Titre Original : Spiderhead
2022 – Etats Unis
Genre : Thriller
Durée : 1h47
Réalisation : Joseph Kosinski
Musique : Joseph Trapanese
Scénario : Rhett Reese et Paul Wernick
Avec Chris Hemsworth, Miles Teller, JurneeSmollett, Mark Pagulo, Tess Haubrich, Angie Milliken, Stephen Tongun, Daniel Reader et Sam Delich
Synopsis : Dans un futur proche, deux détenus revivent leur passé sous l’effet de drogues altérant les émotions et administrées par un directeur visionnaire.
Spiderhead, débarqué ni vu ni connu sur Netflix en Juin 2022, est donc la second métrage de l’année pour Joseph Kosinski, après les nombreux reports de son film précédent, Top Gun Maverick. Sans être un grand fan du réalisateur, son passé en tant qu’architecte en fait néanmoins un metteur en scène plutôt intéressant visuellement, sur son travail sur les décors, leur architecture, sa manière de les mettre en avant, comme prouvé dès son premier long métrage, Tron Legacy. Mais avec Spiderhead, si l’on doit bien avouer que l’on reconnait quelque peu les ambitions du monsieur dans l’architecture de son lieu principal, la prison portant le nom du métrage, et que le métrage a le don, durant la première heure, d’intriguer un minimum, il fait plouf lors de sa seconde heure, peinant donc à traiter son sujet avec sérieux et pertinence. Mais ça, on y reviendra, car la raison est plutôt simple. Adaptant une nouvelle de George Saunders parue en 2013, Spiderhead est donc un métrage carcéral. Mais pas dans le sens premier du terme, puisque les prisonniers sont ici libres de leurs mouvements, ils peuvent intérargir entre eux, se faire à manger, on un lit confortable. La contrepartie, c’est qu’ils acceptent donc d’être les cobayes de Steve Abnesti, un scientifique testant sur eux plusieurs substances de son cru, pouvant modifier leurs perceptions des choses, et même leur ressenti, en stimulant leurs désirs par exemple, mais aussi leurs émotions bien plus négatives. Les prisonniers sont nombreux, mais le métrage se concentre en particulier sur deux d’entre eux, proches, Jeff et Lizzy. Il y aura bien Heather, une autre détenue, qui aura une place plus ou moins importante dans la première partie du récit, tandis que tous les autres ne font que de la figuration, se contentant d’être là, en arrière-plan, ou d’échanger deux ou trois lignes de dialogues avec les héros, le cœur du film.
Ce qui est dommage déjà, puisque les prisonniers sont variés, et que le film semble insister lors d’une scène sur un gros bras, annonçant des complications futures… qui ne viendront jamais. Comme si le métrage ne savait pas quoi faire de ces personnages-là. Mais ces soucis-là, on ne les aperçoit que dans la seconde partie du métrage. Car bien qu’adoptant un rythme assez posé, la première heure fait plutôt bonne impression, plaçant ses personnages, ses concepts et multipliant les possibilités futures. La seule chose pouvant réellement faire lever un sourcil durant cette première heure, c’est lorsque l’on cherche un peu et découvre que le budget du film serait aux alentours de 100 millions de dollars… pour un huis clos mettant finalement en avant deux prisonniers, un scientifique et son assistant, dans des pièces le plus souvent neutres, bien qu’au rendu parfois intéressant. Où le budget est-il parti ? On l’ignore tant le métrage, dés qu’il rentre dans sa seconde partie après un petit twist bienvenu, ne tente absolument rien avec toutes les pistes ouvertes jusque-là. Une tension avec un autre prisonnier malabar ? Non, jamais le personnage, passé son introduction, ne reviendra dans le récit, si ce n’est dans quelques plans d’ensembles. Une quelconque réflexion sur son sujet évitant un certain manichéisme ? Non plus, tout élément un tant soit peu nébuleux moralement parlant est très rapidement balayé du scénario, soit par les auteurs même qui préfèrent ne pas traiter le sujet, soit par les personnages eux-mêmes qui décident que ce n’est finalement pas bien important. Même dans son tout dernier tiers, le métrage nous tease quelques éléments qui auraient dynamisé l’ensemble, et qui auraient d’ailleurs tout simplement justifiés le budget… sauf que passé une ligne de dialogue annonçant la situation, le métrage ne reparlera plus jamais de ça, ne nous montrera rien, et basta.
Spiderhead souffre donc clairement en premier lieu d’un scénario très bancal qui ne semble pas savoir où aller, et surtout qui préfère ne jamais prendre de risques, ne faisant que rarement douter ses personnages, et donc, le spectateur par la même occasion. On comprend très rapidement pourquoi d’ailleurs en voyant que les coupables ne sont autres que Rhett Reese et Paul Wernick. Soit deux scénaristes jamais subtils, et qui s’en tiennent le plus souvent au pitch de base sans chercher plus loin, puisqu’on leur doit les scénarios des Deadpool, Zombieland, ou 6 Underground de Michael Bay. Tout s’explique donc. Pourquoi avoir choisis ce duo pour adapter ce genre de récit, telle est la question ! Car le scénario, c’est bien la grande faiblesse du métrage. Joseph Kosinski lui fait ce qu’il peut en mise en scène, et livre d’ailleurs quelques plans intéressants, ainsi que de beaux plans d’ensemble, comme lors de l’arrivée de notre scientifique sur cette prison isolée au bord de l’eau. Les acteurs font ce qu’ils peuvent avec ce qu’ils ont, et dans le fond, ne s’en sortent pas si mal, Miles Teller retrouvant le réalisateur après Top Gun 2. Même Chris Hemsworth dans le rôle du scientifique Steve Abnesti n’est pas franchement mauvais, c’est juste son personnage qui manque clairement de développement pour le rendre totalement crédible. Dans les faits, Spiderhead n’est pas une purge, mais un film mineur pour son réalisateur, une adaptation bancale, pour un film qui l’est tout autant, même s’il propose une ambiance réussie et captive au départ.
Les plus
Une mise en scène appliquée
La première heure prenante
Une certaine ambiance intéressante
Les moins
Des personnages inutiles et peu développés
Une seconde heure décevante
Le scénario ne sait pas quoi faire de son sujet
En bref : Spiderhead est clairement une grosse déception, un film qui manque d’ampleur, de surprises, de moments chocs ou marquants. On se laisse prendre au jeu au début, mais la seconde heure a du mal à camoufler ses défauts.
A FEW WORDS IN ENGLISH | |
THE GOOD | THE BAD |
♥ Visually it’s well done ♥ The first hour ♥ The film has a certain atmosphere |
⊗ Some characters have no development at all ⊗ The second hour ⊗ The script doesn’t know what to do with its concept |
Spiderhead is clearly a big disappointment, a film that lacks surprises, shocking or striking moments. We get caught up in the game at first, but the second hour has trouble hiding its flaws. |
La faute aux scénaristes alors ? Remarque ça parait logique. Dingue qu’un tel réal puisse tomber dans un tel piège – pas vu le film mais ça ne fait pas envie. OBLIVION, ONLY THE BRAVE, TOP GUN, franchement il est costaud le bonhomme. Tant pis !
Pour moi oui. Beaucoup trop ambitieux pour eux, dans les thématiques, dans le fait de devoir faire des choix, prendre parti, ce qu’ils ne font en fait jamais. Après c’est le risque de certains réals qui ne touchent pas du tout au scénario, tu peux débarquer sur un projet où tout a l’air bien, mais tu ne fais que mettre en scène les pages que l’on te donne. L’expérience Netflix ne lui aura pas été bénéfique.
Comme Oli, j’aime plutôt le travail de Kosinski mais je crois qu’il s’est fait avoir sur ce projet. Pas trop envie d’aller voir plus loin. J’attends le suivant, c’est mieux.
J’aime bien aussi son travail même si je n’ai pas tout vu. J’avais été le premier, malgré de très gros défauts, à défendre son travail sur TRON LEGACY à sa sortie. Bref en ce qui concerne SPIDERHEAD, possible que le scénario n’ai pas été au niveau après coup, ou que Netflix derrière ne voulait pas prendre trop de risques vu le budget, ou peut-être que tout le monde a traité le film comme un petit projet en attendant la sortie de TOP GUN 2, qui lui était déjà tourné et attendait depuis des lustres pour sortir au cinéma.
J’avais aussi bien aimé « Oblivion », c’est d’ailleurs ce film qui a suscité ma curiosité autour de ses films.
Jamais vu ce OBLIVION justement, à sa sortie il m’avait un peu fait peur. A voir à l’ocaz !