Sortie : 30 Avril 2021
Genre: Remaster utile
Studio : Bioware
Éditeur : Electronic Arts
Joué et testé sur : Playstation 4 Pro
Existe sur : PlayStation 4, Xbox One, Xbox Series X et Series S, PC
Synopsis : Le jeu se déroule en 2183 dans notre propre galaxie, la Voie lactée, et relate la quête du Commandant Shepard, pour empêcher le « Spectre » renégat Saren Arterius de mener une armée de Geth, des machines ayant acquis une forme d’intelligence collective élaborée, à la conquête de la galaxie.
Allez, il est temps de dire les choses telles qu’elles sont. Si aujourd’hui, j’apprécie les jeux vidéo, que je suis fan de certaines licences et que cela se remarque aisément via mes avis (Silent Hill, Yakuza, Resident Evil, Project Zero), cela n’a pas toujours été le cas, et pendant quasiment une dizaine d’années, je ne jouais plus, du tout. En fait, c’est toute la génération Playstation 3 / Xbox 360 que j’aurais boudé, ne passant à la caisse pour une Playstation 3 que lors de la sortie de la Playstation 4. Ce qui me permettait dans un sens de me remettre doucement aux jeux, avec un catalogue bien fourni. Depuis, j’ai rattrapé mon retard, avec les Yakuza, la saga FEAR, pas mal de jeux, la trilogie Dead Space. Et justement, en parlant de Dead Space, distribué par la maléfique société EA, trilogie de science-fiction qui commença très fort, monta avec un second opus avant de chuter, la faute à des demandes improbables de la part de l’éditeur déjà cité, comment ne pas faire le lien avec une autre saga culte, une autre trilogie, elle aussi dans un univers de science-fiction, j’ai nommé Mass Effect, développé par Bioware et édité donc par EA. Sauf que, pour une raison que tout le monde ignore, même moi, je n’ai jamais sauté le pas. Il faut dire que le premier opus, datant de 2007, n’était sorti sur Playstation 3 qu’en dématérialisé, et que la science-fiction en mode RPG, ça ne m’attirait pas spécialement sur le papier. Puis, vu tous les jeux existants, et bien, j’avais de quoi faire. Mais un jour, EA s’est décidé, pour capitaliser sur ses succès d’antan, de faire comme tout le monde : de prendre l’argent des fans avec un produit facile, un remaster. Sauf que pour une fois, quand comme moi, on n’a jamais touché aux jeux originaux, qu’on ne les a pas, et bien c’est une belle occasion, surtout lorsque l’on trouve du coup la trilogie en promotion pour une bouchée de pain aujourd’hui. Mass Effect n’attendait que moi en réalité. Aujourd’hui donc, en 2023, soit 16 ans après sa sortie initiale, j’ai touché Mass Effect, j’ai terminé Mass Effect, et je comprends totalement l’engouement d’une très grande partie du public, même si c’était loin d’être parfait.
En réalité, et bien que je ne puisse pas confirmer, faute d’avoir fait le jeu d’origine, ce remaster un brin fainéant semble tout simplement avoir magnifié ce qui fonctionnait déjà, tout en conservant les défauts du jeu de base. Mais je suis mauvaise langue, car s’il y a toujours des défauts, j’aurais pu lire que ces défauts sont moins gênants que dans le jeu d’origine. EA pourra bien dire que cela était le but, pour ne pas dénaturer l’expérience originale, ce qui, il est vrai, est un argument valable, pour une fois. Alors je ne vais pas vous faire l’affront d’expliquer en 2023 ce qu’est Mass Effect, alors que la saga comporte 4 jeux, une fanbase solide, a eu droit à un long métrage d’animation, et que si tout va bien, un cinquième jeu est en pleine production et qu’une série devrait voir le jour sur Amazon. Mais grosso modo, pour les quelques-uns du fond qui vivaient, comme moi, dans une grotte, Mass Effect, c’est un peu le Star Wars du jeu vidéo pour son côté space opéra, mais surtout le Star Trek du jeu vidéo pour ses thématiques et l’aspect parfois politique et social. On y incarne le capitaine Shepard, dans un futur proche (le 22ème siècle), au sein du vaisseau Normandy, travaillant pour le conseil galactique qui unis toutes les espèces, et qui lors d’une mission plus ou moins de routine pour prouver sa valeur et ainsi pouvoir intégrer une unité d’élite appelée Spectre, va se retrouver dans une histoire qui le dépasse totalement. Car la galaxie toute entière est menacée pour une étrange race alien nommée les Moissonneurs (ou The Reapers en VO, ça sonne tout de suite mieux), créatures non organiques gigantesques qui tous les 50 000 ans remettent les pendules à l’heure en anéantissant toute vie dans la galaxie. Une histoire en soit très simple, avec un gentil très gentil (ou pas, suivant les choix du joueur), un méchant parfaitement identifiable, car si les fameux moissonneurs sont la grande menace de la galaxie, l’ennemi de ce premier jeu prend un visage simple, avec Saren, un alien de la race des Turiens qui aide les moissonneurs. Une guerre, un gentil, un méchant, une mission impossible, pleins d’aliens, on est dans du pur space opéra.
Mais il ne faut pas juger un livre à sa couverture, et il ne faut pas juger Mass Effect aux grandes lignes de son histoire. Car s’il faut bien féliciter Bioware sur un point, c’est sur la création de son univers. Mass Effect, dans son écriture générale, pourrait presque faire un sans-faute. Que ce soit les personnages, les situations, les dialogues, la narration générale, le découpage des missions, Mass Effect se fait extrêmement bien fichu, et donc fatalement, extrêmement prenant. L’univers créé est cohérent et fascinant, et on se prend très rapidement au jeu du voyage dans la galaxie de planète en planète, pour en apprendre plus, lire les descriptions, découvrir de magnifiques panoramas, parler avec nos compagnons, s’attacher à eux. Bref, ça fonctionne, et ça a beau être bavard, ça reste extrêmement bien rythmé. Tout ce qui touche à l’univers créé pour le jeu est un sans faute en réalité, et on se surprend parfois, entre deux fusillades, à prendre le temps d’en apprendre plus sur des événements anodins, mais donnant justement de la crédibilité à cet univers. Et pour renforcer ce travail d’écriture, et d’imagination, Bioware a aussi mit le paquet sur deux autres points. Le premier, c’est la direction artistique. Mass Effect, remasterisé ou pas, a beau être un jeu de 2007, ça se ressent, mais on passe rapidement outre, car au-delà des graphismes, il y a la direction artistique, et elle, elle est magnifique. Ce remaster ajoute des effets de lumières un peu partout et lisse les textures, et on se retrouve devant quelque chose d’imparfait, de daté aussi certes, mais de charmant et enchanteur, qui pousse à la découverte. L’autre excellent point de la part du studio, ce sera l’ambiance musicale.
Entre des moments purement d’ambiance qui ne sont pas sans rappeler du Blade Runner et des moments bien plus épiques ramenant au space opéra plus simple façon Star Wars, c’est un gros plaisir pour les oreilles, dés le menu principal. Mais nous parlons bien d’un jeu vidéo, et il serait temps de parler de tout le reste, comme par exemple, le gameplay, son mélange de TPS et de RPG. Et là par contre, il y a clairement à redire. Alors rien qui ne fait de Mass Effect un mauvais jeu, car le reste est suffisamment fort et intéressant pour nous tenir embarqué, mais ses défauts, ils sont là. Le joueur parcourt donc la galaxie, passant de planète en planète, de système en système, pour accomplir sa mission, retrouver la trace de Saren, et empêcher la destruction de la galaxie. Pour y arriver donc, des missions principales, des secondaires, et un mélange de TPS une fois sur le terrain et de RPG pour les moments plus calmes à bord de notre vaisseau, le Normandy. Commençons par la partie solide, la partie RPG. Mass Effect est bavard, et nous force à faire des choix, et donc, à nous investir dans son univers. Nos choix ont des conséquences, encore plus par la suite (notre sauvegarde de Mass Effect 1 est exportable sur le 2 puis le 3 pour des conséquences à très long terme), et parfois, le bon choix n’est pas évident. Laisser en vie une espèce dangereuse ou l’éliminer définitivement, donc faire un génocide ? Donner raison à tel partenaire ou tel autre. Parfois, les conséquences sont énormes, et parfois, cela nous permettra de mettre dans notre lit un personnage du sexe opposé. Le jeu se joue presque de nous parfois, comme lors de cette mission critique ou peu importe notre choix, l’on perdra forcément quelque chose en chemin. Et si ce système de roleplay fonctionne aussi bien, c’est car l’écriture de chez Bioware est vraiment solide.
Mais ce n’est pas tout, puisque les composantes RPG continuent dans la gestion de l’inventaire, avec des mods d’armes, des armures en pagaille, et il faudra gérer tout ça, pour nous… mais aussi pour chaque membre de notre équipe. Et autant le dire, on peut s’y perdre, tant parfois, ça manque un peu de clarté. Rien de méchant, mais lorsque l’on commence à accumuler les mods, un peu frustrant. Par contre, c’est dans le reste de son gameplay où Mass Effect fait vieillot, mais qu’avec le recul, il le faisait sans doute déjà en 2007. En fusillades, le jeu se transforme donc en cover shooter. Rien d’original jusque-là. Sauf que jouer aujourd’hui à un cover shooter où pour se mettre à couvert, il n’y a aucun bouton, mais qu’il faut se coller contre un mur ou une caisse, et reculer pour reprendre sa position normale, c’est… contre naturel. Se cacher derrière une caisse et ne rien pouvoir faire si l’on vise, c’est frustrant. Pas de bouton donc pour se mettre à couvert, pour en sortir, ni pour passer au-dessus d’un obstacle d’ailleurs, Shepard reste collé au sol. Si on ajoute à tout ça un feeling des armes pas fou, et surtout que ces armes surchauffent lorsque l’on tire trop longtemps, et on peut lever un sourcil. Heureusement dans ce cas, il y a aussi les pouvoirs, différents suivant la classe de notre personnage, et ils sont plutôt fun c’est vrai. Malheureusement, il y a encore une ombre au tableau, à savoir l’exploration des planètes. Là, on se retrouve dans le Mako, un véhicule, à explorer des planètes souvent vides, avec de jolis panoramas mais qui tournent vite en rond, et avec une maniabilité sans aucune sensation. Pire dans la version d’origine apparemment, mais même en remaster, il n’y a pas de sensations, et ces phases, pas bien longues heureusement, sont loin d’être passionnantes.
Ces défauts, ils sont présents, ils existent, ils sont parfois gênants, mais étonnement, et c’est là le miracle, et bien pour peu que l’on adhère à son univers, on n’y ferait presque plus attention. Les fusillades, on finit par s’y faire à ces couvertures pas du tout pratiques. Les balades en Mako, elles sont peu intéressantes, mais rapides au final. Et on retourne alors bien vite dans notre vaisseau à faire avancer l’histoire, à remonter le moral à nos coéquipiers, et à se dire que tout ces défauts, c’est un maigre prix à payer pour sauver toute une galaxie après tout. Mass Effect premier du nom n’est sans doute pas le messie que les fans de la première heure nous vendent, et c’est d’ailleurs assez dangereux de le présenter ainsi vu ses défauts voyants, puisque se lancer en attendant le chef d’œuvre ultime pourrait se solder par une sacrée douche froide. Mais même en découvrant la citadelle, Shepard, Saren, Liara (la femme de ma vie dans le jeu) et les Moissonneurs en 2023, les autres qualités restent assez fortes pour passionner et nous donner envie de nous investir dans cette quête. Si bien qu’une fois le jeu bouclé après un bon 25 heures, je n’avais qu’une seule envie en tête, lancer Mass Effect 2. Car arrêter Saren, c’est bien. Mais ce n’est pas ça qui va sauver la galaxie sur le long terme. Pour le coup donc, je remercierais EA pour ce remaster, et c’est bien la première fois depuis longtemps que je dis du bien sur eux.
Les plus
Un univers passionnant et cohérent
Une belle écriture de personnages
Une très belle direction artistique
Un jeu prenant
Le mélange de genres
Le côté RPG et les différents choix, pas toujours simples
Pas trop long, pas trop court, juste ce qu’il faut
Les musiques, souvent magnifiques
Les moins
Aucun bouton pour se mettre à couvert
Manque de feeling sur certaines armes
La conduite du MAKO
L’exploration des planètes, pas bien passionnante
En bref : Mass Effect, découvert en 2023, c’était très sympa. Pas une claque, mais la découverte d’un univers très bien pensé, très bien écrit, et du coup, une aventure passionnante à suivre, malgré ses défauts évidents de gameplay.