Titre Original : The Toxic Avenger
1984 – Etats Unis
Genre : Comédie d’horreur
Durée : 1h22
Réalisation : Michael Hertz et Lloyd Kaufman
Musique : –
Scénario : Lloyd Kaufman et Joe Ritter
Avec Mitch Cohen, Mark Torgi, Andree Maranda, Pat Ryan Jr., Sarabel Levinson, Dan Snow, Dick Martinsen et Gary Schneider
Synopsis : Melvin, homme de ménage dans une piscine à Tromaville, est le souffre-douleur de la bande de Bozo, qui avec ses potes, passe la nuit dehors à écraser tout ceux qui croisent sa route en voiture. Alors qu’ils tentent de ridiculiser Melvin, il tombe dans un fut de déchets toxiques, et se transforme en monstre hideux et surpuissant, qui va partir dans les rues pour chasser le crime.
Ce qui est assez surprenant avec Toxic Avenger, c’est de voir le chemin parcouru par la société Troma entre sa création en 1974, sa consécration et dans un sens, sa voie enfin trouvée en 1984 avec ce film, la fin des années 80/début des années 90 assez compliquées avec des financiers extérieurs, et une nouvelle voie trouvée à la fin des années 90, toujours là aujourd’hui malgré des films plus rares. Car oui, pendant 10 ans, les films Troma, c’était avant tout des comédies pour adolescents. Puis vint le Toxic Avenger, et suivirent Class of Nuke’em High, Sgt Kabukiman et quelques autres, et à présent, la voie de Troma, c’était les films d’horreur comiques qui se permettaient de critiquer un peu tout et n’importe quoi en plus de nous montrer tout et n’importe quoi. Une certaine vision de la liberté artistique donc. Puis vint les financiers, des budgets un peu plus confortables, et une période sombre souvent faite de suites bien moins violentes, avec un humour encore plus lourd et bien souvent jamais drôle. De cette période, les deux sagas clés de la société virent des suites naitre, avec Toxic Avenger 2 et 3, et Class of Nuke’em High 2 et 3. Et c’est mauvais, même d’après les standards de Troma. La liberté revient vers eux au milieu des années 90, et progressivement, la société ira de plus en plus loin, dans l’humour, dans le sexe, dans le gore. En résulte des Tromeo & Juliet, Terror Firmer, Toxic Avenger 4. Du coup, forcément, revoir aujourd’hui le film par lequel tout commencé, le premier Toxic Avenger, c’est intéressant, et un peu nostalgique à la fois, puisque l’on repart clairement à une époque où la Troma se cherchait, et utilisait dans le fond un humour « bon enfant ». Trash, mais bon enfant, un peu plus nuancé, un peu plus espacé plutôt que de jouer sur l’accumulation comme récemment. Le gore, l’humour, le sexe, tout était là, mais nuancé. Déjà fauché, mais nuancé.
A des années lumières donc de ce que la société fera à partir de la fin des années 90 à partir de Terror Firmer, où ça fait plus de bruit, où ça doit éclabousser l’écran de substances diverses non stop, aller toujours plus loin dans le gras, dans le gore, dans le cul. Jusqu’à saturation ? Peut-être oui. Toxic Avenger premier du nom, c’est donc un pari risqué, et un gros coup de bol. Faire un film comique et sanglant sur le premier super héros du New Jersey, tout en parlant de problèmes qui tiennent à cœur au président de Troma Lloyd Kaufman, coréalisateur du film et créateur de la bête. À savoir donc, les produits toxiques et radioactifs (entreposés n’importe comment par des irresponsables), la police (irresponsable, corrompue et même menée par un flic nazi et un Maire pourri jusqu’à la moelle), la délinquance (avec des chauffards qui écrasent des enfants pour le fun, et prendre des photos colorées en rouge), le tout avec un humour bête et méchant, et en créant le premier super héros du New Jersey. Ce super héros, c’est Melvin, un homme un peu simplet et pas très beau, qui, victime d’une blague, va tomber dans un fût de déchets toxiques, et donc, devenir encore plus moche, mais plus fort et avec un sens de la justice aiguisé, et va se servir de sa serpillère pour balayer les rues de la ville. C’est con ? Oui mais c’est totalement voulu, car Toxic Avenger, c’est un film rentre dedans, qui se fou du politiquement correct, qui se fou de la censure (ici, on tue des enfants et des chiens, on menace des bébés avec un fusil à pompe), qui veut livrer son quota de bras arrachés et de plans boobs sans se prendre la tête, tout en ayant une ambiance oui, relativement bon enfant au final.
Sans doute grâce, ou à cause de son bas budget, mais oui, Toxic Avenger premier du nom est limité, et tant mieux. Il va dans le politiquement incorrect, dans la nudité gratuite, dans le gore, dans l’humour bête et méchant, mais sa seule limite sera son budget, ou par extension, son époque. Et ça fonctionne. Oui forcément, la photographie est limitée, le jeu des acteurs aussi et d’ailleurs, souvent, ça joue mal, voir très mal, ça en fait des tonnes, les effets spéciaux sont nombreux, parfois réussis, parfois risibles et ratés, mais c’est généreux. C’est ce point aussi qui surprend, la générosité du film, malgré un budget risible, la moitié d’un petit million. Car avec tout ça, Troma peut faire des courses poursuites en voitures, les faire exploser, tuer une bonne partie du casting, utiliser une multitude de décors, tourner dans les rues (peut-être sans autorisations vous me direz), avoir un casting certes pas très bon mais assez conséquent dans son genre, en allant toujours plus loin, mais en ayant, dans le fond, des choses à dire malgré tout sur notre société, ce qui n’en fait pas une comédie potache et gore totalement gratuite, et surtout sans en faire trop pour alourdir le film ou son propos. Toxic Avenger finalement, ça a ouvert la voie à Troma, et ça a montré dés le début un certain équilibre, peut-être là par accident au final, mais bel et bien là. Nous ne sommes pas encore dans l’état d’esprit du « toujours plus », et pour peu que vous ne soyez pas réfractaire aux films fauchés, ça se suit avec un réel petit plaisir. Limité encore une fois, mais bien là. Car les créateurs croyaient au film, à leurs idées, à son humour. Et c’est sans doute pour ça que ce premier opus reste mon préféré de la saga, car il fait ce qu’il doit faire, sans en faire des tonnes, sans être lourd. Car oui, tu es sympathique Toxic Avenger 4, tu es bourré d’idées, tu vas loin, mais tu es lourd parfois !
Les plus
Drôle
Bourré d’idées
Politiquement incorrect, sans être trop gras ou lourd
Généreux, en effets, en action
Troma trouve sa voie
Les moins
Ça reste fauché, et donc parfois approximatif
Un spectacle pas pour tout le monde
En bref : Toxic Avenger, premier du nom, c’est les vrais débuts de la société Troma. Du politiquement incorrect, mélangeant humour, sexe et gore, le tout sur un ton plutôt bon enfant, et qui fait passer 1h22 de bonne humeur si l’on en supporte les excès.
A FEW WORDS IN ENGLISH | |
THE GOOD | THE BAD |
♥ Funny ♥ Lots of ideas ♥ It tries everything, without being too insistent ♥ Generous with its effects and the action ♥ Troma finds it way |
⊗ It’s a very low budget, so some things are not great (effets, actors) ⊗ The show is not for everyone |
The first Toxic Avenger, it’s Troma finding its way. Humour, sex and gore, everything with a silly tone and you’ll find 82 minutes of happiness. |