Titre Original : Terrifier 2
2022 – Etats Unis
Genre : Slasher
Durée : 2h18
Réalisation : Damien Leone
Musique : Paul Wiley
Scénario : Damien Leone
Avec Lauren LaVera, David Howard Thornton, Jenna Kanell, Catherine Corcoran, Samantha Scarffidi, Kailey Hyman, Katie Maguire, Casey Hartnett, Felissa Rose et Elliott Fullam
Synopsis : Un an après la précédente boucherie d’Art le clown, Sienna Shaw participe à une soirée d’Halloween avec ses amies. Alors que son jeune frère développe une fascination malsaine pour Art, elle finit par croiser la route du clown tueur sanguinaire.
Quelle drôle d’époque que celle dans laquelle nous vivons actuellement ! Il suffit de voir le cheminement même du slasher, sous-genre du cinéma horrifique, pour s’en rendre compte. Si certains voient les débuts du genre dés Psychose d’Hitchcock, on pourra plutôt voir les prémices du genre et surtout son visage le plus connu lors des années 70. Avec La Baie Sanglante de Mario Bava, Halloween de John Carpenter et Black Christmas de Bob Clark. Le genre est popularisé en 1978 avec Halloween, et tout le monde fonce dans le genre, coûtant peu mais rapportant beaucoup. Mais en 1980, Vendredi 13 change sans le savoir la donne, avec des scénarios de plus en plus légers, mais des meurtres de plus en plus graphiques. Du coup il ne faut pas attendre longtemps pour que la censure Américaine s’en mêle, et que celle-ci devienne de plus en plus sévère au fur et à mesure des années 80, tandis que le genre mourut, doucement, en silence, à la fin des années 80 avec des recettes de plus en plus faibles. Le genre, il revint au milieu des années 90 avec Scream, qui lancera de nouveau la machine aussi appelée le néo-slasher. Des films beaucoup plus softs qu’autrefois, comme pour éviter la censure, et se permettre de toucher un plus large public. Une mode qui va exploser, jusqu’à son extinction également. Une mode qui aura beaucoup moins marqué les spectateurs, à l’exception de Scream, et on comprend vite pourquoi en voyant les métrages. Car on ne va pas se mentir, si l’on regarde des slashers, ce n’est pas pour des personnages humains, pour des drames profonds, mais pour l’inventivité des meurtres, pour le gore. En l’absence de gore souvent, forcément, on nous retire la moelle même du genre, son intérêt. Où tout cela nous amène ? Ah oui, 2022. Une époque bien étrange, où la nostalgie joue un grand jeu (les récents Halloween, Texas Chainsaw, Scream sans le 5 mais 5 quand même), mais qui souvent, mise plus sur l’aspect sanglant. Quand au reste de la production, elle peut également se lâcher, grâce à une censure souvent allégée grâce aux sorties en SVOD et compagnie, même si je déteste ça. Et bien avec Terrifier 2, le reste de la production dans le genre peut aller se coucher.
Non pas que nous avons là un film parfait, des défauts, il en a. Mais en terme de générosité, et donc d’honnêteté envers son public, tout en faisant du mieux qu’il peut avec ses très faibles moyens, Terrifier 2 se pose là, un peu comme le slasher ultime. Alors oui, tout le monde a entendu de près ou de loin le buzz du film lors de sa présentation en festival, à coup d’évanouissements et de vomi… Bon après, le public actuel, s’il ne regarde que les productions Blumhouse, forcément, là il se retrouve un gros, très gros niveau au-dessus en terme de violence graphique. Terrifier 2 a eu sa réputation en tout cas, ce qui lui permet de sortir, chez nous et au cinéma en fin d’année, à temps pour voir le film en famille… ou pas. Bon, parlons du film. Suite directe du premier opus, petit slasher gore bien fauché qu’il n’est pas nécessaire de réellement voir pour comprendre, Terrifier 2 nous présente avant tout son tueur, le clown Art, et le gros point fort du métrage, David Howard Thornton à l’écran. A la fois fun et effrayant, très bien joué, Art peut se vanter d’être bien plus consistant et effrayant qu’un certain clown bien plus connu. Art donc, un an après un précédent massacre (le premier film), est de retour, et va se faire plaisir. Premier point, et pas des moindres, il faut bien le dire, Terrifier 2 a une durée inhabituelle pour un film du genre. On aura souvent dit du premier film que passé son tueur et ses meurtres, le reste était basique et peu passionnant. Et c’est vrai ! Le réalisateur, également scénariste et créateur des effets spéciaux, a entendu et écouté ses fans. Vous voulez du fond, du développement, un lore autour du personnage du clown, tout en conservant le tueur et les meurtres sanglants, et bien Damien Leone vous donne tout ça, et son métrage dure du coup 2h18. Trop long ? Oui et non. Terrifier 2 n’est jamais ennuyeux, aucune scène ne sonne faux ou de trop, mais il est vrai que certains éléments néanmoins ne sont pas utiles de manière générale et auraient donc très facilement pu être coupés au montage. Donc oui, c’est un peu trop long, sans jamais nous ennuyer.
De nouveaux personnages, un tueur sadique, une final girl iconisée avec ironie (et avec un costume d’Halloween d’ange…), beaucoup de victimes, qui sans être des personnages géniaux, ne sont pas totalement vides. Ah oui, et le gore donc. Terrifier 2 pousse le bouchon loin, très loin. Un bien beau headshot (hommage à Maniac ?), de multiples décapitations, corps découpés, os brisés, visages explosés et éclatés, éventrations… C’est un festival, et voir un slasher nous donner ce qu’on attend de lui sans retenue, et bien au final, ça fait du bien, puisque c’est tout simplement honnête envers son public. Et puis, le gore est très bien fait, aucun CGI ne vient pointer le bout de son nez, aucun montage à la hache pour adoucir tout ça, c’est de la violence pure dans la face du spectateur. Et comme je le disais plus haut, le budget du film est pourtant extrêmement bas. 250 000 dollars seulement ! Risible ! Et pourtant, autant en effets spéciaux que visuellement, Terrifier 2 ne souffre pas de son budget. Aucun éclairage hésitant, aucun effet risible que le montage veut camoufler, aucune idée qui ne semble de trop pour le réalisateur. Même au niveau des décors, le film ne se prive de rien, avec des maisons, un lycée, une fête pour Halloween, un parc d’attraction. On est donc loin du bâtiment abandonné du premier film (mais du coup on perds son ambiance glauque). Et pour les fans, une apparition très rapide de Felissa Rose (Sleepaway Camp 1) en proviseur. Terrifier 2 ne mérite clairement pas un oscar, mais pour un tel budget, on peut saluer le travail du directeur de la photographie George Sleuber, et les effets spéciaux de Damien Leone. Le slasher ultime donc ? Dans les limitations mêmes imposées par le genre, il l’est d’un certain côté. Généreux et honnête envers son public, il n’est clairement aussi. Mais du coup, oui, il est aussi limité par les propres limitations du genre dans lequel il évolue. Qu’importe oui si beaucoup de personnages ne sont pas top, si l’ensemble est prévisible, et si c’est sans doute un peu trop long, on a eu ce qu’on voulait.
Les plus
Le gore, présent, frontal, radical
Des meurtres imaginatifs
Malgré sa durée, jamais ennuyeux
Pour son budget, un exploit d’être aussi pro visuellement
Les moins
2h18, inédit pour un slasher
Beaucoup d’idées, mais certaines peu exploitées
Ça reste en son cœur un petit slasher
En bref : Eh bien, chapeau ! Terrifier 2, malgré ses 2h18, reste un slasher efficace, jamais ennuyeux, et surtout, donnant aux spectateurs exactement ce qu’ils demandent, à savoir des meurtres inventifs et extrêmement gore et sadiques.
A FEW WORDS IN ENGLISH | |
THE GOOD | THE BAD |
♥ The gore, really here, always ♥ Some imaginative murders ♥ Despite the running time, never boring ♥ Surprisingly professional despite its budget |
⊗ 138 minutes, quite surprising for a slasher ⊗ A lot of ideas, but some are just here to be… well, here ⊗ In its heart, it stays just a basic slasher |
Well done Terrifier 2. Despite its flaws and it’s runtime of 138 minutes, it’s an effective slasher, never boring, and giving the audience what they want, with many sadistic and gory murders. |
Eh bien tu avais raison, le film vaut le jus et largement. J’y ai même ressenti une pointe d’ironie quant à l’exploitation de l’horreur sous le prétexte d’Halloween. C’est comme si Leone nous disait : « vous voulez célébrer les morts, les meurtres, les atrocités, servez vous ! » Un peu kitsch dans l’imagerie heroic fantasy de Sienna mais j’aime cette idée un brin vintage et décalée qui nous renvoie à l’âge d’or des eighties.
Tu te mets à jour pour la sortie du 3 en fin d’année? 😉
C’est ce qui fait que ça fonctionne je trouve, cet hommage, parfois un peu kitch, mais profondément sincère et généreux. Après évidemment, ça reste trop long, même si je ne m’y suis pas ennuyé, il y a ce trop plein d’idées et d’éléments, qui parfois ne mènent pas à grand-chose et qui auraient pu facilement être sacrifiés en salle de montage. Sienna apparemment sera de retour dans le 3, donc tant mieux.
Oui, octobre sera clown apparemment. Noël avant l’heure. Espérons que Leone trouve des ressorts pour faire évoluer son concept.
Je publierai mon article à cette occasion.
Oui, il va falloir faire évoluer tout ça, sinon passé l’effet de surprise, et le gore pour le gore, on n’y trouvera plus notre compte. Surtout que mine de rien, le budget augmente, donc le métrage aura moins le côté « ah oui, ça rend bien juste pour ce budget ».