EXHUMA (파묘) de Jang Jae-hyun (2024)

EXHUMA

Titre Original : 파묘
2024 – Corée du Sud
Genre : Fantastique
Durée : 2h14
Réalisation : Jang Jae-hyun
Musique : Kim Tae-seong
Scénario : Jang Jae-hyun

Avec Choi Min-sik, Kim Go-eun, Yoo Hae-jin, Lee Do-hyun, Kim Jae-cheol, Kim Sun-young et Kim Ji-an

Synopsis : Un riche père de famille sud-coréen, expatrié aux États-Unis, a un problème avec sa fille que la médecine moderne ne parvient pas à résoudre. Il fait donc appel à deux chamanes qui pensent que l’origine des troubles de la petite fille serait à rechercher dans les ancêtres de la famille. Ils proposent au père de se rapprocher d’un géomancien et de son associé expert en rite funéraire. Ces derniers seront à même de trouver un nouveau lieu de sépulture afin de calmer les esprits néfastes.

Le cinéma Coréen, s’il a souvent tendance à se reposer sur ses lauriers, en livrant polar sur polar, avec une identité visuelle qui se ressemble de film en film, et en utilisant très souvent les mêmes thèmes (la mafia, les flics ripoux, le conflit entre le Nord et le Sud, sans oublier les combines politiques), parvient malgré tout, de temps en temps, à tester de nouvelles choses pour nous surprendre. Ça avait été le cas il y a quelques années avec The Wailling, signé Na Hon-Jin, qui mélangeait les genres plutôt habilement, à la manière d’un Bong Joon-Ho, avant de faire naitre le malaise dans sa dernière partie, maitrisée. Bon, Na Hon-Jin avait déjà prouvé par le passé avec ses deux premiers longs métrages, The Chaser et The Murderer, que même dans des genres classiques, il savait livrer du très bon. Et en 2024, c’est le réalisateur Jang Jae-hyun qui tente de se lancer dans un exercice similaire, mais en laissant de côté le mix de genre. Pourquoi pas. J’étais curieux, surtout après les très bons retours du film lors de ses passages en festivals. Le réalisateur d’ailleurs, il n’est pas étranger au genre fantastique, ni même aux intrigues mettant en avant des esprits et autres exorcistes, puisqu’il avait livré en 2015 le sympathique bien qu’imparfait The Priests. Du coup, avec un peu plus d’expérience, qu’est-ce que ça donne ? Et bien ça donne Exhuma, un film largement meilleur, même si on se dit à plus d’une occasion que le film était à deux pas d’être encore meilleur, mais qu’avec une série de tout petits choix, le film s’en éloigne. Mais rien de vraiment méchant, puisque Exhuma, malgré sa durée de 2h14 (et donc oui, quelques petites longueurs), c’est du très bon dans son genre, et ça fait extrêmement plaisir à voir, tant ça sait poser durant toute sa première partie une ambiance pesante et prenante.

Jamais effrayante véritablement, mais pesante, prenante, qui donne toujours envie d’en savoir plus, et qui nous fait constamment nous demander vers quoi le film va se diriger. Car oui, Exhuma prend son temps, et nous plonge dans un univers que l’on n’est pas forcément habitués à voir par chez nous, à savoir l’univers des géomanciens. Ici, c’est ce bon vieux Choi Min-sik (Old Boy, New World, J’ai Rencontré le Diable) qui s’y colle, Et pour ceux qui ignorent totalement de quoi il s’agît, disons, pour résumer de manière grossière, qu’il s’gît d’une forme de divination, et que dans le cas d’Exhuma, notre personnage aide à trouver des bons emplacements pour enterrer les morts en se servant de tout un tas de facteurs. Notre géomancien, avec son assistant et l’aide de deux chamans, histoire d’amener encore plus de dépaysement, se retrouvent avec un cas particulier sur les bras, puisqu’une malédiction semble s’abattre sur une famille, et notamment sur le nouveau-né de cette famille. La cause serait donc liée aux ancêtres, et il va donc falloir fouiner tout ça. Sauf que, évidemment, rien ne se passe comme prévu, et quelques surprises et secrets vont refaire surface. Des secrets du genre mortellement dangereux. La première heure d’Exhuma fonctionne parfaitement. C’est dépaysant, prenant, l’ambiance est réussie comme déjà énoncé plus haut, certaines séquences ont ce petit quelque chose de captivant, alors que techniquement, l’aspect horrifique de l’œuvre n’est pas encore là, pas frontalement. Elle est sous-entendue, on la ressent planer au-dessus de tout ça, on sent que tout ne va pas se passer comme prévu à chaque élément inhabituel que les personnages remarquent. Mais cette attente, elle fonctionne à merveille.

Lors de sa dernière partie par contre, le métrage part alors dans une horreur beaucoup plus frontale. Pas forcément ratée d’ailleurs, certains moments procurent leur petit effet tant ils parsèment le film plutôt qu’ils ne l’inondent d’effets en tout genre, mais le film semble par moment comme se freiner, n’allant pas au bout de ses idées, même lorsqu’un personnage s’avère particulièrement cruel. Le film en serait presque timide en réalité. C’est l’impression qui en ressort, notamment lors du final. Ça veut aller plus loin dans l’horreur, mais ça a presque parfois un peu peur de faire trop mal aux personnages. Surtout lorsque l’on voit quelle est véritablement la menace du métrage, et elle est loin d’être petite (mais je ne spoilerais point). C’est dommage. Pour autant, Exhuma, s’il n’est pas parfait et aurait pu se faire bien plus viscéral en allant au bout de toutes ces idées et de ces intentions, demeure un spectacle tout à fait recommandable. Son scénario est bien huilé, la mise en avant des shamans et des géomanciens est intéressantes, techniquement c’est très solide, autant dans la photographie, comme souvent en Corée, que dans la mise en scène en elle-même, ou la musique, et le casting fait du très bon boulot, en particulier les principaux, et donc, Choi Min-sik en géomancien et Kim Go-eun en chaman. C’est pour tout ça que malgré des petites réserves sur certains points, Exhuma reste malgré tout une bonne pioche dans le genre, et devrait trouver son public hors de la Corée. On lui souhaite en tout cas.

Les plus

Une ambiance lente et pesante
Un côté dépaysant bienvenu
Techniquement travaillé
Des moments violents qui font plaisir
Très bon casting

Les moins

Parfois néanmoins un peu trop timide
Un poil trop long

En bref : Exhuma était à deux doigts d’être une expérience extrêmement marquante. Il reste néanmoins un très bon divertissement, et son ambiance fait un travail plus qu’admirable la majeure partie du temps.

A FEW WORDS IN ENGLISH
THE GOOD THE BAD
♥ A great and slow atmosphere
♥ Some themes we are not used to see
♥ Technically well made
♥ Some violent moments
♥ Very good cast
⊗ A bit too shy in the last part
⊗ A bit too long
Exhuma was just a step away from being unforgettable. It remains a very good entertainment, and its atmosphere does the job most of the time.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *