COMBAT SANS CODE D’HONNEUR 2 : DEADLY FIGHT IN HIROSHIMA
Titre Original : 仁義なき戦い 広島死闘篇 – Jingi naki tatakai: Hiroshima shitō hen
1973 – Japon
Genre : Policier
Durée : 1h40
Réalisation : Fukasaku Kinji
Musique : Tsushima Toshiaki
Scénario : Kasahara Kazuo
Avec Sugawara Bunta, Kitaôji Kinya, Chiba Sonny, Kaji Meiko, Katô Yoshi, Murota Hideo, Endô Tatsuo, Koike Asao, Narita Mikio et Kaneko Nobuo
Synopsis : En 1950, dans la ville d’Hiroshima, Yamanaka Shôji est impliqué dans une bagarre pour tricherie dans un jeu de cartes et poignarde plusieurs hommes. Il est condamné à deux ans de prison, où il se lie d’amitié avec Hirono Shôzô.
Il y avait quand même quelque chose d’extraordinaire dans les années 70 au Japon, et c’est la vitesse avec laquelle les réalisateurs pouvaient enchainer les films, et donc la vitesse même de productions au sein de studios pourtant loin les plus petits, ici, La Toei. En Janvier 1973 sortait Combat sans Code d’Honneur, et c’est en Avril de la même année que sort le second opus de la saga de Fukasaku, Deadly Fight in Hiroshima, aussi nommé Qui Sera le Boss à Hiroshima ? Qu’allait donc pouvoir ajouter le réalisateur et son scénariste à cette plongée au cœur du milieu des yakuzas, plongée hyper réaliste, quasi documentaire, avec caméra à l’épaule, violence crue, et surtout, des clans, des alliances, des membres, des exécutions, des trahisons. Le premier opus était un modèle du genre, dans son approche quasi documentaire du milieu donc. On ne pouvait vraiment que lui reprocher sa profusion de personnages, ce qui rendait, du moins au début, certains échanges un brin confus. Au début ? Oui, car forcément, quand le casting baisse à vue d’œil après moults coups bas, on s’y retrouve tout de suite beaucoup plus facilement. Fukasaku ne change pas son fusil d’épaule donc pour cette suite, et reste dans la même optique, autant pour le propos que pour le visuel. Dans un premier temps, son film prend presque des allures de préquelles, en nous ramenant quelques années en arrière, et le tout avec un nouvel personnage principal, Yamanaka, joué par Kitaôji Kinya. Sugawara Bunta, Hirono donc, le héros du premier film, n’est jamais loin, puisqu’après un court séjour en prison pour tricherie au jeu, les deux vont se rencontrer, et les années qui vont suivre, dépeintes dans le métrage, les feront se croiser, encore et toujours, sous des jours plus ou moins sombres.
Avec ce second opus, on pourrait même dire que l’on y voit plus clair dans les ambitions du réalisateur, dans son propos, et qu’il affine en plus sa narration. On a beau délocaliser comme l’indique le titre à Hiroshima, et donc avec de nouveaux clans et nouveaux personnages, tandis qu’Hirono lui a tracé sa route et créé son propre clan, l’ensemble paraît plus fluide, plus clair aussi, les personnages sont établis de manière plus prononcée et bien plus rapidement pour une meilleure identification, même si ce seront bien nos deux héros qui seront mis en avant. Ainsi qu’une poignée d’autres personnages mémorables, puisque l’on retrouvera déjà au casting Chiba Sonny dans le rôle du yakuza Ötomo, et ça fait toujours plaisir à voir, mais que le film peut se vanter, contrairement au premier opus, d’avoir une présence féminine loin d’être inutile. Yamanaka croisera donc très rapidement à sa sortie de prison la route de Uehara, et c’est une relation qui se met très doucement en place entre les deux, une relation au départ distante, presque timide, avant que les sentiments n’explosent. Leur relation, clairement au cœur même de la narration du film, apporte un plus indéniable, déjà pour humaniser le personnage malgré toutes les basses besognes qu’il fera pour son patron, et ensuite car Uehara est un personnage loin d’être là juste pour faire avancer Yamanaka, elle a un background clairement établi, dont certains se serviront d’ailleurs au cours du film. Le fait que Fukasaku ai d’ailleurs choisi Kaji Meiko pour le rôle ajoute un autre gros plus au métrage, surtout que pour une fois, la dame lâche plus de quelques mots durant le film.
Mais Fukasaku n’est pas là pour nous parler des romances de nos yakuzas, ou de leurs tiraillements amoureux, mais bel et bien pour les voir régler leur compter, sans honneur. Mais avec cette approche qui s’ouvre un peu plus aux différents aspects de la vie de nos yakuzas, ce second opus gagne également en thématiques, et on pourrait alors dire que la saga des Combat sans Code d’Honneur n’est pas le parcours d’un yakuza en particulier (la preuve, Hirono est moins présent à l’écran que Yamanaka), mais plus de nous montrer toutes les facettes du milieu. Et à Hiroshima comme à Tokyo, ce n’est pas rose, et le film y va d’ailleurs assez fort en affrontements sanglants et mises à morts expéditives et cruelles. Et ce sont, à côté de ces moments pourtant forts, bel et bien les quelques ajouts qui empêchent de voir ce second opus comme une redite, mais bien comme une extension de son univers, une extension du portrait voulu par Fukasaku. Tout aussi fort, tout aussi fluide, tout aussi violent et radical, Deadly Fight in Hiroshima a ce petit quelque chose en plus, dans sa narration et ses personnages, qui à mes yeux en font un film supérieur, mieux maitrisé, alors qu’en soit la formule reste la même : du chaos et des coups bas. Vivement le troisième opus donc, tourné lui aussi à la vitesse de l’éclair pour une sortie en Septembre 1973.
Les plus
Toujours le même style documentaire
Violent et sans concessions
De nouveaux personnages intéressants
Un final sombre et sans espoir
Les moins
Toujours beaucoup de personnages et de clans
En bref : Pour ce second opus de la saga Combat Sans Code d’Honneur, Fukasaku étoffe ses nouveaux personnages, les humanise un peu pour certains, et les entraine dans la même spirale destructrice que celle du premier film.
A FEW WORDS IN ENGLISH | |
THE GOOD | THE BAD |
♥ Still the same documentary’s style ♥ Violent and without any concessions ♥ New interesting characters ♥ A hopeless and dark finale |
⊗ Still so many characters |
For this second film of his saga, Fukasaku develops some new interesting characters, makes them more human for some, and throws them in the same spiral of destruction as the first film. |
Je ne connaissais que le premier du nom, je suis heureux d’apprendre que Fukasaku en a tiré une série de films sans pour autant baisser en qualité. Décidément une pointure que ce réalisateur.
Il faut dire qu’il me semble que seul le premier opus était sorti en France chez Wild Side en DVD. Pour ça d’ailleurs que je n’ai découvert les 4 suites que l’année dernière, ce qui est dommage car toute la saga se tient, et que ce second opus est pour moi le meilleur (le troisième pas loin derrière). Plus qu’à espérer un jour qu’un éditeur nous sort une intégrale en Blu-Ray, comme c’est le cas aux States et en Angleterre aussi il me semble.