Titre Original : Kinjirareta Asobi – 禁じられた遊び
2023 – Japon
Genre : Classique, bancal, mais mieux
Durée : 1h50
Réalisation : Nakata Hideo
Musique : RIM
Scénario : Sugihara Noriaki
Avec Hashimoto Kanna, Shigeoka Daiki, Shôgaki Minato, Hotta Mayu, Kura Yuki, Hasegawa Shinobu, Izuka Kenta, Niiro Shinya et Megumi
Synopsis : Après la mort de Miyuki, laissant son mari et son fils seuls, des événements étranges arrivent dans leur vie. Le fils notamment se met à faire des petits rites étranges dans le jardin en espérant pouvoir faire revenir Miyuki. Seulement, quelque chose de malfaisant est là, sous terre, et va entendre les pures prières du jeune garçon…
En 2023, il faut être un peu masochiste pour oser se lancer dans la dernière œuvre réalisée par Nakata Hideo. Masochiste, ou avoir découvert le monsieur à ses débuts et se dire qu’un jour, peut-être, un éclair de génie reviendra. Après tout Nakata semble déjà un poil plus concerné lorsqu’il tourne à présent hors du domaine horrifique. Pourtant, son nouveau film, The Forbidden Play, ou plutôt Kinjirareta Asobi, c’est encore une histoire d’esprit bien méchant, et donc encore un film horrifique. Malédiction ! Ceci dit, et tout en étant très loin de crier au génie, on peut le dire, son Kinjirareta Asobi est bien meilleur que Sadako en 2019 ou It’s in the Woods en 2022. Certains me diront que ce n’est pas bien dur, et que c’est un peu comme comparer un Villeneuve avec un Uwe Boll, mais bon. Alors, commençons par le commencement, ce nouveau Nakata, adaptant un roman comme souvent, commence plutôt bien, avec cette petite famille bien comme il faut, avec le père qui a un bon travail et une collègue qui aimerait bien un peu plus avec lui, sa femme et son fils. Seulement un tragique accident arrive, et la mère les quitte, tandis que le fils est sauvé de justesse, et va vite devenir obnubiler par l’idée de faire revenir sa mère d’entre les morts, allant jusqu’à avoir un comportement étrange et faire des choses tout aussi étranges dans son jardin. Seulement, là où dans un univers normal et rationnel, le père aurait juste appelé un psy, et tout ça se serait arrangé passé quelques temps, le temps de faire le deuil, ici les prières du petit ne tombent pas dans l’oreille d’un sourd. Car là, sous terre, un esprit va l’écouter, et le bordel va commencer à se produire. Bordel à la fois pour les personnages mais aussi pour le film.
Bon, ce qui frappe en premier, c’est que oui, Nakata tourne à présent en numérique, on le sait depuis plusieurs films, et visuellement donc, ça amène du bon et du moins bon. De la flexibilité, quelques plans néanmoins travaillés, et d’autres qui ont une patine beaucoup plus lisse, voire parfois moche. Bon, on est malgré tout loin de certains désastreux plans de ces dernières années, passons. Mais il faut le préciser malgré tout. En tout cas, durant une bonne heure presque, Nakata semble déjà plus à l’aise avec l’histoire qu’il doit raconter. Pas d’égarements en territoire nanar, pas de moments involontairement drôles, pas d’acteurs à la ramasse, et même, pas ou peu de jumpscares qui font sourire maintenant. C’est plutôt sobre, plutôt agréable à suivre, et je ne dis pas ça car Hashimoto Kanna (12 Suicidal Teens, Kingdom, Signal 100), collègue de bureau de notre père veuf, est mignonne comme tout. Après tout, elle tenait le rôle principal du désastreux Violence Action en 2022, et son petit sourire ne m’aura pas rendu plus tendre avec le métrage. Mais elle n’est, en soit, pas mauvaise actrice. Elle devrait juste sans doute demander à son agent de mieux choisir ces rôles, puisqu’alternant un cinéma plus alternatif bien que grand public (Signal 100, Re/member) et vrai cinéma grand public (Once upon a Crime, la trilogie Kingdom). Bref, revenons au Nakata. Rapidement, des événements étranges se produisent, et Nakata parvient, à quelques moments, à livrer des images inquiétantes, notamment via cette forme étrange qui semble pousser dans le jardin, et qui semble respirer. Lorsque le réalisateur par contre revient à la formule habituelle de la femme fantômatique aux longs cheveux noirs, c’est déjà beaucoup moins convaincant, plus balisé, cliché, déjà vu. Mais durant une heure, le film évite les effets trop frontaux, et se fait plaisant à regarder.
Seulement, Nakata, ou le scénario, ou le roman, ou tout le monde en fait, décide par moment, notamment durant sa dernière ligne droite, de se lâcher, et là tout de suite, ça fonctionne moins bien, et l’aspect nanar de l’entreprise n’est alors jamais très loin, tant Nakata semble ne plus savoir prendre de recul avec ce qu’il filme, et donc, le filme frontalement, beaucoup trop frontalement. En résulte alors quelques séquences presque embarrassantes, quelques malheureux CGI qui feront pleurer ceux qui en étaient restés au premier Ringu et son ingéniosité suggestive, et une créature filmée de manière bien trop propre, sans jamais jouer sur l’obscurité, sur les ombres, sur les angles de caméra. Un final clairement raté en réalité, tout simplement, et qui nous rappelle que Nakata n’est réellement bon que lorsqu’il suggère l’horreur. Chose qu’il fait de moins en moins au fur et à mesure de sa carrière. Déjà dans les années 2010, The Complex et Ghost Theater, cela restait sympathique, mais fragile et par moment trop frontal. Maintenant, Nakata a franchi un stade. Comme s’il n’avait plus aucun recul avec ce qu’il filmait, et se contentait donc de poser devant sa caméra ce que le scénario décrit. Étant donné qu’il n’écrit pas, ne devrait-il pas chercher des scénaristes jouant sur la suggestion et ayant eu même une idée sur le potentiel visuel ou non de leurs créatures, et créations ? Mais voilà, aussi bancal soit ce nouveau métrage, avouons-le également, c’est un pas dans la bonne direction. Cela ne signifie aucunement que Nakata reviendra à sa gloire passée, mais s’il veut vraiment continuer, s’il pouvait au moins livrer des films regardables, ce serait bien. The Forbidden Play, c’est regardable.
Les plus
Quelques scènes efficaces
La première heure, sympathique
L’horreur, tant que le film n’en révèle pas trop
Les moins
Le final
Lorsque l’horreur est frontale, et donc risible
Les CGI
En bref : The Forbidden Play, c’est largement supérieur à Sadako ou même It’s in the Woods. Bancal oui, ne sachant par moment pas éviter le ridicule notamment dans son final, mais avec aussi, enfin, quelques qualités et bonnes scènes.
A FEW WORDS IN ENGLISH | |
THE GOOD | THE BAD |
♥ A few very effective scenes ♥ The first hour is nice ♥ The horror, when the film doesn’t show too much |
⊗ The finale ⊗ The horror, when Nakata shows us everything ⊗ The CGs |
The Forbidden Play, it’s far better than Sadako and It’s in the Woods. Yes, it’s not perfect, yes it doesn’t avoid being ridiculous at times, but finally, there are also some strong scenes. |
Ouh, ça a l’air bien moche tout ça. Il est loin le Nakata que j’aimais j’ai l’impression. En lisant le titre, je m’attendais un petit air de guitare, l’exode, la guerre (Gross malheur)et les yeux tout mouillants de Brigitte Fossey (Forbidden play/jeux interdits, tu l’avais je pense…) mais quand j’ai vu l’auteur, je me suis vite que ça n’avait sans doute aucun rapport. 😀
Le Nakata qu’on aimait tous, il a disparu depuis bien 10 ans, depuis THE COMPLEX (inédit en France de mémoire, j’ai justement acheté le blu-ray collector il y a deux mois pour une bouchée de pain). Mais comparé aux précédents, il a au moins fait un effort, il n’est pas en roue libre. Même si comparé à RINGU et DARK WATER, oui, ça fait mal, forcément.