X de Ti West (2022)

X

Titre Original : X
2022 – Etats Unis
Genre : Thriller
Durée : 1h45
Réalisation : Ti West
Musique : Tyler Bates et Chelsea Wolfe
Scénario : Ti West

Avec Mia Goth, Jenna Ortega, Brittany Snow, Kid Cudi, Martin Henderson, Owen Campbell, Stephen Ure et James Gaylyn

Synopsis : En 1979, un groupe de jeunes cinéastes compte faire un film pour adultes dans la campagne du Texas, mais lorsque leurs hôtes les surprennent en flagrant délit, les acteurs sont obligés de se battre pour leur vie.

Si certains aiment le cinéma de Ti West, je ne suis pas un grand fan de son œuvre, voire pas du tout en réalité. On ne peut pas dire qu’il n’est pas passionné par ce qu’il fait, mais entre un Cabin Fever 2 inutile et grossier, un segment ennuyeux pour V/H/S, un autre segment bien mauvais pour ABC of Death et quelques épisodes de séries TV qui n’ont pas forcément une énorme réputation (Scream, L’Exorciste), le bilan n’est clairement pas franchement positif. Son dernier film en date, enfin, l’un de ses derniers films en date, puisque le monsieur, au moment de tourner ce fameux X, a tourné en cachette bout à bout une préquelle nommée Pearl, actuellement terminée et devant sortir dans les mois qui viennent, il me faisait peur. Forcément, quand on se lance dans un métrage de Ti West annonçant que son influence première est Massacre à la Tronçonneuse (le premier hein, le seul et unique), et que le tout semble vouloir mélanger thriller, slasher et porno, j’étais dubitatif, craintif d’un manque de subtilité et donc d’un métrage encore une fois grossier et gratuit. Bon, le bon point, c’est qu’avec des attentes aussi basses, son X m’a très agréablement surpris. Sans pour autant être parfait ou exceptionnel. Mais pour le coup, bravo Ti West, tu m’as surpris là où je ne m’attendais pas à te trouver, et tu as su penser ton film de manière efficace et sérieuse, même si ton scénario, pourtant peuplé de personnages bien écrits, demeure un poil trop prévisible dans son déroulement pour justifier 1h45, et surtout pour justifier une première partie aussi longue. X donc, de quoi ça parle ? De X. Voilà. Plus sérieusement, X se déroule dans les saintes années 70, et nous présente un groupe de cinéastes qui se rendent dans une maison louée au Texas pour tourner leur film porno. Car fin 70 oblige, l’arrivée de la VHS va bouleverser le monde du cinéma, la distribution, et donc par extension, le milieu du porno qui ne sera plus limité à d’obscures salles peu fréquentables, et nos personnages, ils le savent, ils veulent être des pionniers dans le milieu du porno que l’on regarde tranquillement chez soi.

Ils louent donc une maison, ou une annexe plutôt l’on pourrait dire, à un couple de vieux Texans un peu inquiétant, et on s’en doute, ça va vite dégénérer. X, c’est un film plein de bonnes intentions, et un film qui déborde d’attentions particulières. Dans l’écriture de ses personnages, qui paraissent lors de l’introduction, alors qu’ils sont sur la route, détestables, mais qui se montrent au fur et à mesure bien plus nuancés et humains que prévus. Le film joue parfois sur la caricature que l’on se fait du milieu et détourne peu à peu nos attentes à ce niveau, aidé en général par un casting convaincant, autant au niveau des hommes que des femmes. Femmes qui sont souvent mises en avant, avec Mia Goth (Nymphomaniac, A Cure for Wellness), Jenna Ortega (Scream 5) et Brittany Snow (Pitch Perfect, Would You Rather). Mais le plus surprenant dans le métrage, c’est clairement la mise en scène hyper appliquée et bien pensée de Ti West, et ça, je ne l’attendais vraiment pas. Dès le premier plan du film, le réalisateur se montre appliquée et joue avec l’image, joue sur les apparences, détourne les attentes et les effets de styles. Et ça, c’est beau ! Ce plan d’ouverture en dit d’ailleurs beaucoup, commençant en 1:33, et donc en 4/3, avant que la caméra ne s’avance et ne révèle l’astuce et ce faux format , passant donc d’un 1979 fictionnel et de cinéma à un rendu plus réaliste et donc plus ouvert. Des éléments de ce style, il y en a des tas, comme cette scène chantée utilisant un split screen pour nous montrer deux actions distinctes, et qui va finalement brouiller les pistes, changer le point de vue, voir oser parfois semer le doute en montrant la même action des deux côtés de l’écran. Visuellement donc, c’est recherché, c’est du très bon boulot, et les intentions ainsi que les hommages voulus du réalisateur transpirent à l’écran.

Ce qui en devient parfois un défaut, tant le cheminement narratif du film devient alors très vite évident, et que l’on sait alors pertinemment, très tôt dans le métrage, quel est le danger, alors que celui-ci va tarder à arriver véritablement. Dommage, car malgré ça, l’ambiance voulue par le réalisateur fonctionne, entre tournage de scènes X (oui, le quota de nudité est là), scènes inquiétantes, menaces possibles, avant l’explosion de violence pour la dernière partie. Malgré son côté prévisible et donc prenant trop son temps, ça fonctionne malgré tout, et oui, le film donne au spectateur ce qu’il est en droit d’attendre d’un tel film. Des scènes hot, des scènes sanglantes, et pas de CGI, juste des effets pratiques, souvent gore, mais aussi souvent furtifs afin de maximiser leurs effets, et ça marche clairement. En fait, il n’y a vraiment que le côté prévisible du scénario, mis en avant par une mise en scène appliquée mais du coup dévoilant ses intentions trop vite, que l’on pourrait critiquer. Car le spectacle proposé est généreux et très bien emballé. Le contenu du film n’est pas pour tous, certaines scènes sont chocs, d’autres un peu malsaines, le film se suit d’une traite, c’est fait avec sérieux, on pouvait en attendre plus, mais venant de Ti West, oui, c’est une bonne surprise, pas toujours subtile également, mais un bon film.

Les plus

Des personnages en fait plutôt bien écrits
Une mise en scène très appliquée
Des effets à l’ancienne
Se suit bien avec son mélange parfois improbable

Les moins

On voit trop vite où le film veut en venir
Du coup, la première heure paraît un peu lente
Parfois malgré tout trop improbable

En bref : X n’est pas un grand film, mais est un film fait avec sérieux qui devrait plaire aux amateurs, grâce à sa mise en scène carrée, ses scènes chocs et sanglantes, et finalement, son côté assez rentre-dedans bien qu’improbable qui fait du bien en 2022.

A FEW WORDS IN ENGLISH
THE GOOD THE BAD
♥ Well written characters
♥ Visually it’s well done and very effective
♥ Old fashioned effects
♥ Its improbable mix of genres and influences works well
⊗ We see too quickly where the film wants to go
⊗ The first hour seems a bit slow
⊗ Sometimes a bit improbable
X is not a great movie, but a film made seriously that will please the fans, thanks to its effective directing, shocking and bloody scenes, and finally, its fairly improbable story and mixture, even if it feels good to see that in 2022.

9 réflexions sur « X de Ti West (2022) »

  1. Le seul truc de Ti west que j’ai vu c’était une histoire de chauve-souris pas formidable du tout. Du coup, je suis un peu comme toi vis à vis de ce film au départ. Mais, j’avoue qu’il a des arguments visibles.

    1. Ah oui, son tout premier film que je n’ai d’ailleurs pas vu, et dont j’ignorais l’existence encore il y a peu… Mouais, pas motivé pour le tenter.
      X en tout cas vient de gagner une sortie Française au cinéma en Novembre, tandis que PEARL, sa préquelle tournée en même temps, sort en Amérique ce mois-ci. Donc à la limite, tu pourras le tenter, si le charme des actrices te parle 😉 (et car visuellement, ça reste un beau film, c’est très bien filmé).

  2. pour ma part, « X » est un très bon d’horreur disposant d’une histoire familière, d’une intrigue classique et d’un développement singulièrement gore. Le rythme s’accélère progressivement pour finalement être dévastateur dans la dernière ligne droite, le récit est fluide et la narration est linéaire. La photographie présentée par Eliot Rockett nous permet de nous immerger dans l’époque du récit. Le travail des décors, des costumes, des ambiances intérieurs jusqu’aux véhicules offrent également une dimension rétro à l’ensemble. La bande musicale orchestrée par Tyler Bates et Chelsea Wolfe vient parachever ce sentiment suranné. Le montage effectué par David Kashevaroff, et Ti West en personne, débouche sur un film d’une durée de 106 minutes. La distribution offre de bonnes prestations, clairement dominée par la double performance de Mia Goth. L’ensemble est réussi, divertissant gentiment émouvant, nostalgique et finalement sans prétention. Rien de tel pour passer un agréable moment.
    Note : 4/5.

    1. Le film semble beaucoup diviser, content de voir que tu as également apprécié l’oeuvre de Ti West. Et tu as raison, je n’ai pas beaucoup insisté sur la reproduction d’époque, mais on pourrait clairement croire que le métrage a été tourné, bon peut-être pas dans les années 70, mais 80, de par sa photographie, le soin apporté aux décors et aux ambiances, et son absence d’effets digitaux. Pas sûr par contre qu’il soit nécessaire d’étendre l’univers sur plusieurs films, vu qu’apparemment un troisième a déjà été validé par le studio, ça commence à faire beaucoup. Autant la préquelle sur le couple de vieux, pourquoi pas, et une reconstitution des années 20 peut être intéressant, mais faut savoir s’arrêter au bout d’un moment.

  3. C’était chouette. Bien réalisé, écrit et interprété (parfois drôle), l’ambiance de l’époque suinte littéralement de tous les pores du long métrage. Contrairement à toi, je n’ai pas trouvé de détails trop improbables. La seule chose qui m’a un peu dérangé c’est que, comme tu le dis, on voit trop vite et trop facilement où le film veut en venir.

    1. Après, c’est aussi limite un problème de « promo » si je peux dire. Il faut forcément catégoriser le film pour le faire vendre un minimum, et du coup, ça grille quelques unes des cartouches du film, en plus d’amener un peu trop rapidement certains éléments. Sa préquelle s’en sort mieux de ce côté là je trouve, une meilleure gestion des quelques surprises. Mais ça reste un chouette petit film, pas prétentieux.

  4. Sur le côté prévisible, souvent reproché à bon nombre de slasher (pratiquement tous puisqu’à la longue on se montre de plus plus difficile), ce petit malin de Ti West a la bonne idée de nous servir cette scène hautement hitchcockienne du clou dans la grange. Quelques instants plus tard, c’est carrément Fulci qui déboule à coup de fourche. Je trouve cet association brillante et savoureuse. Comme l’ensemble du film que tu sembles apprécier du bout des lèvres.
    Le découvrant après MaXXXine et Pearl, je ne peux que m’enthousiasmer de voir que le genre a trouvé un nouvel ambassadeur de talent, qui a grandement progressé depuis ma première rencontre avec son œuvre.

    1. Il faut aussi bien reconnaître que le genre n’a que très peu évolué depuis sa création au final, à l’exception des twists et révélations de l’identité du tueur, forcément, et donc, de sa motivation. Par contre en te lisant, je me rends compte que j’ai oublié beaucoup de choses du métrage, l’ayant vu avant même sa sortie en France, donc ça commence mine de rien à dater. Son côté moins marquant forcément n’aidant pas, alors que j’ai de grands souvenirs de PEARL, que j’ai déjà vu mine de rien il y a pas mal de temps aussi. Mais c’est une trilogie que je me referais à l’occasion avec grand plaisir, pourquoi pas pour la faire découvrir à certains qui n’ont pas encore posés leurs yeux dessus.
      Evite par contre je pense de revenir aux touts débuts de carrière de Ti West, tu te feras sans doute du mal pour rien haha.

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