Titre Original : Kaibutsu no Kikori – 怪物の木こり
2023 – Japon
Genre : Thriller
Durée : 1h59
Réalisation : Miike Takashi
Musique : Endô Kôji
Scénario : Koiwai Hiroyoshi d’après le roman de Kurai Mayusuke
Avec Kamenashi Kazuya, Nanao, Yoshioka Riho, Horibe Keisuke, Sometani Shôta, Minosuke, Nakamura Shidô, Shibukawa Kiyohiko et Yuzuki Reon
Synopsis : Après avoir survécu à l’attaque d’un tueur en série masqué, l’avocat impitoyable Ninomiya Akira se lance sur le chemin de la vengeance, lui qui a déjà quelques cadavres dans son placard.
Si Miike n’a plus grand-chose à prouver et qu’il a derrière lui une bien grande carrière de près de 115 films en seulement 30 ans, ce qui en soit est déjà un exploit qui pourrait rendre jaloux pas mal de monde, il faut dire ce qui est. Ces dernières années, le bougre est malgré tout moins productif, en plus d’être moins intéressant. La folie des débuts est loin, les budgets gonflent avec de gros studios derrière, et on se retrouve souvent avec des adaptations de manga tout public. Alors, tout n’est pas à jeter évidemment. À condition d’adhérer au rythme qui ne se pose jamais et aux couleurs qui explosent la rétine, sa trilogie The Mole Song était fort sympathique. Et puis, il y a eu le petit retour aux sources en 2019 avec First Love. Mais voilà, c’est un fait, Miike est bien moins productif, et en plus, depuis 2020, il semble se tourner vers la série télé, autant en visant exclusivement le public Japonais (Secret X Heroine Phantomirage, Police X Heroine Lovepatrina, en 2019 et 2020) que vers un plus large public (il a été tourner une série en Corée pour Disney +). Du coup, son tout dernier long métrage en date (Miike a depuis signé une série animée Onimusha pour Netflix), Lumberjack the Monster, il m’intriguait. Oui Miike me passionne moins, mais vu que ces longs métrages se font plus rares (3 en 4 ans là), ça sent un peu comme la fin d’une époque. Adaptation d’un roman ce coup-ci, nous y suivons Ninomiya Akira, un avocat qui, lors de son temps libre, aime bien zigouiller des gens. Le genre gros psychopathe donc. Il traine avec son partenaire de crime (joué par nul autre que Sometani Shôta, qui mine de rien apparaît souvent chez Miike depuis son Lesson of the Evil en 2013). Sauf que le destin ne veut pas lui faciliter la vie, mettant sur sa route un autre tueur, en série, qui semble en avoir après lui pour des raisons bien particulières, mais qu’il ignore, pour le moment.
Du coup, des tueurs dans tous les coins, la police derrière qui essaye de relier les points pour arrêter le carnage, ça annonce du tout bon avec un bon paquet de personnages à la moralité douteuse. Et il faut avouer, surtout après une ouverture assez surprenante, que Lumberjack the Monster fait le job. Miike est comme très souvent appliqué sur la partie technique, et le scénario de Koiwai Hiroyoshi, qui adapte donc le roman (et se fait plutôt rare comme scénariste, lui qui est normalement plutôt producteur, sur les Kenshin par exemple, et sur pas mal de Miike comme Blade of the Immortal ou Shield of Straw), se fait prenant et mystérieux au départ. C’est violent, sans être choc, puisque Miike y va parfois un peu fort et donc donne plutôt un aspect grotesque à certaines mises à morts (il faut voir les giclées de sang). Bref, ça fonctionne, même si la partie enquête se fait très probablement un peu plus faible. Aucun personnage n’attire réellement la sympathie ceci dit, et il faudra l’accepter. Nous sommes dans un univers fait de pourritures, de tueurs divers et variés, et de flics qui parfois, poussés à bout, ne vont pas hésiter à détourner à leur avantage certains éléments pour obtenir ce qu’ils veulent. Mais tant mieux, ça marche, ça donne une vision certes assez sombre mais très probablement également assez réaliste. Miike s’applique, il ne se laisse jamais aller à de quelconques effets de styles et donne un aspect classieux, voire classique à son métrage. Et ça fait du bien. Les seules excentricités du film seront donc dans le côté légèrement exagéré de certaines mises à morts, et parfois dans l’irruption d’un certain humour noir qui fait plaisir.
Mais comme rien n’est parfait et que Lumberjack the Monster dure deux heures, il faut bien trouver des ombres au tableau, et la seconde heure en contient de grosses ombres. Là où jusque-là le scénario se faisait intriguant voire parfois malin, il se laisse aller à quelques raccourcis. De plus, les personnages, qui évoluent (encore heureux dans un sens), de manière pas si inintéressante que ça par ailleurs, se mettent alors à clairement expliquer leur ressenti, comme si le scénario lui-même tentait de rassurer les spectateurs en leur confirmant bel et bien qu’il y a du bon dans ces pourritures. Sauf que tout ça, les images nous le disaient déjà, et du coup, on se retrouve avec quelques lourdeurs d’écriture, voire des répétitions pas toujours bienvenues. De même dans sa toute dernière ligne droite, le métrage pourra décevoir, en donnant cette impression au spectateur de « ah, tout ça pour ça ? », comme si au final tout ce qui venait de se dérouler sous nos yeux était logique, mais justement, trop logique, et donc que l’on en attendait un peu plus. Le métrage nous quitte donc sur une note assez mitigée. Pas de la faute de Miike, très bon technicien quel que soit le projet (depuis qu’il a du budget, jamais ces films n’auront été torchés à l’arrache, quoi que… Terraformars), mais sans doute de la faute du roman de base, si le scénario le respecte. Ce qui est possible, c’est que le scénario adapte trop littéralement les pensées des personnages, les représentant à l’écran donc de manière trop insistante alors que le cinéma, c’est avant tout l’image. Je laisserais les possibles connaisseurs juger ce dernier point. En tout cas, ce dernier cru Miike n’est pas honteux, ni même mauvais. Mais il est bancal. Un petit thriller sympathique mais pas inoubliable.
Les plus
Une première heure intrigante
Un bon casting
Des moments violents
Techniquement, c’est du solide
Les moins
Une seconde heure trop explicative
Un final un peu décevant
En bref : Lumberjack the Monster est un Miike mineur, mais néanmoins tout à fait recommandable. Appliqué, parfois prenant, violent, dommage que le scénario fasse des choix décevants après avoir posé tous ses enjeux.
A FEW WORDS IN ENGLISH | |
THE GOOD | THE BAD |
♥ An intriguing first hour ♥ A good cast ♥ Some violent scenes ♥ Technically, Mike did a good job |
⊗ The second hour explains too much ⊗ The finale, a bit disappointing |
Lumberjack the Monster is a small film for Miike, but still a good watch. Well made, interesting, violent, too bad the script makes some bad choices after a great start. |
« on se retrouve avec quelques lourdeurs d’écriture, voire des répétitions pas toujours bienvenues »
exactement, dommage… Mais ça reste assez divertissant en effet.
Ça reste un Miike divertissant. Surtout qu’il se fait un peu plus rare maintenant. J’en ai un ou deux récents de lui à voir. En plus de la série qu’il a fait en 2021 (6 épisodes, apparement c’est bien en plus)