THE PASSENGER de Carter Smith (2023)

THE PASSENGER

Titre Original : The Passenger
2023 – Etats Unis
Genre : Suspense
Durée : 1h38
Réalisation : Carter Smith
Musique : Christopher Bear
Scénario : Jack Stanley

Avec Johnny Berchtold, Kyle Gallner, Lupe Leon, Matthew Laureano, Sue Rock, Jordan Sherley, Kanesha Washington et Liza Weil

Synopsis : Alors que tout n’aurait dû être qu’une journée comme une autre dans un restaurant de burgers pour Randy, malgré les moqueries de certains de ses collègues, Benson, présent lui aussi dans l’équipe, pète un câble et avec un fusil, élimine froidement tout le monde sur place et prend Randy en otage. Prenant la route, les deux personnalités totalement opposées vont rendre visite à certaines connaissances de Randy.

The Passenger, avec sa pochette qui sent bon les films grindhouse des années 70, ça faisait envie. Encore plus lorsque l’on sait qu’il s’agît du dernier métrage signé Carter Smith, le petit génie qui nous avait offert Les Ruines il y a déjà beaucoup trop d’années, et qui s’est fait plus rare dernièrement, jusqu’à la sortie en 2022 de Swallowed. Et quoi que l’on pense de lui, de son cinéma, de ses projets et de ses thématiques, il y a plusieurs choses qu’on ne pourra jamais lui retirer, c’est ses choix de casting, souvent pertinents, et sa direction d’acteurs aux petits oignons. Et comme la psychologique des personnages qu’il met en avant semble être ce qui intéresse en premier lieu le réalisateur, c’est forcément un très gros plus. A la lecture du pitch d’ailleurs, avec The Passenger, on peut s’attendre à un thriller ultra violent, un road movie à la Tueurs Nés par exemple. Ce qui n’aurait très certainement pas été pour me déplaire dans le fond, mais Carter Smith et son scénariste Jack Stanley (qui signe là son deuxième scénario, donc je dit chapeau) partent dans une direction différente de celle attendue, mais oh combien intéressante, tant ce qu’ils veulent nous montrer, nous raconter, et bien ils le maitrisent. The Passenger donc, c’est l’histoire de Randy Bradley. Un homme que l’on cerne très rapidement sans forcément en connaître les traumas les plus profonds. Timide, couvé par sa mère, silencieux, passif, Randy, c’est un homme comme on en voit tant, qui parle peu, ne fait pas d’histoires, fait ce qu’on lui demande sans trop se poser de questions, et c’est tout. Une journée comme les autres pour lui au début, il se rend au restaurant où il travaille en voiture, écoute son patron diriger l’équipe, se voit promettre une future promotion, est moqué par les autres employés. Jusqu’à ce que Benson, travaillant lui aussi sur place, témoin du harcèlement, ne sorte fumer une cigarette, pour finalement revenir armé d’un fusil de chasse et n’explose littéralement tout le monde, tous les employés, le patron, tout sauf Randy.

L’homme armé et l’homme passif vont prendre la route ensemble après avoir caché les corps dans le frigo, et les voilà à vivre une journée ensemble, sur la route. Le film finalement, s’il s’éloigne rapidement de ce que l’on attendait de lui, a finalement l’intelligence de montrer ses intentions et la dynamique entre ses deux personnages dés le carnage initial, et ça, c’est fort, puisqu’on ne le remarque qu’au fur et à mesure. Benson ne veut pas faire de mal à Randy, et il sait pertinemment que même s’il laisse Randy seul dans une pièce, avec un téléphone à portée, ou avec la possibilité de s’enfuir, Randy ne fera rien, il ne saisira jamais sa chance de peur des répercutions. Ou tout simplement en réalité par peur de finalement devoir agir et prendre des décisions par lui-même. Le film utilise alors ce rapport de force entre les personnages, le côté passif de Randy et le côté plus agressif de Benson pour faire évoluer Randy au fur et à mesure du voyage, le forçant à s’ouvrir, à révéler ses propres failles, révélant alors la « feuille de route » du trajet sanglant du duo. Benson est un psychopathe, oui, mais cependant, il écoute Randy, se moque de lui parfois, mais, comme pour se divertir ou passer le temps, le conduira toujours là où il faut pour que Randy puisse affronter ses démons. Une complicité donc assez étrange entre les deux, fragiles, manquant clairement de confiance ce qui est logique, mais néanmoins présente. Du coup, c’est parti pour rendre visite à l’ex qui aura abandonné Randy après…la mort de son chat, ou vers son professeur de primaire qu’il aura faillit rendre aveugle suite à un accident, et qui pourrait très bien expliquer pourquoi Randy semble terrifier à l’idée de prendre ses propres décisions, car les conséquences sont parfois difficiles à assumer derrière. The Passenger est donc bel et bien un thriller psychologique avant tout.

Et à ce niveau-là, il réussit haut la main ce qu’il entreprend. Malgré quelques facilités, notamment dans le final (où la police semble attendre tranquillement en arrière-plan, car c’est mal poli de couper quelqu’un pendant un monologue). La mise en scène de Carter Smith est appliquée, le métrage affiche le plus souvent un rendu hostile et solitaire, baignant constamment dans des tons sombres et gris (sauf le final, encore), dans une petite ville qui semble souvent étonnement vide, renforçant le sentiment de ces deux âmes égarées et solitaires. Et puis bien évidemment, il y a les acteurs. Johnny Berchtold et Kyle Gallner, que je découvrais tous les deux, respectivement Randy et Benson, sont tous les deux impressionnants. Johnny Berchtold se montre crédible, fragile, et ses quelques longs dialogues les yeux en larmes sonnent vrais. Quant à Kyle Gallner, il est très souvent impressionnant, autant dans ses longs monologues, que dans ses moments de doutes où il laisse sa gestuelle s’exprimer, que dans ses pétages de plombs imprévisibles qui débarquent sans prévenir et font le plus souvent mal, car Carter Smith n’appuie pas sur la violence, non, il la filme telle qu’elle arrive, soudaine, réaliste, froide. Evidemment, on pourra toujours dire que passé « l’étude » de ses deux personnages, The Passenger ne raconte rien de nouveau ou d’exceptionnel, mais qu’importe, puisque sur le moment, le voyage proposé prend aux tripes. La plus grosse interrogation, c’est qu’entre ses boites de productions (MGM+, Blumhouse, Paramount +), comment le métrage va arriver en France ?

Les plus

Un très bon traitement de personnages
Des acteurs exceptionnels
Une excellente tension
La violence, rare mais marquante
Visuellement sobre et efficace

Les moins

Un final un peu plus facile

En bref : The Passenger, c’est un road movie entre deux personnages, tout en tension, en dialogues, qui parvient à prendre aux tripes grâce à une écriture fine et des acteurs impliqués et très bien dirigés, dont la violence parvient à surprendre. Un coup de cœur pour 2023.

A FEW WORDS IN ENGLISH
THE GOOD THE BAD
♥ Very well written characters
♥ Some great actors
♥ Good tension
♥ The violence is rare but it matters
♥ Visually clean and effective
⊗ A bit too easy near the end
The Passenger is a road movie with two characters, all in tension, in dialogues, and it works thanks to a good script and fine dialogues, and well directed actors. Easily one of my 2023’s favorites.

2 réflexions sur « THE PASSENGER de Carter Smith (2023) »

  1. C’était super, mais pas une surprise, THE RUINS était déjà bien, en effet. J’ai adoré cette espèce de road movie tendu se déroulant en fait sur une toute petite poignée de kilomètres. Excellents acteurs, bons dialogues, scènes très prenantes et personnages réussis… L’un des films de l’année pour moi ! Merci de me l’avoir recommandé.

    Par contre je pense vraiment qu’il faut se lancer dans le film sans trop en savoir, tu dévoiles plein de trucs, déjà dans ton pitch, j’aurais été super déçu d’avoir toutes ces infos avant de regarder le film – je pousse sans doute le bouchon très loin, mais même la « scène d’intro », je pense qu’il vaut mieux ne pas en parler (j’imagine qu’elle est dans le trailer, qu’il faut donc également éviter). Mais encore une fois, peut-être que ça vient de moi, et que ça ne dérange pas la majorité des spectateurs.

    1. Comme je te l’ai dit, super content que tu ai autant apprécié. Carter Smith est un super directeur d’acteurs et avec un scénario qui se base autant sur les personnages, ça fait des miracles. On en parle pas assez par contre.

      Je n’ai pas vu le trailer donc je ne saurais te dire, mais difficile de parler de manière construite du film sans parler au moins de ça, du moins si tu veux en parler dans un article assez long. Mais j’ai essayé malgré tout d’en révéler le moins possible. J’espère que ce film aura droit au moins quelque part à une édition physique, faut que je me renseigne.

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