hiroko
♥ A well made drama
♥ The excellent second part
♥ A few discreet but well done ideas
⊗ But mostly a timid staging
⊗ The first part that takes all its time
Always highlighting the idol of the studio (who sings the end credits song, as for Sailor Suit), W’s Tragedy gives her a more mature character, and this dive into the world of theater manages to seduce, even if the beginning seems a bit slow.

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