Titre Original : Wounds
2019 – Etats Unis
Genre : Etrange étrange
Durée : 1h36
Réalisation : Babak Anvari
Musique : –
Scénario : Babak Anvari
Avec Armie Hammer, Zazie Beetz, Karl Glusman, Christin Rankins, Dakota Johnson, Brad William Henke, Benny Thrasher, Alexander Biglane et Matthew Underwood
Synopsis : Dans un bar de la Nouvelle-Orléans, un étudiant oublie son portable. Will, le barman, empoche le téléphone. A la nuit tombée, des SMS évoquant un tunnel et un livre maudit s’affichent. Au petit matin, des photos de dents ensanglantées apparaissent…
Je ne connaissais pas du tout le cinéma de Babak Anvari, même si son premier long métrage avait énormément plu à ceux qui avaient pu poser leurs petits yeux dessus, mais j’avais entendu de bonnes choses sur son second long métrage, Wounds. Quelle ne fut ma surprise, en jetant un œil sur internet, de voir qu’une grande partie du public crachait littéralement sur le film. 4.1/10 sur imdb, ce n’est pas fameux, mais il y a pire. 1.2/5 sur Allociné (bien que le site n’ait aucune crédibilité à mes yeux), c’est bien plus bas et inquiétant. On parle souvent de film vide, qui part dans tous les sens pour au final ne rien raconter. Et tout ça, ça m’a rendu extrêmement curieux, surtout qu’au final, le film affiche un scénario assez vague dans les grandes lignes, et bénéficie d’un casting loin d’être dégueulasse avec Armie Hammer (The Man from UNCLE), Zazie Beetz (Joker), Karl Glusman (Love 3D, The Neon Demon) ou encore Dakota Johnson (qui a changée d’agent après la débâcle Madame Webb, et tant mieux, car du talent, elle en a, il faut juste de meilleurs films). 1h36 après, et bien au final, c’était sympathique comme tout ce Wounds. Loin d’être parfait, bancal, laissant un peu sur notre faim, mais ayant pour lui une vraie proposition qui sort des sentiers battus. Est-ce là la raison d’un tel acharnement du grand public ? Possible que ça joue. Car Wounds, malgré son point de départ qui laisse penser à un film qui va jouer sur les technologies de son époque, n’est pas ce que l’on pourrait qualifier d’un film horrifique traditionnel. La majeure partie du temps, on pourrait même dire qu’il distille un climat horrifique plus qu’il ne joue dans cette cours, et dans certaines parties de son discours, j’y ai vu quelques similitudes avec le récent The Empty Man, lui aussi conspué par une partie du grand public, et qui fut pourtant, l’année de sa sortie, une de mes plus réjouissantes surprises.
Will est barman, et récupère après une baston dans le bar où il travaille un téléphone oublié par un client. Wounds démarre fort, puisqu’il place en réalité tous ces enjeux, tous ses personnages, toutes ces préoccupations au sein de sa première scène, comme pour ne pas perdre de temps. On y rencontre donc Will, son ex Alicia qui sort à présent avec Jeffrey, un client aimant un peu trop l’alcool et se battre nommé Eric ainsi qu’une bande de jeunes, sans doute mineurs, et qui seront l’élément déclencheur, puisque le téléphone oublié leur appartient, et va dès lors faire basculer la vie de notre héros, dès lors qu’il jettera un œil au téléphone. Au départ, ce sont des éléments anodins, quelques sms envoyés aux jeunes pour les avertir de leur oubli, mais rapidement, tel un mal lancinant, la donne change, avec des photos étranges et sanglantes sur le téléphone, des paroles cryptiques, et l’irruption dans le quotidien des cafards. Et ce barman souriant qu’on nous présente comme le héros de l’aventure, il ne tarde pas à faire tomber le masque. Il a beau être en couple avec Carrie (Dakota Johnson), il pense toujours à son ex Alicia, il n’est pas heureux, il passe son temps à boire, et lors de ces journées de libre, il reste sur le canapé à jouer à des FPS sur console, un peu comme pour laisser parler les pulsions qui sont en lui et qu’il se refuse à laisser sortir au quotidien. Sauf que ce fameux téléphone et son contenu va rapidement faire dérailler Will. On pourrait penser au départ à une simple histoire de malédiction par téléphone portable, frappant le propriétaire de ce dernier, puis le suivant, et ainsi de suite, mais il n’en est rien. On pourrait reprocher à Wounds de rester dans le flou constant, de balancer plusieurs pistes sans réellement en définir une comme la vérité à laquelle Will est confrontée, mais ce flou constant, ce doute, il est aussi bénéfique à l’ambiance que le réalisateur tente de poser sur son métrage.
Ambiance qu’il maitrise d’ailleurs parfaitement. Par un récit déjà bien rythmé (qu’il adapte d’un roman, à signaler). Grâce à des thématiques finalement pouvant concerner pas mal de monde (le fait de se sentir vide, de rester dans cette petite spirale infernale qu’on appelle le quotidien, avant de briser tout ça avec l’irruption de l’étrange). Mais surtout grâce à la technique. Wounds est magnifiquement filmé, photographié, monté, en plus de bénéficier d’un très bon sound design, qui participent tous grandement à l’ambiance étrange posée par le métrage. Pas de gros jumpscares, pas de grosses facilités, juste une lente descente aux enfers, étrange, qui fait douter de ce qui est réel et de ce qui ne l’est pas, de ce qui est une fausse piste et de ce qui serait à prendre au sérieux. Le film parvient à mettre, dans un sens, mal à l’aise, juste par son atmosphère, sans avoir recours à une grande violence frontale, ni à des sujets chocs, et c’est une grande réussite sur ce point. Qui nous fait regretter alors quelques éléments. Laisser le spectateur dans le flou par exemple, c’est une excellente chose, surtout vu le contenu du film, ça permet de nous faire douter et de nous laisser aux aguets constamment. Pour autant, en faisant cela, Wounds nous laisse sur notre faim. Surtout qu’il se termine finalement assez rapidement, par une scène surprenante mais beaucoup trop vite expédiée. On aurait aimé en voir plus, quitte à être un peu plus bousculé. Il est aussi dommage que le film ne fasse pas toujours grand-chose de ces personnages secondaires, les laissant au simple stade d’éléments motivants ou faisant avancer le héros, ni plus, ni moins. Des imperfections, mais pour autant, rien qui ne fasse de Wounds une mauvaise expérience.
Les plus
Une ambiance très réussie
Très bon casting
Un film qui ne nous prend pas par la main
Quelques images marquantes
Les moins
On reste un peu sur notre faim
Des personnages secondaires peu développés
En bref : Wounds est un film un peu à part, misant énormément sur son ambiance, et il faut avouer qu’elle est excellente. Tout n’est pas parfait, loin de là, mais rien qui ne mérite un tel torrent de mauvaises notes.
A FEW WORDS IN ENGLISH | |
THE GOOD | THE BAD |
♥ A great atmosphere ♥ Very good cast ♥ A film that doesn’t take our hand to guide us ♥ A few shots are hard to forget |
⊗ But we wanted to know at least a bit more ⊗ Secondary characters not well developed |
Wounds is a different film, it relies heavily on its atmosphere, and it’s an excellent one. It’s not perfect, far from it, but it doesn’t deserved all the bad reviews out there. |