PROJECT WOLF HUNTING (늑대사냥) de Kim Hong-Sun (2022)

PROJECT WOLF HUNTING

Titre Original : 늑대사냥
2022 – Corée du Sud
Genre : Nanar un peu non ?
Durée : 2h02
Réalisation : Kim Hong-Sun
Scénario : Kim Hong-Sun

Avec Seo In-Guk, Jang Dong-Yoon, Sung Dong-il, Park Ho-San, Jung Moon-Sung, Jung So-Min et Jang Young-Nam

Synopsis : Sur un bateau-prison, quelques membres des forces de l’ordre pris à partie par une horde de criminels endurcis vont tenter de survivre…

Si l’année 2022 aura été une année aussi variée que surprenante, autant dans les bons films que dans les mauvais, il faut bien avouer que cela fait déjà quelques temps que pour les studios, un élément est devenu vendeur… alors que de la part de gros studios, il ne devrait assurément pas l’être. Je parle de la fameuse classification R-Rated, et par extension, du côté graphique des films. Qu’un film soit gore ou violent, ce n’est pas un problème, loin de là, et 2022 aura aussi eu droit à ses débordements qui font plaisir (Terrifier 2, qui débarque fin Décembre en France). Mais que le niveau de violence du film devienne la seule raison pour laquelle l’on parle du dit métrage, et que le réalisateur soit plus préoccupé à nous dire combien de litres de sang furent utilisés sur le tournage, c’est oublier que gore ou pas, l’objectif premier devrait être de faire avant tout un bon film. Sur cette introduction un brin dramatique, fonçons sur le film du jour, Project Wolf Hunting, réalisé par Kim Hong-Sun, déjà responsable en 2017 du sympathique The Chase (et non pas The Chaser), métrage dont son concept même faisait saliver, et que l’on résumera à Les Ailes de l’Enfer sur un bateau. Des détenus Coréens sont transportés des Philippines jusqu’en Corée, en bateau donc, surveillés par une équipe de policiers, mais bien évidemment, durant le trajet, ça tourne mal, avec une évasion organisée depuis le départ, des traitres, et les prisonniers finissent par repeindre les murs du bateau couleur rouge. Et je dois bien avouer que si le film avait eu la bonne idée, voir excusez-moi, la décence de s’arrêter à ce pitch, et bien oui, j’aurais sans doute été, moi aussi, assez enthousiaste envers le bousin. Bousin oui, car s’il est possible de retirer une satisfaction primaire devant le spectacle gore proposé, il sera par contre beaucoup plus difficile de parler de bon film. Mais voilà, de son concept en mode Les Ailes de l’Enfer, Project Wolf Hunting ne cache pas en réalité sa plus grosse influence : Une Nuit en Enfer. Non, pas pour sa rigueur d’écriture, ni pour ses personnages charismatiques ou attachants, ou pour ses punchlines réussies, non, juste pour son twist faisant basculer le film d’un genre à un autre au milieu, du polar à l’horreur outrancière.

Mais Project Wolf Hunting lui se plante, ne se servant pas de cette structure pour passer d’un genre à un autre et redistribuer les cartes après un début réussi, mais juste en profitant pour… passer d’un film à un autre. Car le plus gros problème du métrage déjà, c’est son scénario. Et avant que vous ne veniez me crier dans les oreilles que non, le scénario on s’en fou dans ce genre de métrage… oui mais non ! Il n’est pas l’intérêt principal, clairement, sauf que si l’on prend Les Ailes de l’Enfer pour rester dans sa première partie ou Une Nuit en Enfer pour sa narration, les deux montrent des caractérisations de personnages, une iconisation à l’écran de ses dits personnages, des dialogues drôles ou finement écrits. Project Wolf Hunting lui est à la ramasse totale. Plutôt qu’un film en trois actes distincts avec situation initiale, développement, dénouement, on nous offre trois films. La première heure sera Les Ailes de l’Enfer, en gore, puis on aura un pseudo Predator pendant 30 minutes, puis encore un revirement pour la dernière demi-heure. Le film change de genre, mais ironiquement, il change aussi de méchant lors de chaque partie. Et n’a pas véritablement de héros non plus. Dur dur de suivre pendant deux heures ses personnages là, car la plupart n’ont aucun nom, aucune personnalité, ils sont interchangeables, si bien que par moment, je les confondais, même parfois entre flics et prisonniers. Alors bien sûr, on remarque en 20 secondes qui sera le « héros » du film, non pas car il est fort, ou qu’il soit en avant, mais car il est moins méchant que les autres. On aura beau ne quasi pas le voir durant la première heure, on sait d’office qu’il ne périra pas. Quand au reste, le film ne sait pas où aller, nous faisant croire d’abord à un polar ultra gore sur un bateau, avant de se barrer dans le Predator du pauvre un brin ridicule, vision thermique à l’appui, puis partant dans un délire encore différent avec encore un nouveau méchant sur la fin. Là normalement, l’amateur me dira « mais on s’en fou, c’est gore et fun ». Sauf que pas vraiment. Alors si, c’est gore. Sauf que ça manque cruellement d’idée. C’est juste gore histoire de paraître gore et méchant. Il suffit de voir que la moitié du casting (transparent) meurt à coup de marteau ou de clé à molette sur la tête avec giclée de sang pour s’en rendre compte.

C’est très répétitif. Evidemment, du coup, lorsqu’on a enfin un truc plus original, comme des jambes coupées, une décapitation, ça réveille, on applaudirait presque de manière primaire, car le film ne recule pas devant son côté graphique. Mais au bout du 30ème crâne explosé par contre, c’est l’ennui, surtout que le métrage dure 2h02, et c’est long 2h02, quand la moitié des morts sont identiques, qu’aucun personnage n’est attachant ou n’a un nom, et durant la dernière demi-heure, j’ai baillé poliment en attendant la fin. Quant à son côté fun, mouais. Je ne suis guère convaincu. Autant certaines scènes peuvent faire leur petit effet, il est vrai (car tout n’est pas à jeter), au bout d’un moment ça se force tellement à être gore et méchant juste histoire de l’être que ça ne fonctionne plus sur moi. Il suffit de voir celui considéré comme le « premier » méchant de l’intrigue, qui pour montrer qu’il est bien méchant, baisse son froc pour pisser sur le cadavre d’un policier. Inutile, de mauvais goût, et finalement, peu utile, on savait déjà que le mec était une crapule. La seconde partie, le Predator du pauvre, ça arrive tellement comme ça qu’on en rirait presque, si tout ne se prenait pas autant au sérieux, avec notre menace qui à chaque pas fait limite trembler le bateau comme s’il était un Tyrannosaure issu de Jurassic Park, sauf que non, c’est juste un mec. Quant à la dernière partie, qui remet en avant de l’action plus classique (fusillades, combats à mains nues ou aux couteaux), il est triste de voir la mise en scène en PLS, se devant de mettre un plan par coup donné, ce qui donne un montage assez catastrophique. Alors oui, je parais méchant envers le film, et oui, je ne le considère pas comme un bon film. Divertissant durant la première heure, avec une poignée de scènes gore efficaces on ne va pas mentir, mais très loin d’être bon, d’être bien pensé, voir bien filmé, à la frontière du ridicule. En réalité, comme beaucoup de films Coréens, Project Wolf Hunting s’en serait déjà mieux sortis avec une petite demi-heure en moins, rendant le tout plus digeste, moins bordélique, et sans doute moins répétitif. Surtout quand il se sent obligé de jouer dans sa dernière ligne droite la carte du flashback lourdingue et finalement pas du tout utile.

Les plus

Jolie photographie
La première heure se tient encore
Une poignée de scènes gore inventives

Les moins

L’autre moitié des scènes gore, répétitives
Une écriture désastreuse (narration, personnages, enjeux)
Beaucoup trop long
Le ridicule jamais loin, voire parfois là
Le montage de l’action, à la ramasse

En bref : Project Wolf Hunting, c’est un énième film vendu sur son côté violent et gore. Il l’est. Même si ultra répétitif. Ce qui aurait été mieux, c’est si l’équipe avait tenté de faire un bon film avant de déverser des hectolitres de sang partout.

A FEW WORDS IN ENGLISH
THE GOOD THE BAD
♥ Nice cinematography
♥ The first hour, entertaining actually
♥ A few crazy and interesting gory scenes
⊗ But the rest of the gory scenes… always the same
⊗ The writing is a disaster (narration, characters, everything)
⊗ Far too long
⊗ Sometimes it’s just ridiculous
⊗ The editing, far from perfect
Project Wolf Hunting, it’s another one of those films sold as a gory and violent flick. It is yes. Even if it’s so repetitive it becomes boring. It would have been better if the cast and crew tried to do a good film before throwing buckets of blood in it.

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