I STILL SEE YOU de Scott Speer (2018)

I STILL SEE YOU

Titre Original : I Still See You
2018 – Etats Unis
Genre : Fantastique
Durée : 1h38
Réalisation : Scott Speer
Musique : Bear McCreary
Scénario : Jason Fuchs d’après le roman de Daniel Waters

Avec Bella Thorne, Richard Harmon, Dermot Mulroney, Amy Price-Francis, Shaun Benson et Louis Herthum

Synopsis : Il y a dix ans, une grande catastrophe a eu lieu, faisant des milliers de morts. Seulement les morts sont toujours parmi nous, en tant que résidus fantomatiques, apparaissant tous les jours à la même heure, et faisant toujours les mêmes choses. Ils ne peuvent par contre pas interagir avec les vivants. Veronica, étudiante qui a perdue son père lors des événements, se rends compte d’un phénomène étrange. De plus en plus de fantômes apparaissent, et l’un d’eux lui laisse même un message.

Les films fantastiques tout public visant le public adolescent et surtout adaptant des romans, on en bouffe pas mal depuis des années, et il faut avouer qu’au-delà du fait que je ne suis de base pas le public visé, j’ai souvent l’impression que ces métrages insultent l’intelligence de son public par dessus tout. Mais malgré tout, je ne suis pas réfractaire au genre, il faut bien des films pour tout le monde, tant que ces films sont bien faits. C’est ainsi que je me retrouve aujourd’hui à vous parler de I Still See You, petite péloche fantastique adaptant un roman de Daniel Waters et visant clairement un public relativement adolescent, avec sa jeune héroïne étudiante qui va craquer pour un jeune homme de sa classe au passé mystérieux, le tout 10 ans après une apocalypse qui aura plongé le monde dans une situation étrange, avec des fantômes inoffensifs vivants parmi nous. Mais à la lecture du pitch, je me suis dis pourquoi pas. En voyant dans le rôle principal Bella Thorne, je me suis dit la même chose. Elle semblait s’éclater dans the Babysitter de McG, en plus d’être apparue au casting d’autres films du genre, certes à la qualité variable (le pas fameux found footage Keep Watching, et le dernier Amityville : The Awakening, sympathique mais inutile), mais tout de même. Et au final, I Still See You se pose clairement au-dessus du lot des nombreuses productions du genre, de par son point de départ et le sérieux général de sa mise en scène. Même son scénario, s’aventurant au fur et à mesure vers des territoires plus classiques et balisés que son point de départ ne le laissait espérer s’avère néanmoins écrit avec sérieux et se laisse suivre avec intérêt. Oui, malgré son final un peu cliché et déjà vu ailleurs.

I Still See You part en tout cas avec un bon point de départ. Une catastrophe ayant changée la face du monde. Une catastrophe produite par l’homme bien entendu, avec un accélérateur de particule, une expérience qui tourne mal, et une ville rasée de la carte, annihilant ses habitants, et en faisant des fantômes. Mais pas des fantômes comme on en voit partout. Juste des projections, apparaissant tous les jours, à la même heure, et faisant une action de leur quotidien passé. Des projections pouvant durer 20 secondes comme 10 minutes. Un point de départ intéressant qui peut amener de nombreuses choses pour notre personnage principal, se reprochant la mort de son père, apparaissant tous les jours dans la cuisine, lisant le journal comme si de rien n’était, avant de disparaître. La culpabilité, l’impossibilité d’aller de l’avant, tout ça tout ça. Forcément, deux éléments mettent la puce à l’oreille de notre étudiante, Veronica (Bella Thorne donc). En premier lieu, le fait que ces projections du passé soient de plus en plus nombreuses, et le fait que certaines d’entre elles semblent briser les règles établies depuis leur apparition. Oui, les projections sont censées faire encore et toujours les mêmes actions, sans pouvoir interagir avec le monde qui les entoure. En théorie ! Car très rapidement, les règles établies s’avèrent obsolète, ce qui, vous vous en doutez, va lancer l’intrigue du métrage, se transformant en enquête légèrement fantastique, légèrement policière (avec rebondissements, coups bas, infiltration en zone contaminée) et légèrement romantique (Veronica sera aidée par un jeune homme de sa classe). Et c’est ce qui est au final dommage, c’est que plus ça avance, moins le film semble enclin à prendre des risques.

Oui, le métrage, comme dit bien plus haut, vise un public relativement adolescent, pour qui un rien pourra faire office de sensations fortes, et le métrage va rester calme, et ne jamais sortir de sa zone de confort. Pour autant, il n’en demeure pas mauvais. Alors oui, certains twists sont prévisibles (notamment l’identité du responsable), certains éléments comme la romance viennent ajouter une dose de prévisibilité à l’ensemble également. Mais le métrage ne cherche pas à en faire trop non plus, et évite de tomber dans le sentimental jusqu’à plus soif, préférant savoir à qui il s’adresse sans pour autant y aller jusqu’à l’écœurement. La structure narrative reste correcte, le mystère intéressant à découvrir, et mieux, le réalisateur parvient à soigner l’emballage général de son film, que ce soit par une mise en scène sobre, des effets spéciaux discrets, une jolie photographie et même quelques plans marquants. Ce qui, venant de Scott Speer, plutôt habitué aux films musicaux ou romantiques (Step Up Revolution par exemple, et une série de clips musicaux pour Ashley Tisdale depuis 2007), est un exploit en soit dans un registre fantastique. L’ensemble est sérieux et transpire l’envie de bien faire, même si on sent que l’univers dépeint aurait pu être encore plus vaste, certains éléments, certes pas toujours capitaux, restant bien trop souvent en arrière plan. Mais même sur ce point, le film évite au moins la surexplication, ce qui fait également du bien au métrage. I Still See You reste donc, dans son genre, une bobine tout à fait recommandable, intéressante, pas prise de tête et sérieusement emballée.