Titre Original : Chơi Vơi
2009 – Vietnam
Genre : Drame
Durée : 1h46
Réalisation : Bui Thac Chuyen
Musique : Ngoc Dai
Scénario : Phan Đăng Di
Avec Do Thi Hai Yen, Linh Dan Pham, Johnny Tri Nguyen, Nguyen Duy Khoa et Nhu Quynh Nguyen
Synopsis : Duyên, une guide touristique et traductric,e épouse Hải, un chauffeur de taxi mais ils découvrent rapidement un vide dans leur relation. Le couple semble plus être de simples amis que mari et femme et ont rarement des relations sexuelles. Cầm, une amie de Duyên qui est jalouse de Hải du fait qu’elle est secrètement amoureuse de Duyên, tente de briser leur mariage. Elle décide de pousser Duyên vers un autre homme, Thổ et elle croit qu’elle va tomber amoureuse.
Comme je ne m’étais jamais intéressé auparavant au cinéma Vietnamien, j’étais forcément passé à côté de Adrift, aussi appelé Vertiges, qui avait eu droit à une sortie en France en 2011, après avoir fait le tour des festivals. Il avait par exemple raflé un prix au festival de Venice en 2009, et avait été nominé au festival de Bangkok, de Fribourg et aux Asian Film Awards. Même en France, avant sa sortie, il avait été diffusé dans divers festivals, à Nantes par exemple. Et comme j’aime beaucoup les drames (mon passe-temps dans la vie, c’est de déprimer après un bon drame), et que le film est pas mal coté (6,2/10 sur imdb, pas mal du tout pour un film Vietnamien qui n’intéresse pas le grand public). Et pour en rajouter une couche, si ma vie vous intéresse, et bien comme je dois visiter Hanoi pour voir la ville natale d’une amie, voir la ville à l’écran, c’est toujours appréciable. Ça me permet de savoir à quoi m’attendre. Mais bon, nous devons parler cinéma, revenons à Adrift. Une histoire de couple loin d’être heureux. Duyên et Hải sont mariés. Elle, elle est guide touristique, tandis que monsieur, il est chauffeur de taxi, et passe donc ces journées et une partie de ses soirées dehors, à conduire, ce qui fait que lorsqu’il rentre le soir, il est plutôt pressé de retrouver son lit que de s’occuper du corps de madame. Qu’on se le dise, le sexe, c’est important dans un couple, merde quoi ! Bon, le vrai souci, c’est que c’est un peu comme ça tous les soirs, et pas que, puisque lorsque le film s’ouvre, sur un plutôt élégant plan séquence mettant en avant l’architecture des décors, monsieur se bourre la gueule pour fêter son mariage, sous le regard de sa mère, toujours là pour lui, tandis que madame, et bien elle attend sagement à l’étage.
Comme la petite sœur de Hải, qui l’annonce avec le premier dialogue du film, on sait très bien que cela ne vient rien amener de positif au sein du couple. Et ça ne rate pas, puisque sur les « conseils » de son amie Cầm, Duyên va se retrouver attirée par un autre homme, beaucoup plus « agressif », tout en étant séduisant. L’opposé de son mari. Qu’importe que Cầm manipule quelque peu son amie et joue avec elle, puisqu’étant en réalité amoureuse d’elle. Tout cela va faire douter notre héroïne, qui va passer de femme certes non-satisfaite mais essayant sans cesse de se convaincre qu’elle vit la vie qu’elle souhaite, à femme cédant à la tentation, et du coup, se mettant à se douter de tout ce qu’elle considérait comme acquis dans sa vie. Alors, dans le fond, rien de nouveau, même si ironiquement, on pourrait dire qu’en occident, on aurait plus tendance à imaginer cette histoire-là du point de vue masculin, avec un homme non satisfait sexuellement et cédant aux avances d’une autre. En Asie, c’est donc une autre histoire, où l’homme fait passer le travail avant toute chose, avant tout autre désir, et se retrouve proche de sa famille, quitte à perdre du temps pour en construire une nouvelle de son côté. Cette dynamique que l’on pourrait presque considérée comme inversée est plutôt intéressante à l’écran, et qui donc dans un sens va aussi critiquer les mariages plutôt traditionnels. Et avec ce scénario, le réalisateur va donc explorer de manière artistique les désirs de son héroïne, sans jamais céder à la facilité. De la sensualité, il y en aura, mais si vous attendez un contenu plus rentre-dedans et frontal, passez alors immédiatement votre chemin, tant le tout joue plutôt sur la retenue.
C’est finalement à la fois la grande force du métrage, intéressant et techniquement solide, sachant jouer sur la tension sexuelle sans jamais rien montrer, et affichant un rendu souvent mélancolique, aidé par la pluie très fréquente sur les rues bondées d’Hanoi (et ses nombreux scooters, mon dieu), mais également dans un sens sa faiblesse, puisqu’en étant toujours dans la retenue, on a parfois envie d’attraper les personnages pour les secouer et les faire se bouger le cul. Par extension, forcément, le film affiche un rythme lent pour coller au côté tout en retenue du métrage. Parfois trop en retenue peut-être. Il y a beau avoir un très beau travail sur l’image (tourné avec une caméra RED) et sur le son (le film a gagné des prix pour le son), des choses très intéressantes, et un Hanoi débordant de vie, et de bruits ambiants. Mais ce qu’il manque réellement au métrage au final, c’est de l’émotion. On aurait aimé dans la dernière partie du récit que tout cela se bouge un peu plus par exemple, que les personnages, au lieu d’uniquement accepter les choses, arrêtent d’intérioriser, et explosent, réglant ainsi les conflits, ou ayant au moins la possibilité de laisser sortir de manière directe ce qu’ils ont sur le cœur. Alors oui, Adrift, c’est un drame recommandable, très sympathique, bien fichu, mais qui m’aura quelque peu laissé sur ma faim.
Les plus
De très bonnes choses thématiquement
Un film tout en retenu
Le côté hyper actif de Hanoi
Le film se refuse la facilité et la sexualité frontale
Les moins
Mais justement, un peu trop en retenu
Un rythme lent voulu par l’intrigue, pas pour tous
En bref : Adrift a de gros atouts, a été filmé avec soin et bien pensé, mais son envie d’être tout en retenue vis-à-vis des personnages et de leurs envies devient parfois un peu trop. Sympathique.
A FEW WORDS IN ENGLISH | |
THE GOOD | THE BAD |
♥ Lots of interesting things ♥ A beautiful and slow film ♥ Hanoi, a beautiful city, always active ♥ The film doesn’t take the easy path and frontal sexuality |
⊗ But sometimes, it could have been a bit more frontal ⊗ A very slow pacing, not for everyone |
Adrift has a lot of assets, it is well filmed, well conceived, but the fact that it always keeps its distance from things and characters is at times a bit too much. Still a nice drama. |