DANS LES HAUTES HERBES (In the Tall Grass) de Vincenzo Natali (2019)

DANS LES HAUTES HERBES

Titre Original : In The Tall Grass
2019 – Canada
Genre : Fantastique
Durée : 1h41
Réalisation : Vincenzo Natali
Musique : Mark Korven
Scénario : Vincenzo Natali d’après le roman de Stephen King et Joe Hill

Avec Harrison Gilbertson, Laysiua De Oliveira, Avery Whitted, Patrick Wilson, Rachel Wilson et Will Buie Jr.

Synopsis : Becky DeMuth et son frère Cal voyagent à San Diego pour que Becky, enceinte de six mois, puisse donner son enfant à l’adoption. En s’arrêtant à l’extérieur d’une vieille église, ils entendent les cris de détresse d’un jeune garçon nommé Tobin, venant d’un champ de hautes herbes situé en face de l’église. Ils entendent ensuite sa mère, Natalie, le supplier de n’appeler personne. Inquiets, Becky et Cal entrent dans le champ mais sont vite séparés et découvrent que la distance qui les sépare change étrangement.

Film produit pour Netflix, Dans les Hautes Herbes avait tout pour plaire à l’amateur, ou du moins atisser sa curiosité. Vincenzo Natali réalise en plus de signer le scénario, lui qui se fait plutôt rare sur les écrans et qui avait marqué en son temps avec Cube (le premier hein) ou encore Splice, et qui devait en 2018 relancer la saga Tremors avec un téléfilm contenant Fred Ward et Kevin Bacon, et qui a ou n’a pas vu le jour, difficile de savoir (apparemment, ça devait être une série, le pilote fut tourné, mais la série abandonnée). Et puis, c’est l’adaptation d’un roman coécrit par Stephen King, qu’on ne présente pas, et son fils, Joe Hill. Si en plus on ajoute à l’écran Patrick Wilson, bien connu des amateurs pour sa participation aux sagas Insidious et Conjuring de James Wan, mais que l’on avait pour beaucoup découvert dans le marquant Hard Candy en 2005, et redécouvert dans l’excellent Bone Tomahawk aux côtés de Kurt Russell en 2015. Du bien beau monde pour un film qui sur le papier, pourrait rapidement tomber dans le ridicule. Des hautes herbes qui doivent nous terrifier, ce n’est pas commun, même si l’on sait depuis le temps que des choses affreuses se cachent souvent dans les champs chez Stephen King (Les Enfants du Maïs et cette bien trop longue saga pour une bien trop courte nouvelle). On a pleinement confiance en Natali du coup pour livrer un film efficace, un huis clos en extérieur ou un champ perdu au milieu d’une route Américaine remplace le cube de son film du même nom. Pendant 20 minutes, c’est d’ailleurs surprenant, ultra prenant et soyons clair, même très bon. Le film ne perd pas de temps pour perdre déjà deux personnages en ses lieux, c’est très bien filmé, le design sonore est très réussi, le concept aussi simple qu’ingénieux.

Imaginez un peu, un champ de hautes herbes, on a déjà de quoi se perdre là-dedans et vite perdre ses repères, ce qui poussera n’importe qui ayant un jardin à tondre assez souvent sa pelouse. Mais imaginez maintenant si la physique au sein de ces herbes ne fonctionne pas comme on le pense, et déplace les choses, constamment, se transformant donc en un véritable labyrinthe qui ne trouve au départ aucun sens. Puis le métrage vient perdre d’autres personnages, une famille tout à fait banale avec leur fils Tobin, et Patrick Wilson faisant le père travaillant dans l’immobilier. Puis Travis, à la recherche de sa copine qui a disparue et se retrouve là lui aussi. Ça continue de plus belle, même si la magie du début s’évapore un peu, mais qu’importe, l’ensemble reste sérieux, efficace. Mais on se rend rapidement compte que Natali semble vouloir complexifier son film comme pour justifier la durée de 1h41, comme s’il ne se sentait pas capable de tenir sur la durée avec un concept aussi simple que des hautes herbes qui déplacent les choses et qui abritent un rocher étrange (superbement filmé d’ailleurs) d’origine inconnue. C’est le souci en fait, que le film cherche à tout complexifier, oubliant sa relative simplicité de propos, et tournant alors un peu plus en rond, alors justement qu’il cherche à éviter cela, en ne déplaçant plus seulement ses personnages dans l’espace, mais également dans le temps. Le tout en n’expliquant pas grand-chose. Je ne suis pas pour l’explication rationnelle incessante au cinéma, mais que l’on comprenne au moins comment fonctionne l’univers du film de manière générale, pour lui faire gagner en cohérence.

Et Dans les Hautes Herbes se fait trop flou à ce niveau, donnant l’impression que quelques éléments nous sont balancés dans l’intrigue juste pour pouvoir la faire avancer, ou par caprice, plus que par cohérence avec son propre univers. Et c’est dommage, car la première heure s’avérait très efficace, Patrick Wilson qui pète très rapidement les plombs sort du lot (il faut dire que les autres personnages sont plutôt fades finalement) et se fait clairement plaisir, et Natali soigne totalement sa mise en scène, parvenant même à livrer quelques plans inquiétants. Il aurait pu certes aller plus loin visuellement pour donner un aspect plus marquant aux quelques visions horrifiques qu’il nous réserve dans la dernière partie, et préfère quelque peu rester à la surface des choses, mais en soit, son boulot est propre et plutôt intriguant, jusqu’au design sonore du film avec ces chants, qui en écoutant bien, semblent dire « We are the Grass ». C’est véritablement dans son scénario que ça coince un peu plus, notamment dans la dernière partie, sans parler du final, que je trouve personnellement raté. C’est dommage, mais l’effort reste louable, le concept de base est bon, Patrick Wilson excellent, c’est beau visuellement et certaines scènes inquiètent. Ça aurait juste dû être plus court, ou mieux écrit sur la fin.

Les plus

Visuellement ça claque bien
Rendre des herbes effrayantes, c’est possible
Patrick Wilson
Quelques scènes intéressantes

Les moins

Un univers aux règles assez floues
Final raté
Trop long ou mal exploité parfois ?

En bref : Beaucoup de potentiel, pour un film au final sympathique mais qui se mords petit à petit la queue, en voulant en faire trop, et en amenant de nouveaux éléments à son univers sans forcément expliquer les limites de ce dit univers.

A FEW WORDS IN ENGLISH
THE GOOD THE BAD
♥ Visually it’s impressive
♥ It’s possible, the grass is at times terrifying
♥ Patrick Wilson
♥ A few interesting scenes
⊗ We would like to know the rules a bit more
⊗ Bad finale
⊗ Too long probably
Lots of potential, for an entertaining film but which tries to do too much, with new elements all the time, without really explaining them or how the world works.

5 réflexions sur « DANS LES HAUTES HERBES (In the Tall Grass) de Vincenzo Natali (2019) »

    1. Ca se regarde quand même bien, pour l’avoir revu 2/3 mois avant mon départ avec un pote, mon avis n’a pas changé d’un iota. Natali n’empêche a pas de bol, un peu tombé dans l’oubli passé ses débuts, et il a l’air d’avoir du mal à rebondir, entre ça pour Netflix (même si oui, potable hein), le pilote Tremors annulé, le fait qu’il soit producteur (sans doute de loin) sur le remake Japonais de CUBE… Triste.

      1. Natali n’y arrive pas. J’ai revu CYPHER récemment, l’un de ses vieux films et ça a mal vieilli (J’avais adoré à l’époque) mais il y a des idées et tout, c’est pas mal. Mais après… Je crois qu’il tourne beaucoup d’épisodes de séries télés pour remplir son compte en banque (et ce n’est pas une critique, il faut bien vivre)…

  1. Un film de labyrinthe, parfait pour l’homme derrière le CUBE. Même si Oli semble trouver cette herbe un brin frelatée, je serais curieux de voir comment Natali nous a fait pousser tout ça.
    Ta critique m’a donné envie en tout cas.

    1. Pas parfait mais à mon sens, il reste sympathique et fait avec assez de sérieux pour plaire aux amateurs. Et si tu as une bonne installation sonore, encore mieux.

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