ELECTION 2 (黑社會以和為貴) de Johnnie To (2006)

ELECTION 2

Titre Original : 黑社會以和為貴
2006 – Hong Kong
Genre : Policier
Durée : 1h33
Réalisation : Johnnie To
Musique : Lo Ta-Yu
Scénario : Yau Nai-Hoi et Yip Tin-Shing

Avec Simon Yam, Louis Koo, Wong Tin-Lam, Gordon Lam, Nick Cheung, Lam Suet, Andy On, Mark Cheng, Eddie Cheung, Tam Bing-Man et Poon Yuet-Tung

Synopsis : Lok a été élu, son pouvoir est absolu. Jimmy, un dissident de la triade veut devenir un homme d’affaires honnête. Les chinois lui font une offre : s’il prend le contrôle de la triade, le commerce avec la Chine lui sera ouvert en toute légalité…

Le premier Election avait été une plutôt bonne surprise, avec un métrage solide, une certaine ironie envers son sujet, et ce même si dans le fond, les triades et leurs combines, et bien, on les connait, rien de nouveau sous le soleil. Mais quand c’est aussi bien fait, solidement interprété, en plus de ne pas étirer son concept, on l’accepte. Une question se pose alors. Election 2 était-il utile ? Dans les faits, non, puisqu’avec son concept d’élection arrivant tous les deux ans au sein de la triade, le concept est autant limité que déclinable à l’infini. Election 2 ne s’en cache pas vraiment au départ, commençant grossièrement exactement comme le premier, à savoir, les élections approchent. Lok, toujours interprété par Simon Yam, était au pouvoir depuis deux ans. Qui va donc pouvoir lui succéder, lui qui aurait admirablement bien fait son travail, puisque la société se porte au mieux ? Là où Election 2 fait un choix plutôt intéressant, c’est dans sa position, entre la redite et le prolongement. Car il aurait été très facile de ne faire qu’une simple suite qui ressemble comme deux gouttes d’eau à son ainé, avec une poignée de nouveaux personnages qui vont se faire des coups bas pour atteindre la présidence, et obtenir le fameux sceptre du dragon. Ce qui est, encore une fois, dans les grandes lignes, le cas, le propos reste le même dans le fond. Mais c’est dans les petits détails que tout change, puisque les personnages restent les mêmes. Moi qui me plaignais de certains personnages laissés beaucoup trop en retraits dans le premier métrage, se focalisant alors uniquement sur le duo de tête, à savoir Simon Yam et Tony Leung Ka-Fai, et bien cette suite prend justement les personnages secondaires pour en faire les nouveaux héros. Simon Yam est toujours là, et ajoute un peu de piment dans ce jeu de trahison, puisqu’il aimerait bien rester à la tête de la société et donc, aller contre les traditions et obtenir un second mandat.

Pourquoi pas dans le fond, puisque sous son règne, la société ne s’est jamais aussi bien portée. Mais les traditions et tous les anciens ne verront pas de cet œil, sauf si face à lui, la concurrence ne fait pas le poids. Nick Cheung se verrait bien président, mais en a-t-il la carrure ? Peu le pensent. Seul concurrent viable, Jimmy, interprété par Louis Koo. Seulement Jimmy, il en a marre des triades, de l’illégalité, et jouit d’un commerce avec la Chine continentale qui rapporte gros. En bref, être président de la triade, ça ne l’intéresse pas le moins du monde. Tout pourrait aller comme sur des roulettes donc pour Lok, sauf que Jimmy se retrouve rapidement dos au mur. En effet, Election 2 accepte encore plus son côté politique, et met en relation les triades et le commerce, et par extension, les forces de l’ordre. Face à un chantage, Jimmy n’a d’autres choix que d’envisager la présidence s’il veut pouvoir continuer son juteux commerce en Chine, surtout que finalement, être président, ce n’est que pour deux ans. Les enjeux deviennent donc graves pour lui, et il devient de ce fait l’ennemi de Lok, qui va devoir alors relancer les magouilles et par extension le jeu de massacre du premier film, pour s’assurer d’avoir la possibilité même de son second mandat. Le personnage de Jimmy, par sa seule présence, vient donner un intérêt immense à cette suite qui, avec un autre personnage, n’aurait été qu’une simple et bête redite du premier film. Car Jimmy ne ressemble pas aux autres membres, il veut quitter ce milieu, il ne veut pas forcément tuer ceux qu’il considère comme des alliés (Nick Cheung par exemple). L’opposé de ce que le pouvoir a fait de Lok, transformé, prêt à tout pour garder ce pouvoir, quitte à tuer froidement quelques personnages gênants, à monter tout le monde contre Jimmy, à promettre monts et merveilles. Mais en apparence, Lok passe pour le président parfait aux yeux des anciens. Tandis que Jimmy n’apparaît d’abord que comme celui qui est trop distant envers son propre milieu.

Jimmy va donc devoir se battre, pour survivre, mais surtout pour monter au sommet, dans son propre intérêt, et en voyant tout cela sur le long terme. Quitte à perdre quelque chose d’important en cours de route. Mais sans jamais renier sa ligne de conduite. Dans le fond, Election 2 parvient, grâce à ces quelques ajouts et grâce au personnage de Jimmy, à faire mieux que le premier film, qui n’était, durant une bonne heure, que la lutte entre deux hommes, entre celui prêt à tout et qui ne s’en cachait pas, et celui qui paraissait beaucoup plus posé, mais qui montre petit à petit son vrai visage, pas si différent de son ennemi du passé. Surtout que le métrage n’en oublie pas de nous balancer quelques scènes chocs et marquantes en cours de route, des scènes qui font mal, alors qu’elles respirent la simplicité dans leur mise en image. C’est ce qui en fait sans doute leur force d’ailleurs, celle de ne pas avoir recours à de quelconques artifices pour fonctionner. C’est simple mais efficace. C’est efficace car c’est simple en réalité. Maintenant, il faut savoir s’arrêter, et fort heureusement, Johnnie To ne s’est pas laissé aller à penser Election comme une trilogie, car y-a-t-il encore réellement quelque chose à rajouter ? Dans ce second opus, plus intéressant dans le fond, on pourra néanmoins regretter quelques facilités dans l’écriture, notamment dans sa seconde partie. Rien qui ne vienne véritablement ternir le tableau, mais c’est à préciser.

Les plus

Les triades vues sous l’angle politique et commercial
Une suite qui évite miraculeusement la redite
Le personnage de Jimmy
Quelques scènes dures et marquantes
Sobre et très bien filmé

Les moins

Quelques facilités pas bien méchantes

En bref : En faisant de Jimmy, personnage très secondaire du premier film, son nouveau héros, Election 2 y gagne en thématiques sociales, politiques et commerciales. Le jeu de trahison et de meurtres continue, et se fait tout aussi solide que le premier film.

A FEW WORDS IN ENGLISH
THE GOOD THE BAD
♥ The triads, seen with the angle of the commercial’s business
♥ A sequel that avoids to be the same
♥ Jimmy, a good character
♥ A few hard scenes
♥ Well filmed
⊗ A few weaknesses in the writing
With Jimmy as the new hero, Election 2 is a winner, with more themes, especially social, political and commercial ones. The game of betrayal and murder continues, and it’s as good as the first film.

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