MUSEUM (ミュージアム) de Ôtomo Keishi (2016)

MUSEUM

Titre Original : ミュージアム
2016 – Japon
Genre : Policier
Durée : 2h12
Réalisation : Ôtomo Keishi
Musique : Iwashiro Taro
Scénario : Ôtomo Keishi, Takahashi Izumi et Fujii Kiyomi

Avec Oguri Shun, Tsumabuki Satoshi, Ono Machiko, Nomura Shûhei, Maruyama Tomomi, Tabata Tomoko et Ichikawa Mikako

Synopsis : Un détective doué pour son travail mais bien mauvais père de famille, ayant d’ailleurs fait que sa femme a quitté la maison avec son fils se retrouve sur les traces d’un tueur en série avec son partenaire débutant. Laissant un mot sur chacune des scènes de crime, le tueur semble s’en prendre aux membres du jury d’une affaire classée depuis quelques temps, et apparaît devant l’inspecteur en portant un masque de grenouille…

Contrairement à beaucoup, je n’ai pas découvert le réalisateur Ôtomo Keishi en 2012 avec l’excellente adaptation de Kenshin, ni avec ses suites datant de 2014. Non, je l’avais découvert avec Platinum Data, thriller de science fiction sympathique mais pas renversant qu’il signait en 2013. Et avec Museum, qu’il signait en 2016, le doute est permis. Le réalisateur est-il bien plus à l’aise lorsqu’il fait des films d’époque, où cède-t-il parfois un peu trop à l’appel des studios pour livrer des produits un peu plus lisses pour le grand public ? Je n’ai pas la réponse. Mais ce qui est sûr, c’est que Museum ne brille pas trop par son scénario, ou en tout cas, par ses inspirations, et oh surprise, il s’agît de l’adaptation d’un manga. Les lecteurs de manga aiment-ils les mangas au point de faire l’impasse sur de nombreux films, même cultes, même quand la promotion est envahissante ? Cela pourrait expliquer les emprunts, nombreux et visibles, venant de Seven ou encore du film, que dis-je, de la saga Saw ! Mais du coup, adapter Museum au cinéma, c’est un peu à double tranchant, puisque l’on doit y transposer sur l’écran des influences qui viennent déjà du même médium. Vous voyez où je veux en venir ? Vous voyez le gros piège dans lequel il est facile de tomber ? Un peu comme adapter les jeux Project Zero au cinéma (ce qui fut fait, en s’éloignant le plus possible du matériel de base). Oui, en jeux, c’est nouveau, les fantômes, les petits villages Japonais, mais ça s’inspire énormément de la J-Horror. Retranscrire le jeu fidèlement à l’écran revient à faire la même chose que les influences directes. Et bien voilà, dans le cas de Museum, c’est le cas, durant la première heure, on a clairement l’impression de voir Seven transposé au Japon. Et durant la seconde heure, une épreuve de Saw qui aurait décidée de s’étirer un peu plus que de raison.

Bon, je parle je parle, mais pourtant, Museum n’est pas un mauvais film en soit. Explications. On y suit donc un inspecteur, peu doué dans sa vie privée mais doué sur le terrain, se trimbalant avec lui une nouvelle recrue qui a le cœur un peu trop léger pour l’enquête qui les attend. Car les jours de pluie, un tueur en série frappe. Des victimes à priori n’ayant rien en commun, des meurtres atroces, comme une femme attachée et mangée par des chiens affamés, ou un homme à qui l’on aurait rapé une bonne partie du corps pour lui retirer un certain poid. C’est gore, et Ôtomo s’applique à filmer tout ça comme il faut. L’ambiance est sombre, la pluie est pesante, les meurtres gore et filmés parfois frontalement. Ça c’est bien. Oguri Shun, acteur que je n’apprécie pas, parvient même par moment à être convaincant, et la première heure se laisse suivre, malgré un certain manque de surprises, et malgré le look du tueur qui a de quoi surprendre lorsqu’on le voit pour la première fois, avant de s’y faire. Mais pourquoi pas, même si je suis le seul, j’avais par exemple apprécié à l’époque Resurrection de Russell Mulcahy, qui était pourtant une grosse copie de Seven de Fincher. Mais voilà, ça fait très correctement le job pour un divertissement rythmé et pas prise de tête, on navigue en terrain connu, les meurtres sont très violents, on a droit à quelques poursuites sympathiques, que ce soit à pieds ou en véhicule. Sauf que Museum dépasse les deux heures, et se découpe clairement en deux parties. La première fait énormément penser à du Seven, avec ce tueur punissant ces victimes, et laissant un petit mot pouvant expliquer le pourquoi du comment. Et la seconde partie, elle part dans du Saw, et ne semble pas vouloir s’en cacher, à aucun moment.

On nous enferme un personnage dans une pièce pendant une heure, il y a une énigme, et même un puzzle, oh subtilité. Notre tueur masqué se transforme alors en Jigsaw qui contrôle tout depuis la pièce d’à côté, manipule tout le monde. Mais le souci, c’est que cette seconde partie, qui s’étire quelque peu, met du coup en avant la simplicité de l’ensemble, des personnages, du propos, du relatif vide de l’ensemble. De petit polar classique mais bien mené, on se retrouve devant un film qui veut en faire trop, nous balance toutes ces influences de manière frontale, et en voulant jouer maladroitement sur l’émotion, prouve que les personnages ne sont finalement que des archétypes un peu vides. Mais ça finalement, peut-on en vouloir au réalisateur ? Qui livre une copie propre et se voit infligé un scénario, même s’il y a participé, devant adapter pour un gros studio un manga à succès. En tout cas, cette seconde partie, quoi qu’il arrive, se traîne en longueurs. Un presque huis clos, dans une pièce, qui avance doucement, et se voit entrecoupé par d’autres flics, suivant la même piste que notre héros, doucement, et donc nous donnant des scènes certes abrégées mais assez similaires à celles déjà vues. Les mêmes questions, les mêmes pistes. Clairement dommage, car en restant dans la simplicité, Museum n’aurait rien inventé mais aurait été un très solide divertissement. Là, en l’état, il déçoit beaucoup plus, tout en étant un film qui se regarde, clairement, Ôtomo Keishi n’étant pas non plus un manchot, et quelques moments faisant mouche. Mais c’est la déception qui domine.

Les plus

Une première heure très plaisante
Une enquête classique qui se suit bien
Des moments très efficaces

Les moins

La seconde heure qui se traîne
Une écriture pas toujours glorieuse

En bref : Museum, c’est comme Seven, c’est comme Saw, en plus long, et donc en moins surprenant. Pas désagréable malgré ses nombreux défauts, mais un peu vain.

A FEW WORDS IN ENGLISH
THE GOOD THE BAD
♥ The first hour is nice
♥ The investigation is not surprising, but nice to follow
♥ Some really effective moments
⊗ The second hour is too long, too slow
⊗ The script is not really well written
Museum, it’s like Seven, it’s like Saw, but it’s longer and less surprising. Not bad despite its flaws, but still.

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