Titre Original : Hell Dogs – In the House of Bamboo
ヘルドッグス
2022 – Japon
Genre : Policier
Durée : 2h18
Réalisation : Harada Masato
Musique : Tsuchiya Reiko
Scénario : Harada Masato d’après Fukamachi Akio
Avec Okada Junichi, Sakaguchi Kentarô, Miyavi, Kitamura Kazuki, Ôtake Shinobu, Matsuoka Mayu, Kanada Satoshi, Mimoto Masanori, Kiryû Mai, Kyoko, Nakajima Arisa, Murakami Jun, Akama Mariko, Onoe Ukon et Sakô Yoshi
Synopsis : Ancien policier souffrant du trauma d’avoir découvert celle qu’il aimait se faire tuer, Kanetaka Shogo n’a pendant des années pensé qu’à la vengeance. Qu’il exécute, froidement, avant de se faire capturer et de recevoir l’ordre simple d’infiltre un clan yakuza en étant une taupe, en se rapprochant de Muroka Hideki, membre du clan dont le père est emprisonné et en attente d’exécution.
Cela faisait des années que je n’avais pas vu un métrage signé Harada Masato. Non pas qu’il se soit retiré, le bonhomme ayant bien une trentaine de longs métrages à son actif, mais pas toujours dans des genres vers lesquels je me dirige instinctivement, ou qui soient facilement accessibles. Pourtant, à la fin des années 90 et au début des années 2000, il signait en particulier deux métrages qui trainent fièrement dans ma collection (en import évidemment, cela reste totalement inédit chez nous), à savoir Bounce Ko Gals, métrage sur la prostitution des lycéennes, dur et réaliste, mais surtout humain, et Inugami, métrage fantastique mais lui aussi affichant une approche plus humaine que la norme. Pour le coup, pour une fois, Netflix aura eu la bonne idée de sortir en fin d’année 2022 son tout dernier métrage, et ainsi me rappeler l’existence du réalisateur, et de belle manière, puisqu’en s’attaquant via l’adaptation d’un roman au classique film de yakuzas, et plus particulièrement au film de taupe dans une organisation yakuza, Harada Masato reste fidèle à sa ligne directrice, et livre un film certes très classique dans sa proposition ou sa narration, mais un film qui sait malgré tout mettre ses personnages en avant, et donc affichant un ton résolument humain ! Hell Dogs, si je devais clairement lui reprocher quelque chose, ce serait sans doute sa durée, 2h18 au compteur, certes justifiée par l’ensemble de personnages forts et marquants évoluant dans le métrage, par les clans, les affrontements, les tensions, les explosions de violences internes ou externes, mais néanmoins un brin trop longue pour un récit très classique dans les faits, avec cette taupe au bout du rouleau, l’étau qui se resserre autour de lui, ses amitiés avec des membres du clan… et donc fatalement, un récit que l’on a déjà vu plus d’une dizaine de fois à l’écran.
Mais Hell Dogs est également aussi la preuve que parfois, mieux vaut une intrigue classique et déjà vue mais menée de mains de maître, par un réalisateur qui sait ce qu’il fait, avec de bons acteurs et de très bonnes chorégraphies pour les scènes d’action, plutôt qu’une intrigue cherchant à tout prix à complexifier son propos quitte à perdre le spectateur, ou à se croire plus malin qu’il ne l’est vraiment. Hell Dogs donc, c’est la simple histoire de Kametaka Shogo, que l’on découvre au bout du rouleau en début du film, ancien flic animé uniquement par la vengeance, traquant dans toute l’Asie les trois coupables d’une sombre affaire de meurtres ayant eu lieu des années plus tôt, et qui a amené au meurtre de la femme qu’il aimait. Récupéré par une unité spéciale de la police, on propose à Shogo d’infiltrer un clan yakuza en se rapprochant d’Hideki, homme qui a du mal à contrôler ses émotions et dont le père est enfermé et attend son exécution. Le but ultime ? Gagner la confiance du clan et de son patron, Toki Tsutomu (Kitamura Kazuki) afin de se rapprocher finalement du grand big boss, Toake Yoshitaka (Miyavi). Bon dans le temps, puisque le film ne va pas perdre de temps à nous montrer l’ascension de notre héros dans le milieu, du bas de l’échelle jusqu’en haut, mais préfère reprendre des années plus tard, alors qu’il est lié d’amitié avec Hideki, a toute la confiance de son patron, et qu’on va enfin lui donner la mission d’être le garde du corps de Yoshitaka. Sa mission touche donc à son but, même si du coup, tout est compliqué, Shogo est totalement lessivé, il se sent proche d’Hideki après tant de temps à ses côtés, il s’est presque totalement intégré au clan et à ses coutumes, ainsi qu’à la violence du milieu, et ses contacts avec la police, souvent via un salon de massage où il rencontre Kirnugasa Noriko (Otake Shinobu), ne respirent ni la joie, ni la fierté d’accomplir sa mission. Les personnages bénéficient tous d’un bon traitement, ce qui donne à Hell Dogs un côté réaliste et clairement prenant, avec sa galerie de personnages souvent tous humains, tiraillés par quelque chose, blessés et fatigués, et le film bénéficie d’un casting souvent de haute volée, autant pour les grands rôles que pour les plus petits, pour les nombreux hommes du milieu que pour les femmes qui entourent ses hommes.
Casting et personnages, check ! Le scénario, signé par le réalisateur, est donc réussi, classique mais rondement mené et habité par de vrais personnages. Heureusement, les qualités du métrage ne s’arrêtent pas là, car visuellement, Hell Dogs est un film qui reste sobre, mais sait ce qu’il fait, ponctuant son intrigue d’un bon paquet d’affrontements, armés ou à mains nues, bénéficiant d’un réel sérieux dans les chorégraphies, mais aussi dans la représentation de la violence, sèche et radicale, sans pour autant en faire des tonnes visuellement. Passages à tabac, tentatives de meurtres, trahisons, assaut d’une planque, le film ne manque pas de moments qui relèvent le rythme de l’aventure. Ces moments, aussi rares que courts, et donc imprévisibles et percutants, me donnent l’impression d’une récompense pour le spectateur, le genre de récompense qui fait plaisir et qui nous rappelle que même dans le cinéma Japonais plus commercial avec un budget confortable, il est toujours possible malgré tout de détonner, de faire plaisir, de ne pas se moquer du spectateur. Ce que la présence de Sakaguchi Kentaro dans l’un des rôles principaux me fait confirmer, puisque si j’avais pu le découvrir en 2020 dans Masked Ward, et que ce n’était pas très bon et plus proche du téléfilm que du film, il nous prouve en 2022 qu’il peut faire de meilleurs choix, avec deux films radicalement opposés, mais tous les deux ayant beaucoup à proposer aux spectateurs, ce Hell Dogs classique mais classieux d’un côté, et The Last 10 Years plus dramatique mais tout aussi humain de l’autre. Hell Dogs donc, c’est une très bonne pioche, le genre de métrages qui fait plus que plaisir et dont on a envie de pardonner les très rares petites longueurs tant on se laisse porter par son récit (classique) et ses personnages (humains avant tout).
Les plus
Mise en scène classe et maitrisée
Un casting sérieux et en or
L’action, sèche, courte, marquante
Des personnages profondément humains
Un récit bien construit bien que classique
Les moins
Mais c’est vrai, 2h18 pour un récit trop classique
En bref : Bonne surprise de la fin d’année 2022, Hell Dogs est, dans son domaine (le film d’infiltré en milieu yakuza), très classique, tant la formule est maintenant connue, mais grâce à un réalisateur appliqué, des scènes marquantes et des acteurs se retrouvant avec de bons personnages, on est absorbé par cette intrigue violente, bien que prévisible.
A FEW WORDS IN ENGLISH | |
THE GOOD | THE BAD |
♥ Visually, extremely well done ♥ A serious cast ♥ The action scenes, shorts, realistic ♥ The characters seems real, humans ♥ Classic but well written |
⊗ But yes, 138 minutes for a very classical tale |
Good surprise for the end of 2022, Hell Dogs is, for this kind of story (about a mole in the world of yakuzas) very classic, because the formula is well known, but thanks to a great director, some well done scenes and actors with good characters, everything works well. |
Classique et efficace, ça rime avec bad-ass !
Ce métrage étant disponible sur Netflix, il ne me reste plus qu’à le visionner car cette critique m’a clairement donné envie de le voir. Heureusement que tu es là !
😉
Oui il est sorti il y a genre deux semaines, dans l’indifférence la plus totale (aucune pub, personne n’en parle). Si tu aimes les polars Japonais, je conseille fortement.