Titre Original : Koryu no Mura – 黄龍の村
2021 – Japon
Genre : Action horrifique
Durée : 1h06
Réalisation : Sakamoto Yugo
Musique :
Scénario : Sakamoto Yugo
Avec Mizuishi Atomu, Matsumoto Takuya, Ueno Shiori, Ichinose Wataru, Ishizuka Shioka, Fuijii Itsuki et Ino Masayuki
Synopsis : Un groupe de huit étudiants conduisent en pleine campagne pour un week-end de repos et de camping, mais un pneu crève sur la route, et sans signal sur leur téléphone, ils s’aventurent dans le petit village de Tatsukiri non loin de là. Chaleureusement accueillit, les choses vont pourtant vite dégénérer…
Le réalisateur et scénariste Sakamoto Yugo a clairement plus d’un tour dans son sac. Alors qu’à l’international, il commence doucement à se faire connaître avec sa saga Baby Assassins (dont le premier opus doit sortir en France), il enchaîne en réalité les projets à la vitesse de l’éclair. En 2021 par exemple, il aura signé pas moins de trois métrages. Le premier Baby Assassins, A Janitor qui mettait d’ailleurs déjà les deux tueuses du titre cité à l’écran, mais aussi ce Yellow Dragon’s Village, qui promettait cette fois-ci une formule bien différente, sans tueurs professionnels, puisque le métrage nous invite à suivre huit étudiants qui partent faire du camping et vont arriver par accident dans un petit village paumé, étrange, avec ces coutumes bien à lui. Une formule en soit bien connue, surtout dans le cinéma de genre, et que Sakamoto va prendre un malin plaisir à déformer pour surprendre. On pourrait presque dire que dans son ensemble, le métrage est découpé en trois parties totalement différentes, en terme de tons déjà, mais également de genre, et même de style. Quand tout commence en tout cas, c’est la peur qui infiltre l’esprit du spectateur, tant le réalisateur semble se laisser à la facilité et partir dans une direction tout sauf recommandable. Oui, le début est filmé avec le smartphone des personnages, ce qui ne met pas en confiance, ce qui rappelle ce que beaucoup de réalisateurs sans argent (et sans talent ?) font depuis plus de 10 ans maintenant. Un cinéma vérité souvent cache misère, qui souvent se retrouve malheureusement doublé de personnages insupportables et d’une écriture qui l’est tout autant. Mais il ne faut pas se fier aux apparences dans Yellow Dragon’s Village.
Car du haut de ses 1h06 seulement, le réalisateur s’amuse à brouiller les pistes, à nous emmener dans certaines directions avant de prendre, sans se poser de questions, la direction opposée. Nos jeunes sont sur la route, se racontent des blagues, s’arrêtent pour manger, se filment, ça rigole, c’est la jeunesse après tout, que voulez-vous, il faut filmer tout et n’importe quoi même si c’est sans intérêt. Et en à peine cinq minutes, voilà que le pneu de la voiture du groupe crève, et que les personnages, alors pris de cours, vont devoir marcher pour trouver de l’aide, puisqu’il n’y a, forcément, pas de réseau. Les personnages se retrouvent dans une situation imprévue, et comme si le film était alors surpris aussi, il délaisse le smartphone au même moment qu’il n’y a plus de réseau, devenant alors un réel film de cinéma, filmé normalement, en format plein écran, avec de vrais cadrages, de vrais choix de mise en scène, de photographie. Nos personnages ne tardent pas à arriver au village de Tatsukiri, et encore une fois, heureusement qu’ils ne perdent pas de temps, car 1h06 au compteur. Et là, le spectateur est clairement en terrain connu, mais déjà bien plus recommandable, à savoir celui du film horrifique, à base de village avec ses propres lois, propres cultes, propres mythes, et forcément, des rituels qui prend souvent pour cible les pauvres voyageurs égarés par accident, ou non. Et ce qu’il y a de passionnant, c’est de voir avec quel malin plaisir le réalisateur essaye toujours de nous surprendre, retardant ce que l’on attend de lui, rechangeant encore une fois de direction à peine 20 minutes plus tard, venant intervenir la violence au moment où l’on s’y attend le moins, après avoir joué sur une horreur bien plus subtile, ou du moins, plus atmosphérique. On sent que son budget est étriqué, mais on ressent aussi clairement l’envie de bien faire, l’envie de ne pas se moquer du public qui osera laisser une chance à son film.
Ainsi, sans prévenir, le réalisateur, après avoir navigué dans des eaux prévisibles mais fort agréables, abat de nouvelles cartes et redistribue toutes les autres, permettant à Yellow Dragon’s Village de quitter le genre horrifique, de quitter ce que l’on pensait qu’il était devenu, pour aller vers un récit en soit pas nouveau également, mais qui n’était pas du tout prévu à la base dans la tête des spectateurs, et du coup, parvient bien évidemment à surprendre. Le meilleur dans toute cette histoire, c’est que l’ensemble s’emboite plutôt bien, et que jamais un élément ou un choix ne paraitre être vraiment en contradiction avec le reste, ou ne fera tache au point de nous faire sortir du film. Pas le temps de s’ennuyer en tout cas devant le spectacle que l’on nous met sous les yeux, c’est frais, bourré d’idées, pas si mal emballé, et un sérieux a toute épreuve habite l’équipe derrière le métrage. Evidemment, c’est un petit budget, le film a ses limites, atteintes d’ailleurs par moment, car forcément, filmer des actions vives et rapides en caméra à l’épaule dans une forêt et donc avec un sol accidenté, parfois, ça gênerait presque la lisibilité. Et pourtant, ces défauts, on veut lui pardonner, car on passe clairement un très bon moment devant le métrage. Nous ne sommes clairement pas devant un DTV fait uniquement pour gonfler un catalogue de streaming, mais bien un DTV fait par quelqu’un qui s’éclate derrière la caméra et tente des choses tant que son budget et son planning lui permet. Et ça, c’est salvateur.
Les plus
Des changements de tons et de genres qui surprennent
Bien emballé vu le budget
L’action de bonne facture
La partie horrifique fonctionne bien
1h06 au compteur, pas le temps de s’ennuyer
Les moins
Le début fait très, très peur
Des limites et petits défauts, petit budget oblige
En bref : Yellow Dragon’s Village commence mal, puis change de style, avant de changer de genre, plusieurs fois, surprenant le spectateur, se faisant hyper généreux dans chacune de ses propositions, et faisant passer un bon moment bien rodé malgré ses limitations.
A FEW WORDS IN ENGLISH | |
THE GOOD | THE BAD |
♥ The film switches genre and ton often, it’s surprising ♥ Well made with such a small budget ♥ Good action ♥ The horror section of the film works well ♥ 66 minutes only, no time to get bored |
⊗ The opening is terrible, filmed like a found footage ⊗ Some limitations due to the small budget |
Yellow Dragon’s Village starts badly, then it changes of style, then genre, several times, to surprise the audience, and it’s generous in each proposition it made. |