Titre Original : The Last Voyage of the Demeter
2023 – Etats Unis
Genre : Fantastique
Durée : 1h58
Réalisation : André Øvredal
Musique : Bear McCreary
Scénario : Bragi F. Schut et Zak Olkewicz
Avec Corey Hawkins, Aisling Franciosi, Liam Cunningham, David Dastmalchian, Chris Walley, Jon Jon Briones, Stefan Kapicic et Martin Furulund
Synopsis : Le navire de commerce Demeter quitte la Transylvanie pour un long voyage vers Londres, avec à son bord une mystérieuse cargaison. D’étranges événements vont alors survenir et décimer peu à peu les membres d’équipage. Les survivants vont tenter de survivre à une présence qui sévit chaque nuit sur le Demeter.
Dernier métrage en date montrant un studio sacrifiant un de ses films sur l’autel du profit rapide (en gros, ça ne marche pas au box-office, donc ça se retrouve en streaming deux semaines plus tard, tuant ainsi toute possibilité de gagner un peu plus d’argent en salles), Le Dernier Voyage du Demeter, même si je dois avouer que je n’en avais jamais entendu parler avant sa sortie, c’est le métrage avec un fort potentiel qui éveille au moins la curiosité. Adapter un chapitre unique du roman Dracula, avec pas mal de modifications pour tenir sur un long métrage évidemment, et confier le tout au réalisateur André Øvredal, soit le réalisateur des excellents The Troll Hunter et The Autopsy of Jane Doe, c’était une bonne idée. Une bonne idée car déjà, c’est un bon réalisateur, et ensuite car ce fameux chapitre, racontant la traversée du bateau Demeter, le bateau qui amena Dracula jusqu’en Angleterre, il est à la fois intriguant et évasif, et donc permet énormément de choses. Le réalisateur, il a en plus un budget confortable pour mener sa mission à bien (45 millions de dollars pour un huis clos dans un bateau), et ce même si le projet, il ne date pas d’hier, la première ébauche du scénario ayant été signée en 2002. Les réalisateurs envisagés sont nombreux, de Robert Schwentke (Flight Plan, Red, Divergente 2 et 3) à Marcus Nispel (Massacre à la Tronçonneuse), en passant par Neil Marshall (The Descent) et David Slade (30 Jours de Nuit). Le projet traine et arrive entre les mains de André Øvredal en 2019, et c’est donc finalement en Août 2023 que le public peut poser ses yeux sur le bateau maudit. Enfin, qu’il aurait dû poser ses yeux, car à l’heure actuelle, le métrage n’a rapporté que 20 millions, qui ne devraient pas franchement augmenter vu que le film est visible en ligne. La Universal et Dracula, en 2023, c’est vraiment la débandade, après Renfield, qui lui pourtant prenait la voie de l’humour. Le Dernier Voyage de Demeter lui, prend la voie du film d’horreur tout ce qu’il y a de plus sérieux, et si c’est loin d’être parfait, le métrage a néanmoins ce petit capital sympathie qui fait que je n’ai pas envie de le descendre, loin de là.
Déjà, on ne passe pas un mauvais moment devant le métrage du Norvégien. Son scénario, bien que beaucoup trop long et sûr de lui quant à sa capacité à nous intéresser à la plupart des personnages, a quelques belles idées en poche. L’ajout d’un enfant à bord par exemple, elle semble étrange, puisque l’on sait qu’en Amérique, on n’aime pas trop se débarrasser des enfants à l’écran, et qu’en plus, en adaptant la traversée du Demeter, l’issue du récit est connue de tous. Tout le monde doit mourir, Dracula arrive bel et bien à Londres, et l’histoire continue. Mais le scénario, avec le personnage du fils du capitaine donc, mais aussi avec l’ajout d’un personnage féminin qu’il parvient plutôt bien à justifier en plus, il est malin. Malin car il se joue de nos attentes. Inconsciemment ou non, qu’importe, mais il se joue de nous, en nous faisant soupirer en mode « oui le gamin et la fille vont survivre ». Sauf que non, si en effet des libertés sont prises, même lors du final, le film reste dans l’optique de garder intact l’ambiance de Bram Stoker, et personne n’est donc à l’abris. Excellent point. On ne pourra pas en dire autant en réalité du reste de l’équipage. Entre le cuisinier croyant, le second au grand cœur, ceux qui ne sont là que pour servir de proie à Dracula, les personnages secondaires n’ont aucun réel développement, et c’est dommage car le film s’attarde pendant un long moment sur eux, prenant le temps d’établir l’équipage avant de lâcher la menace, et donc en résulte une première partie plutôt bavarde. Il faut donc signaler que oui, le métrage dure deux heures, et c’est un peu trop long. Si le métrage se débarrassait des personnages les moins développés rapidement pour resserrer son récit sur les autres, pourquoi pas, mais il ne fait pas ce choix. Mais jamais regarder le film n’est une torture, et les personnages ne feront même pas soupirer, donc, ça passe.
Là où le métrage s’en sort finalement de toute façon, c’est dans le reste. Du design de son vampire inspiré du Nosferatu de Murnau, et donc beaucoup plus terrifiant qu’un simple homme séduisant en costard, de sa mise en scène le plus souvent sobre et millimétrée, de ses apparitions furtives de sa créatures les trois quarts du temps, que l’on ne voit que comme une silhouette cachée dans l’ombre ou dans la brume environnante. Le réalisateur retarde le moment où l’on pourra admirer sa créature dans toute sa splendeur, et c’est tant mieux. Son ombre plane sur le récit dés que la nuit tombe, et ça fonctionne bien. Par contre, Le Dernier Voyage du Demeter n’est pas un film se voulant choc ou gore. Il est saignant, mais n’abuse jamais de la couleur rouge (il laisse ça à Renfield), ne multiplie pas les attaques qui vont repeindre le bateau en rouge. Il préfère jouer clairement sur l’ambiance et la menace de sa créature, et ça, il le fait plutôt bien. Même si en réalité, la longueur du film joue encore en sa défaveur, puisque l’on pourrait au final dire que le métrage dans son ensemble manque un peu de… mordant. En ce sens, évidemment, le métrage déçoit, surtout avec un tel réalisateur, et un tel concept. Mais il traite son sujet sérieusement, il se révèle beau visuellement, et autant beaucoup de personnages sont assez creux, autant les acteurs fournissent du bon boulot. On en vient évidemment à se dire que le film aurait dû être plus, être mieux, on en vient à rêver au cauchemar opaque que le métrage aurait pu être surtout vu les influences revendiquées par le réalisateur, mais en l’état, le métrage est un petit film fantastique divertissant, faisant passer un bon moment, et qui, en réalité, avec 20 minutes de moins, aurait déjà pu quelque peu corriger certains de ses défauts.
Les plus
Très beau visuellement
Le look de Dracula
Un film plaisant et fait sérieusement
Des libertés souvent bien amenées
Les moins
Trop long et manquant donc de mordant
Bien bavard au début
Beaucoup de personnages peu développés
En bref : Dernier flop d’Août 2023, Le Dernier Voyage du Demeter ne méritait pas un tel sort. Certes, il y a des failles, c’est un poil trop long, mais la proposition du réalisateur André Øvredal est honnête et fait parfois les bons choix.
A FEW WORDS IN ENGLISH | |
THE GOOD | THE BAD |
♥ Beautiful visually ♥ The design of Dracula ♥ A pleasant and serious film ♥ Some liberties in the storyline, but it works |
⊗ Too long, it lacks something ⊗ Too talkative at first ⊗ Some characters are not developed |
Last flop of August 2023, The Last Voyage of the Demeter did not deserve such a fate. Admittedly, there are flaws, it’s a bit too long, but director André Øvredal’s proposal is honest and sometimes makes the right choices. |
Tu m’as bien motivé je dois dire !
Je pense que le tort du film est d’être coincé entre le « Renfield » que tu évoques et le « Nosferatu » à venir de Robert Eggers. On devine un pitch façon « huitième passager », sans doute moins réussi visuellement et moins bien réalisé que le film de Scott, mais finalement assez bien fichu. ça me donnera une bonne raison de voir un film d’Ovredal, dont la chasse au Troll m’a toujours été décrite comme assez dispensable.
Je te l’avais furtivement dit, mais si le film n’est pas parfait, il n’a pas mérité non plus son sort. C’est bancal, trop long, mais il y a une vraie proposition, et certaines scènes restent malgré tout bien efficaces. Mais il est vrai que d’un coup comme ça, on a l’impression que les studios se lancent tous dans pleins de films de vampires, mais vu les échecs déjà de RENFIELD puis du DEMETER, ça risque d’en calmer certains. J’avais d’ailleurs perso presque oublié l’existence du Eggers, je n’ai rien suivi depuis son malheureux changement de casting principal.
Ovredal est un très bon faiseur, voire parfois bien plus. J’avais beaucoup aimé à l’époque son TROLL HUNTER, même si pas revu depuis l’achat du dvd d’ailleurs. Son AUTOPSY OF JANE DOE, beaucoup aimé aussi, et découvert un an avant sa sortie en France, sortie dont j’aurais pu passer totalement à côté via les changements de titres anglais par d’autres titres Anglais qui semblent parfois si chers à Wild Side 😉 Et lui je le conseille vivement.
Du coup, ça Ovredal bien plus fréquentable que ce que je pensais. Je prends bonne note de tous ces films à explorer.
Côté NOSFERATU, je ne sais pas trop quoi en penser. Je me méfie de Robert Eggers qui m’a déçu par deux fois. Et puis l’idée de refaire un film qui était déjà à la base une adaptation « pirate » de DRACULA. Herzog (que je vénère désormais) avait fait une première proposition tout à fait remarquable, il y a déjà fort longtemps. Mais je ne vois pas où Eggers peut m’emmener désormais. A lui de me surprendre.
Je n’ai pas vu en tout cas toute son oeuvre, mais tout ce que j’en ai vu m’a convaincu perso, avec en plus faible son DEMETER, que j’ai malgré tout franchement bien apprécié comme tu l’as lu. Ca me rappelle il y a quelques années quand je fonçais sur tous les thrillers Norvégiens et autres bobines horrifiques de chez eux que je voyais.
Autant Eggers ne m’a jamais déçu pour moi, autant NOSFERATU, c’est assez particulier pour les raisons que tu évoques. Ceci dit, je pense qu’il faudrait clairement un réalisateur très reconnaissable dans son style visuel pour apporter de la légitimité au remake. Autant le Murnau est un de mes films favoris et j’adore le Herzog, autant ils sont tous les deux clairement stylistiquement ancrés dans leur époque. Enfin nous verrons, avant ça, il y a plus grand, plus majestueux : le Scorsese que j’attend comme pas possible, et juste pour moi, le nouveau Godzilla qui sort le 1er Novembre au Japon !
Ah pour une fois on ne sera pas d’accord. Visuellement, jai trouvé ça laid. On ne se sent jamais sur un bateau, ça respire les CGI et les fonds verts, ce n’est pas aussi affreux que DEATH ON THE NILE de Brannagh, mais ça a bien peu d’élégance. On imagine juste les acteurs marcher dans un studio (sans le charme de la Hammer) devant un fond vert et puis voilà. Je n’y ai pas cru une seule seconde (exception faite de la chasse au gamin dans la cabine, pas mal). Les personnages sont bien peu intéressants, on a bien évidemment droit à un petit laïus sur le racisme, de scènes qui ne font pas vraiment sens, etc. Pas loin d’être un calvaire pour moi.
Pour le coup, tu rejoins l’avis de beaucoup de monde, enfin, en moins méchant, car en effet, comme tu le pointes, bien aimé le passage du gamin 😉
Certains fonds verts sont bien voyants, ça ne m’a pas dérangé durant la première partie, un peu plus sur la deuxième je l’admets, surtout car le vampire étant plus présent et étant lui aussi pour les plans larges en CGI, ça coince sur bien plus de niveaux.
Les studios de la Hammer, ça par contre, vrai que ça avait un charme monstrueux. Oui ça fait faux aussi, mais ça donne une ambiance particulière dès le départ.