Titre Original : Coupez !
2022 – France
Genre : Comédie
Durée : 1h50
Réalisation : Michel Hazanavicius
Musique : Alexandre Desplat
Scénario : Michel Hazanavicius d’après Ueda Shin’ichirô et Wada Ryoichi
Avec Romain Duris, Bérénice Bejo, Grégory Gabedois, Finnegan Oldfield, Matilda Lutz, Sébastian Chassagne, Raphaël Quenard, Lyès Salem, Jean-Pascal Zadi et Takehara Yoshiko
Synopsis : Un tournage de film de zombies dans un bâtiment désaffecté. Entre techniciens blasés et acteurs pas vraiment concernés, seul le réalisateur semble investi de l’énergie nécessaire pour donner vie à un énième film d’horreur à petit budget. L’irruption d’authentiques morts-vivants va perturber le tournage…
Lors de l’annonce d’un remake de One Cut of the Dead, j’étais triste. Triste car le génial film de Ueda Shin’ichirô n’avait pas assez de visibilité auprès du grand public, et ce malgré le fait que les quelques cinéphiles avertis et les rares curieux étant tombés dessus sont justement tombés sous le charme. Lors l’annonce d’un remake Français, j’étais dubitatif, tant One Cut of the Dead, c’est du système D, c’est un métrage sur une partie de l’industrie cinématographique qui n’existe quasiment plus en France, et n’a jamais véritablement existée, à quelques très rares exceptions près. Mais avec Michel Hazanavicius derrière la caméra, je retrouvais un peu espoir. Après tout, son travail sur OSS 117 n’était-il pas passionnant ? N’allait-il pas pouvoir s’approprier l’œuvre pour l’adapter à l’industrie Française ? Et puis, lors de sa présentation à Cannes, en ouverture, le film fut plus que bien accueillit, même si directement, quelque chose me faisait peur, à force de voir toutes ces critiques louant le génie et l’humour d’Hazanavicius, mais qui ne citaient absolument jamais le fait que Coupez ! soit un remake. Le savaient-ils même ? Ou chercherait-on, comme c’est le cas parfois en Amérique, de cacher cet élément, car un film bon et original sera tout de suite mieux vu qu’un film bon mais adaptant un film déjà existant ? Je n’étais pas motivé pour trouver la réponse, mais parfois, il faut bien se laisser tenter, laisser une chance au métrage. 1h50 après, je peux l’affirmer. Coupez ! n’est en soit pas un mauvais film. Il est même bon, et fidèle. Pourtant, j’ai détesté Coupez ! Un remake qui plaira au grand public puisqu’il ne connait pas le film original, et donc 90% des gags, mais qui pourtant, se prend méchamment les pieds dans le tapis dés qu’on veut l’analyser plus sérieusement, en plus de paraitre souvent malhonnête. Et un film clairement inutile pour qui a vu One Cut of the Dead.
Le plus triste véritablement dans toute cette histoire, c’est qu’étant un remake très proche de l’original, à 90% même, c’est que ceux qui voudront découvrir l’original après la découverte du remake ne se marreront pas, n’auront pas le même choc que les autres, puisqu’ils verront un film qu’ils auront déjà eu l’impression de voir. Coupez ! donc, c’est fidèle. Trop. On pourrait presque dire que pendant 45 minutes déjà, c’est exactement le même film, avec son plan séquence d’ouverture de 32 minutes (contre 37 au Japon), la reprise de la quasi intégralité des gags, des personnages qui sont nommés via des prénoms Japonais, et même un jeu toujours hésitant voir volontairement pas toujours terrible de la part des acteurs. Un film identique oui, à la différence près que l’on peut griller assez rapidement le subterfuge, puisque si lorsque l’on découvrait One Cut of the Dead, nous plongions dans l’inconnu avec des acteurs inconnus au bataillon, on pouvait clairement penser que ça jouait mal, que l’on était devant une série Z. Ici, plus difficile à croire quand les têtes d’affiche sont Romain Duris et Bérénice Bejo. Un procédé donc déjà bien fragilisé, surtout que si Coupez ! n’a pas eu un budget monstrueux si on le compare à une comédie Française populaire, son budget de 4 millions est malgré tout largement plus standard que le budget de 25 000 dollars du film original. Cette différence dans le budget se ressent malheureusement aussi dans l’approche du métrage sur son sujet, bien différent là pour le coup, et du coup sur son regard sur ces petites productions. Là où One Cut of the Dead se montrait comme une lettre d’amour au système D, aux petits budgets, à ses équipes qui feront tout pour mener un projet à bien même lorsque tout va de travers, Coupez ! lui, avec l’ajout du personnage du producteur qui se fou de tout, paraît plus cynique envers ce genre de films, et envers son public. Pourquoi se casser la tête avec un scénario logique, de bons effets et autres, si le public s’en fou, donc allez, ça passe. Comme dirait Romain Duris, c’est rapide, pas cher et dans la moyenne.
L’autre grosse épine que le métrage s’enfonce bien profond… dans le pied hein, c’est qu’il a la fausse bonne idée d’incorporer dans son récit le film Japonais original. Ainsi, dans Coupez !, Roman Duris doit livrer un remake du film Japonais qui a cartonné. En soit, l’idée est bonne, elle paraît même honnête du coup et respectueuse du film et de son public. Sauf qu’au bout d’un moment, quand 90% du film est identique, ça devient tout simplement un peu gros, de voir deux tournages, d’un film original et de son remake, avoir exactement les mêmes soucis, les mêmes acteurs alcooliques, les mêmes zombies, le même caméraman qui a le même mal de dos au même moment. Sans parler donc de Roman Duris, le réalisateur, qui a donc exactement la même vie de famille que son homologue Japonais. Il aurait justement été intéressant d’insérer de toutes nouvelles problématiques dans le récit, mais pour le coup, Hazanavicius a fait le choix du simple copier coller. C’est encore plus dommage que dans sa dernière partie, le film se permet enfin quelques ajouts, quelques nouveaux gags, et que pour la plupart, ils sont très drôles et fonctionnent. Mais ne représentent que 5 minutes à l’écran sur 1h50. Hazanavicius avait une opportunité en or, d’adapter un film génial pour une autre culture, un autre mode de production. Il n’en livre qu’une banale copie, encore une fois pas mauvaise, mais inutile, et rendant la curiosité du spectateur pour découvrir le film original inutile. Du coup, oui, je retiendrais ces quelques nouveaux gags qui font mouche, le personnage de Ken souvent drôle, ainsi que le personnage du compositeur, nouveau dans l’intrigue, et donc fonctionnant bien. Le reste m’aura énervé.
Les plus
En soit le film n’est pas mauvais
Les personnages de Ken et Fatih
Les rares nouveaux gags
Les moins
Un copier coller malhonnête du film original
Des idées qui ne fonctionnent pas du tout
Une approche cynique
Une opportunité manquée
En bref : Les nouveaux spectateurs passeront un excellent moment devant Coupez ! Pour les autres par contre, ce ne sera qu’une pâle copie du film original, beaucoup trop proche, malgré quelques (bons) nouveaux gags.
A FEW WORDS IN ENGLISH | |
THE GOOD | THE BAD |
♥ In fact, the movie isn’t bad ♥ The characters of Ken and Fatih ♥ The few new jokes |
⊗ Just the same film as the original ⊗ Some ideas just don’t work at all ⊗ The film is cynical isn’t it? ⊗ A missed opportunity |
New viewers will have a great time watching « Coupe z! » For the others, however, it will only be a pale copy of the original film, too similar, despite some (good) new jokes. |
Aie. Me connaissant, ça risque de m’énerver aussi. Quand tristesse rime avec paresse.
Evite le je pense. Ceux qui ont vu l’original ont en général le même avis à 95%.
N’ayant pas vu l’original, j’en déduis que le film me plaira sûrement. Mais je comprends ton agacement.
Oui je pense clairement que si tu commences par celui-ci et non pas l’original, tu apprécieras beaucoup et riras de bon coeur. Même si le côté copié collé se ressent je pense même sans connaître, vu que les personnages avouent vouloir copier l’original et être le plus proche possible…