Titre Original : Furiosa A Mad Max Saga
2024 – Australie
Genre : Préquelle utile ?
Durée : 2h28
Réalisation : George Miller
Musique : Tom Holkenborg
Scénario : George Miller et Nick Lathouris
Avec Anya Taylor-Joy, Chris Hemsworth, Tom Burke, Alyla Browne, George Shevtsov, Lachy Hulme, John Howard, Angus Sampson, Charlee Fraser, Elsa Pataky, Nathan Jones et Josh Helman
Synopsis : Enlevée dès son jeune âge et assistant au meurtre de sa mère par Dementus, Furiosa n’a plus qu’un seul but dans la vie : la vengeance !
Depuis son annonce, Furiosa inquiétait autant qu’il excitait. Inquiétait car le passé de Furiosa, avait-on vraiment besoin et envie de le connaître ? Inquiétait car lorsque la première bande-annonce est tombée, beaucoup ont étés outrés par les fonds verts bien voyants, là où Mad Max Fury Road, débordant pourtant de CGI ci-et-là (2000 plans à effets digitaux, sur les 2700 et quelques du film), savait les gérer pour un rendu quasi impeccable, 98% du temps. Mais excitait, car ça signait du coup le retour de George Miller à sa saga Mad Max, lui qui malgré son âge, avait mis une belle baffe à toute l’industrie avec Fury Road en 2015. Malgré ses 79 ans aujourd’hui, Miller fait partie de ces quelques réalisateurs qui passionnent et impressionnent toujours aujourd’hui quoi qu’il arrive, aux côtés de Scorsese et d’une poignée d’autres réalisateurs. Puis la seconde bande-annonce du film, bien que montrant toujours quelques fonds verts bien voyants, était quelque peu venue rassurer et redonner envie à tout le monde. Faut dire que nous mettre un remix bien énervé de The Man Who Sold the World de Bowie sur la bande-annonce, ça donnait le rythme. Bon, et bien, je l’ai découvert finalement ce Furiosa, après tout le monde, après ceux de Cannes, après ceux en France car vivant au Japon. Est-ce que Miller met encore une raclée au reste de l’industrie dans son domaine ? Oui ! Est-ce que c’était très bien ? Oui. Est-ce que c’était aussi bien que Fury Road ? Non ! Est-ce que les fonds verts sont moins voyants ? Non, malheureusement. Avant de parler de ce malheureux point, parlons du reste.
Furiosa donc, c’est une préquelle à Fury Road, mettant en avant, bien joué, le personnage de Furiosa, au départ joué par Charlize Theron, et à présent porté par Anya Taylor-Joy (The Witch, Last Night in Soho, The Northman). Miller fait, dès le départ, plusieurs choix, forts intéressants, et qui viennent encore plus éloigner le métrage de ce qu’était Fury Road, et donc, de nos attentes, un peu comme s’il était lui-même conscient que la barre avait été mise si haute en 2015 et que faire mieux était mission impossible. Un peu comme Gareth Evans avec The Raid 2, qui est ensuite parti voguer vers d’autres horizons. Furiosa est un récit, bien plus bavard que d’habitude d’ailleurs, et qui s’étend non pas sur quelques jours ou une semaine comme la saga nous y a souvent habitué, mais sur des années, avec une première partie prenant littéralement une heure du métrage et se focalisant sur l’enfance de Furiosa, lorsqu’elle fut enlevée, que sa mère fut tuée devant ses yeux, et qu’elle fut trainée un peu partout par Dementus, puis récupérée par Imortan Joe. Miller fait donc clairement l’opposé de Fury Road, sans pour autant renier son code de conduite, ses choix de mise en scène. Car ça a beau être plus bavard, plus ambitieux narrativement, Furiosa reste un film de George Miller, et donc un film qui souvent se raconte par le visuel en premier. Tant mieux. Surtout que la mise en scène de Miller, elle n’a pas à rougir, malgré son âge, papy a toujours des idées en pagaille, sait iconiser ses personnages, et nous livrer des idées de mise en scène à faire rougir pas mal de réalisateurs en activité. Mieux, grâce (ou à cause) de l’utilisation de CGI, Miller peut se laisser aller par moment à des plans beaucoup plus libres qu’avant, notamment lors de deux morceaux de bravoure, dont une poursuite venant rappeler à la fois Fury Road, et Mad Max 2. C’est virevoltant, plus aérien, et surtout, comme toujours avec Miller, ça va vite, il se passe toujours quelque chose à l’écran, et les menaces pour les personnages viennent de tous les côtés.
En gros, c’est du cinéma pensé en tant que tel. Ça se raconte visuellement, et ce sont les images qui dictent à la fois le rythme, mais aussi la narration. Si le métrage est bien plus bavard qu’autrefois, il faut malgré tout donc rassurer sur ce point. Anya Taylor-Joy d’ailleurs n’a que peu de dialogues, et débarquent pour la plupart dans la toute dernière partie du film. Malheureusement, malgré tout le bien que je pense de l’actrice, il faut aussi avouer cash qu’elle ne fait pas oublier Charlize Theron. A la place, de manière assez surprenante vu l’excentricité générale du personnage, c’est Dementus, et donc Chris Hemsworth qui bouffe l’écran. Il en fait des tonnes, il cri, il gesticule, et pourtant, on sent bien, par les petits détails, par les accessoires, par quelques phrases, qu’il y a bien plus à ce personnage que cette envie de folie. Quant à l’intrigue, et bien, on ne va pas se mentir, elle reste simple. Une vengeance, passant donc forcément par toutes les étapes nécessaires à ce genre de récit. Est-ce un mal ? Non, pas vraiment. Fury Road aussi était très simple dans ce qu’il racontait au final. Est-ce que tout cela était nécessaire ? Là aussi par contre, la réponse est non. Furiosa nous en apprend plus sur son personnage titre, mais finalement, le plus intéressant, c’est surtout l’extension de l’univers l’entourant. Narrativement parlant donc, Furiosa touche au but dans l’extension de son univers, son fonctionnement, et dans ses personnages secondaires, plus que dans sa quête de vengeance. Et visuellement donc ?
Si Miller assure totalement à la mise en scène, livrant des idées et des plans de folies, dommage que le tout parfois semble beaucoup plus numérique qu’autrefois. Tout cela peut s’expliquer de pleins de manières différentes. Certains iront jusqu’à théoriser que c’est une volonté du réalisateur pour accentuer le côté « récit » raconté de son histoire. Possible, mais malgré tout, une poignée de plans éparpillés dans le métrage sont beaucoup trop voyants et sonnent beaucoup trop faux pour ne pas attirer l’œil, averti ou non d’ailleurs. Et c’est dommage. Non, la raison, ou plutôt les raisons, elles semblent logique. Miller utilise là son nouveau directeur de la photographie, livrant une image beaucoup plus clean, plus lisse, et cela se marie beaucoup moins bien avec les fonds verts, cela accentue le côté factice. C’est une grande possibilité. L’autre possibilité viendrait sans doute des conditions de tournage. Miller voulait lancer le film depuis un bout de temps, ça n’avançait pas, mais tout à coup, la Warner a validé le projet (faut dire que la Warner est en quête de projets qui peuvent fonctionner, vu ses déboires récents). Ce qui lui a permis, du coup, pas mal de libertés (notamment un ton sombre et quelques plans bien osés pour un aussi gros budget). Mais qui a dû probablement infliger au métrage quelques compromis. Le tout n’ayant pas été aidé finalement par un tournage en Australie, et donc l’utilisation de fonds verts pour les arrières plans, la nature n’étant plus poussiéreuse là-bas mais plutôt verdoyante. Qu’importe au final. Mais il est vrai que cela ne changera rien (à moins que la future version noir et blanc change tout), Furiosa est un bon, voire très bon film. Malgré ses défauts, certaines images marquent, et malgré le côté classique de sa vengeance, il sait parfois surprendre et tenir le spectateur en haleine pendant tout de même 2h30. Mais cela ne changera pas le fait que certains plans avec CGI sont très limite.
Les plus
George Miller a toujours la pêche à son âge
Un récit qui change dans la saga
L’opposé de Fury Road
Très bon casting
Quelques plans hallucinants
Les moins
Des CGI et fonds verts parfois très voyants
Un récit peu utile ?
En bref : George Miller livre avec Furiosa une très bonne préquelle, bien qu’imparfaite dans son visuel (les effets) et dans son récit (une vengeance classique). Mais l’énergie, la fureur et parfois la violence du film sont là pour convaincre.
A FEW WORDS IN ENGLISH | |
THE GOOD | THE BAD |
♥ George Miller still has so much energy at his age ♥ The narration is so different from usual ♥ The opposite of Fury Road ♥ Very good cast ♥ Some crazy shots |
⊗ Some CGIS and green screens, so noticeable ⊗ Was that story really useful? |
George Miller delivers with Furiosa another great film, even if not perfect, visually (the green screens), and in its story (a typical revenge flick). But the energy, the rage and the violence of the film are here to convince you. |
Dans les moins, je mets Anya Taylor Joy, nettement moins charismatique que Charlie. Ou alors très différente. Pas la même classe. Dans les moins, je mets aussi ce simili Max dont tu ne parles pas, le prétorien. Et puis tout ça n’a que peu d’intérêt finalement puisque on sait où cela mène. C’est le problème des prequels.
Là où nous sommes d’accord, c’est sur la mise en scène toujours alerte du père Miller et la direction artistique phénoménale.
Je dirais différente oui. Car Anya reste une excellente actrice pleine de charisme. Sans doute trés différente mais bon. Le prétorien apparait en plus assez tardivement dans le récit (une heure?) mais ne m’a pas franchement dérangé.
Au moins on se retrouve sur tout ce qui est technique. Mais aprés j’ai préféré, de loin, FURY ROAD.
Du coup, je n’avais pas vu ta réponse…
Oui, ce Prétorien n’a que peu de charisme. Je reverrai sans doute le film en br un de ces jours, FURY ROAD reste marqué au fer rouge.
Vu qu’une version noir et blanc est censé débarquer un jour d’après Miller, je sais que de mon coté, ça corrigera le plus grand défaut du film (sa photographie trop lisse, trop numérique en fait). Mais bon, passer après FURY ROAD, c’était mission impossible, Miller a tout fait pour s’en éloigner, c’était un choix judicieux même si imparfait. Je reverrais ce FURIOSA moins souvent en tout cas, c’est certain.