Titre Original : Predator 2
1990 – Etats Unis
Genre : Science Fiction
Durée : 1h48
Réalisation : Stephen Hopkins
Musique : Alan Silvestri
Scénario : Jim Thomas et John Thomas
Avec Danny Glover, Gary Busey, Ruben Blades, Maria Conchita Alonso, Bill Paxton, Robert Davi, Kevin Peter Hall, Adam Baldwin, Kent McCord et Morton Downey Jr.
Synopsis : Los Angeles 1997. Le détective Mike Harrigan et son équipe luttent contre toutes sortes de trafiquants. Bientôt, un tueur invisible et invulnérable décime leurs rangs. Mike mène son enquête et découvre que Los Angeles est devenue le terrain de chasse d’un prédateur venu d’un autre monde…
Alors que 2022 aura enfin redonné au Predator un peu de sa gloire d’antan avec Prey, le film qui met presque tout le monde d’accord, puisque sans être un film parfait (les CGI, tout ça), le film est un très bon retour aux sources, il est temps de revenir un peu sur cette créature mythique du cinéma fantastique et de science fiction. Non pas avec l’opus original fêtant ses 35 ans puisque lui aussi il met tout le monde d’accord, non pas avec les carnages un peu plus récents qui eux aussi mettent tout le monde d’accord, mais avec Predator 2. Une suite qui a autant ses fans que ses détracteurs, qui aborde un ton assez particulier et demeure donc une suite assez différente de l’original, assez différente justement pour attirer l’œil et diviser. En 1987, le premier Predator cartonne, surprend le public, qui au lieu de retrouver Schwarzenegger dans son rôle habituel, le transforme progressivement en proie. C’était d’ailleurs l’un des tours de force du film, qui fonctionnait du coup grâce à sa narration (20 minutes établissant les personnages comme invincibles et tuant un village de trafiquants tout seuls, avant d’inverser les rôles), et donc son casting de gros bras, que l’on était plus habitué à voir en position de force quoi qu’il arrive. Succès oblige, une suite était inévitable, et tant mieux, car on ne va pas se mentir, le potentiel est incroyable, et la créature créée par Stan Winston passionne. Mais ça traine, plusieurs histoires sont envisagées, avec le retour de Schwarzenegger, ce qui n’arrivera pas, et les deux scénaristes, Jim et John Thomas, décident donc de délocaliser l’histoire dans une grande ville Américaine. La jungle fait place à la jungle urbaine. Danny Glover remplace Schwarzenegger mais fort heureusement, ne tente jamais d’émuler son personnage, et en plus, Stephen Hopkins remplace John McTiernan.
Réalisateur souvent oublié, voir parfois moqué, sa carrière aura souvent navigué entre pressions de tournages et petits films. Car après un premier métrage en 1987, sa carrière se lance véritablement en 1989 lorsqu’il est engagé par la New Line Cinema pour mettre en scène les cinquièmes aventures de Freddy Krueger. Pas la meilleure, nous sommes d’accord, mais le film de la saga tourné dans les pires conditions, dans l’urgence la plus totale, et pourtant, Hopkins donnait tout ce qu’il pouvait, livrant un film visuellement débordant d’idées. Son savoir faire et surtout sa gestion des délais et du stress en font un bon candidat pour le tournage de ce Predator 2 qui ne s’annonce pas de tout repos, et Hopkins accepte. Après un tournage infernal pour la New Line, enchaîner pour un tournage infernal pour la Fox, même pas peur ! Et si Hopkins se perdra un peu par la suite dans les années 2000 et se fera plus rare, il ne faut pas oublier qu’il signa deux excellents films policiers au début des années 90, avec La Nuit du Jugement (avec Emilio Estevez entre autres) et Blown Away (avec Jeff Bridges et Tommy Lee Jones). Bref, il serait temps d’en venir au film, surtout que Alan Silvestri est toujours à la musique (qui continuera de travailler pour Hopkins par la suite), et que le casting s’étoffe de quelques noms qui font plaisir devant la caméra (Bill Paxton, Ruben Blades, Gary Busey). Predator 2 transpose donc le concept du premier film à Los Angeles, alors qu’une canicule est là (à quand le remake Français se déroulant en 2022 niveau canicule ?) et que les guerres des gangs font rage dans les rues. Le film ne perd pas une seconde, puisqu’après un plan en hélicoptère révélant le lieu de l’action et l’apparition du titre, ça fusille dans la rue, les gangs canardent les flics, ça explose, notre héros arrive en défonçant sa voiture. Bref, ça ne perd pas une seule seconde, et suite oblige, le film ne prendra pas 30 minutes pour renverser les rôles, les événements sont déjà vus par l’œil du Predator, avec sa fameuse vision thermique. Le métrage, dans son ensemble, ne déborde pas d’une grande originalité au niveau de son intrigue, mais demeure clairement efficace. Un nouveau Predator, beaucoup plus impulsif, des morts très graphiques chez les gangs, les flics qui galèrent, une organisation cherchant à capturer le Predator menée par Gary Busey…
Pourtant, pour peu que l’on accroche à l’ambiance particulière du métrage, Predator 2 fait office de B movie couillu clairement solide. Hopkins livre quelques plans clairement iconiques à travers le film, le scénario étend un peu l’univers autour de sa créature en nous révélant son vaisseau, ses différents modes de vision et ses trophées, le casting est peuplé de belles gueules (Paxton pouvait se vanter d’avoir affronté et été tué par un Terminator, un Alien, un Predator), le film n’a aucun temps mort, Silvestri est appliqué et très inspiré pour une partition beaucoup plus tribale (il utilisera les mêmes motifs pour La Nuit du Jugement en 1993). Mais il y a à côté le ton du film, très noir, qui y va tellement fort par moment que le film paraît violent, gore, outrancier, vulgaire. Et tout ça, il l’est clairement, montrant une influence plus dans l’ère du temps (le début des années 90), voire une influence beaucoup plus axée comic books. C’est bien ce ton, très différent du premier film, qui pourra en rebuter plus d’un. Et tous ces jolis adjectifs, ils sont réels. Le film est très violent et gore (le film dû repasser au montage de nombreuses fois pour faire plaisir à la censure), les corps sont décapités, démembrés, découpés, écorchés, quand les corps ne sont pas nus, ça s’insulte, les gangs gérant Los Angeles sont de grosses caricatures entre celui qui pratique le vaudou, ceux qui fument dans leur voiture allant jusqu’à enfumer totalement l’intérieur. Ça peut sembler stupide, Predator 2 n’ayant pas le recul ou l’idée de détourner les codes comme pour le premier film, mais au final, ça lui confère une ambiance assez particulière et bien à lui. Jamais subtil, hautement rentre-dedans, mais assez jouissif en réalité. Surtout qu’une poignée de scènes sortent malgré tout du lot. L’attaque du métro (Yuzna aurait-il tenté de rendre hommage à cette scène dans son Faust ?), la scène de l’abattoir, ou encore le meurtre du chef de gang dans une ruelle. Des atouts, le film en a. Divisé, il a également, pour des raisons parfois compréhensibles. Quant à moi, vous savez de quel côté je me situe.
Les plus
Une suite qui ne refait pas juste le premier film
Violent et sanglant
Un ton noir, presque grotesque
Un casting plein de têtes connues
Une poignée de scènes iconiques
Le score musical de Silvestri
Les moins
Mais son ton outrancier divise clairement
Le film ne s’amuse plus des clichés, il fonce dedans
En bref : Predator 2 est une suite honnête, qui fonce tête baissée dans son propos, dans son ambiance noire, violente, quitte à forcer le trait et foncer dans la caricature. Qu’importe au final, puisque le film est une proposition solide qui fait plaisir et divertira à chaque vision.
A FEW WORDS IN ENGLISH | |
THE GOOD | THE BAD |
♥ A sequel which doesn’t just do the same thing again ♥ Violent and bloody ♥ A dark and almost grotesque atmosphere ♥ A good cast with well known actors ♥ A few very good scenes ♥ The soundtrack from Silvestri |
⊗ A violent and vulgar tone ⊗ It doesn’t use the cliches, it goes fast with it |
Predator 2 is, for me, a good sequel, with a dark and violent atmosphere, even if sometimes it does too much. But it’s a well made film and it’s entertaining each time. |
Un excellent film, oui. J’adore l’atmosphère, les personnages secondaires, le changement par rapport au premier film tout en respectant son ADN… Franchement une super suite. Je l’avais aimée à sa sortie, et je l’aime toujours aujourd’hui.
Dans mes bras, again ! Je l’ai toujours aimé, à sa sortie je sais que voir le premier en VHS, ça voulait dire enchaîner sur le second. C’était un rituel, et en dvd pareil. La belle époque des suites certes déjà lancées souvent un peu dans l’urgence, mais avec une envie de bien faire derrière, avec de l’ambition en fait, même quand le réalisateur est plus un faiseur qu’un auteur.
Je m’aperçois que je ne lui ai jamais vraiment laissé sa chance à ce Predator façon Hopkins. Sans parce que je révère tellement le premier volet que je ne puis souffrir aucun autre derrière (« Prey », je vais néanmoins me le faire bientôt).
Bel article qui pourrait bien me conduire à réviser mon jugement sur cette chasse urbaine.
Whaaaat, tu n’as jamais vu cette suite ?? Va savoir en plus, avec 30 ans d’attente et de recul, tu te rangeras sans doute directement dans le camp des défenseurs du film, et non pas de ces détracteurs de l’époque, moins nombreux aujourd’hui. Voilà le film qu’il te faut donc voir pour le 31 Octobre 😉
Sans doute pas cette année, j’ai déjà une ribambelle de titres à écumer avant.