Titre Original : The Endless
2017 – Etats Unis
Genre : Fantastique
Durée : 1h51
Réalisation : Justin Benson et Aaron Moorhead
Musique : Jimmy LaValle
Scénario : Justin Benson
Avec Justin Benson, Aaron Moorhead, Callie Hernandez, Tate Ellington, Lew Temple, James Jordan et Shane Brady
Synopsis : Deux frères retournent dans la secte qu’ils ont quittée dix ans auparavant après avoir reçu une mystérieuse lettre rédigée par l’un des membres de leur ancienne « famille ». Très vite, des événements inexpliqués vont remettre en cause leurs croyances…
C’est triste, mais The Endless, j’avais quasiment oublié son existence. Jusqu’à tomber sur la bande annonce avant le menu du Blu-Ray d’un autre film, me rappelant l’existence du métrage, et surtout, le fait que je l’avais. C’est triste car il s’agît de l’avant dernier métrage de Justin Benson et Aaron Moorhead, considéré comme une suite de leurs premiers films, Resolution, datant de 2012 (que je n’ai pas vu). Mais ces deux auteurs, je les connais surtout pour Spring en 2014, un film romantique et fantastique étrange et passionnant. Un peu bancal par moment, mais qui témoignait de l’amour des deux auteurs pour le fantastique à l’ancienne, celui fait avec une économie de moyens, et qui fait travailler notre imagination pour imaginer le pire, ce que l’on ne voit pas, ce que l’on ne sait pas. Une approche foncièrement très différente de l’horreur dite actuelle, dominée par les studios Blumhouse et friande de jumpscares putassiers. Il en faut pour tous les goûts. Ceux pour qui la peur signifie se faire exploser les oreilles, sursauter sur le moment et rire ensuite peuvent donc rester chez Blumhouse. The Endless donc, c’est une approche intimiste de son sujet, et un film qui débute par une citation de Lovecraft. Parfait donc ! Nous y suivons deux frères, qui, 10 ans après avoir fuis un culte, tentent tant bien que mal de refaire leur vie, de s’adapter, de trouver du travail. En bref, de survivre au monde qui les entoure. Dés le début, on retrouve une ambiance assez similaire à Spring d’ailleurs. Un ton très naturel, une caméra portée, une psychologie développée pour rendre l’ensemble crédible et humain, et du fantastique distillé par toute petite touche, afin de le crédibiliser lui aussi, de l’encrer dans la réalité du film, et par extension, dans une réalité très proche de la notre.
Et le film se joue de ça, de notre vision des choses, et des sujets abordés, comme les sectes, lorsque les deux frères retournent sur place, pour en quelque sorte couper définitivement le cordon, pour voir avancer, ne plus avoir de regrets. Avec deux personnages finalement assez opposés dans leur manière de penser et de voir les événements, le film se joue de nos acquis, de notre ressenti, et de nos préjugés sur les sectes. Si bien que l’on finit par se demander si leur mode de vie est si horrible que ça, tant qu’ils sont heureux ? Après tout, ils ne font que vivre au milieu de nulle part, mangent et boivent correctement, survivent de l’exportation d’une bière qu’ils produisent, chacun a ses petites occupations. Comme un petit village coupé du monde en réalité. Pas de messes noires, de moments étranges, de lavages de cerveau. Mais bien entendu, les faits cachent forcément quelque chose, et le film distille son aspect plus sombre par petites touches. Le film veut nous inquiéter, sans forcément trop en dévoiler, sans trop en montrer. Le passage de la corde, arrivant assez tôt, en est le parfait exemple. Un jeu nocturne entre les habitants, où il suffit de tirer une corde, rattachée au loin, dans l’obscurité, à on ne sait quoi. On a beau nous dire qu’il s’agît probablement d’un des habitants, tenant la corde, debout sur une échelle, le doute est permis face à la force qui tire les personnages, voir peut les blesser s’ils ne font pas attention. Ce sont ses petits moments, qui ne font pas forcément peur bien entendu, mais qui font planer le mystère et développent une ambiance assez lourde qui donnent à The Endless une saveur assez particulière, et surtout réussie si l’on y adhère.
Du coup, le doute est constant. Durant la première heure, puisque bien entendu, la seconde heure se fait déjà plus démonstrative, et surtout ne permet plus le doute quand à ce qui se cache (ou pas) dans le camp. Sans pour autant partir vers une horreur frontale, loin de là. Mais les explications arrivent, et si elles ont quelque chose de fascinant, il est néanmoins dommage que le doute ne plane plus, et que l’on quitte les rivages de l’incertitude vers une version totalement définie et définitive donc des événements. Et ce malgré encore de grosses zones d’ombre, et quelques moments malgré tout toujours passionnants. Un peu comme dans Spring d’ailleurs, encore une fois. Les deux réalisateurs ont une approche différente du genre, et savent comment mettre à l’écran un concept fort avec peu de moyens, mais se sentent obligé parfois d’en faire trop. Comme ici dans cette scène finale, logique, venant récoler les quelques morceaux éparpillés assez tôt de l’intrigue, mais sans doute un poil trop démonstrative. Mais l’approche des deux réalisateurs, présents à de multiples postes (tous les deux tiennent les rôles principaux, Justin Benson s’occupe également du scénario tandis qu’Aaron Moorhead signe la photographie), est néanmoins rafraichissante, se refuse la facilité, et apparaît comme assez unique à l’heure actuelle. Ils n’ont certes pas l’aura d’un Robert Eggers ou d’un Ari Aster, mais ils se posent là tout de même. Ils osent, ils essayent, ils ont leur style et s’y tiennent sans céder à la facilité, et c’est à saluer, même si ça ne plaira pas à tout le monde, et encore heureux.
Les plus
Des personnages intéressants
Le doute qui plane durant toute la première heure
Du fantastique discret par petites touches
Des passages inquiètent
Un scénario souvent malin
Les moins
Un poil trop démonstratif sur le final
Un scénario malin oui, mais qui parfois explique trop
Et parfois n’explique pas assez
En bref : Le duo de réalisateurs Justin Benson et Aaron Moorhead continuent d’explorer une version intimiste des sujets qu’ils abordent après le très sympathique Spring en 2014. The Endless, c’est un hommage à Lovecraft, un film qui fait douter, un film intriguant. Pas parfait, mais une proposition de cinéma qui fait du bien.
A FEW WORDS IN ENGLISH | |
THE GOOD | THE BAD |
♥ Some interesting characters ♥ During the entire first hour, we doubt ♥ The fantastic atmosphere is subtil, discreet ♥ A clever script |
⊗ The finale shows maybe a bit too much ⊗ The script is clever yes, but explains a bit too much at times ⊗ Or sometimes not enough |
Justin Benson and Aaron Moorhead deliver another subtil movie after Spring in 2014. The Endless is a tribute to Lovecraft, a slow burn film. Not perfect, but an interesting proposition. |