3 DAYS OF A BLIND GIRL (盲女72小時) de Chan Wing-Chiu (1993)

3 DAYS OF A BLIND GIRL

Titre Original : 盲女72小時
1993 – Hong Kong
Genre : Thriller
Durée : 1h30
Réalisation : Chan Wing-Chiu
Musique : Johnny Yeung Kei-Cheung
Scénario : So Man-Sing

Avec Veronica Yip, Anthony Wong, Jamie Luk, Anthony Chan, Alfred Cheung, Fruit Chan Goh et Chan Yuet-Yue

Synopsis : Mme Ng est temporairement aveugle après une opération. Cela ne devrait durer que 2 ou 3 jours, et alors que son mari, docteur, s’envole pour Macau, Sam, un ancien patient de son mari, s’incruste dans la maison pour des raisons peu catholiques.

Lorsque l’on pense Cat III à Hong Kong, il y a de très grandes chances que le premier nom qui nous vienne à l’esprit soit Anthony Wong. Et dans le fond, rien de plus normal, tant l’acteur aura imprégné cette fameuse classification de son aura, juste avec deux films, signés Herman Yau, les bien nommés The Untold Story et Ebola Syndrome. Mais résumer cette classification ainsi que la participation de Wong à ces deux seuls titres serait bien réducteur. 3 Days of a Blind Girl, s’il est bien moins connu que les précédents titres cités, mérite le coup d’œil. D’ailleurs, s’il est moins connu, c’est sans doute car il fait bien plus office de thriller psychologique où la violence est souvent suggérée et hors champs que de véritable défouloir. Pourtant, le cahier de charge est, en apparence, totalement respecté. Nudité bien présente, Anthony Wong comme toujours en grand psychopathe, présence de scènes de violence, de scènes d’humiliation. Bref, oui, le cahier de charge est là. Pour autant, le métrage tente de faire autre chose. Son influence, on ira la trouver ailleurs, dans le cinéma classique Américain par exemple, ou ironiquement, au Japon, avec le film Door datant de quelques années plus tôt. Les points communs sont nombreux. Un lieu unique, une femme face à un homme bien décidé à lui pourrir la vie, le tout avant un affrontement final prenant place dans toute la maison. En faisant un bon dans l’avenir, on pourra même dire que cette même base aura servie pour le métrage Coréen Blind et ses multiples remakes (Japonais, Indien, Vietnamien, Chinois). Ici donc, Veronica Yip, aveugle pour plusieurs jours après une opération, qui se retrouve seule chez elle alors que son mari part en voyage d’affaires. Pas de bol, un Anthony Wong comme toujours sauvage traine dans les environs et a bien des raisons de vouloir taper l’incruste.

Simple, efficace, et il n’en fallait pas plus vu la courte durée du métrage, et son envie de jouer sur la psychologie. Est-ce que ça fonctionne ? Si c’est très loin d’être parfait, le film a plus d’un atout pour faire plaisir au fan. Déjà, bien entendu, il y a Anthony Wong dans un nouveau rôle de psychopathe, chose qu’il sait très bien faire. Si au départ, le film laisse planer le doute et fait presque croire qu’il ne faut pas prendre tout ça au sérieux, via des scènes parfois pas si simples à prendre au sérieux (Wong tout à coup sans pantalon, ou bien la scène de la douche, clairement over the top via sa gestuelle), ça change radicalement lorsque notre pauvre demoiselle a enfin bien conscience du danger dans lequel elle se trouve. Là, Anthony Wong se lâche et peut faire ce qu’il sait faire de mieux, à savoir être flippant. Mais il est loin d’être le seul atout du film, qui bénéficie après tout d’une équipe compétente devant et derrière la caméra. Evidemment, comment ne pas citer la magnifique Veronica Yip, qui n’aura malheureusement été active que durant une poignée d’années durant les années 90, mais qui aura marqué certains spectateurs. Elle est ici sublime. Mais ce n’est pas tout, car si les autres rôles sont minimes, on notera la présence de Jamie Luk en policier (trop de films dans sa carrière pour n’en citer qu’un), Anthony Chan en mari absent (les Lucky Stars, Mr Vampire) et même Alfred Cheung en chirurgien des yeux, lui qui produit également le métrage. Bref, du bon monde, pour un temps de présence certes limité, mais qui fait toujours plaisir. Mais 3 Days of a Blind Girl, ça fonctionne car malgré des débuts trop légers (musique niaise à l’appui), ça fait le job sans reculer face à ce qu’il doit être.

Passé les moments joyeux dans le couple, le tout sur une musique donc trop appuyée (Hong Kong), le film passe un cap lorsqu’Anthony Wong, Sam donc, séquestre pour de vrai notre brave jeune femme chez elle, sans révéler immédiatement le pourquoi du comment. L’humour devient alors noir et mieux maitrisé, on sent que la violence ne demande qu’à exploser, ce qu’elle fera, bien que le réalisateur préfère le plus souvent suggérer, et malgré son côté hautement prévisible, le scénario sait se faire efficace et utiliser tout ce qu’il a dans son sac de manière logique. En 2024 après tout, l’affrontement final entre l’héroïne retrouvant doucement la vue qui va aveugler son ennemi, c’est prévisible et cliché, mais en 1993, c’était en soit plutôt bien vu, et une utilisation logique de cet élément clé du scénario. Scénario que l’on doit d’ailleurs à So Man-Sing, scénariste fort étrange puisqu’ayant commencé sur Robotrix avant de se retrouver quelques années plus tard à écrire pour The Blade de Tsui Hark ou Bio Zombie pour Wilson Yip. Comme quoi, il faut savoir toucher à tous les genres à Hong Kong. Par contre, et même si ça fonctionne très bien en suggérant, on aurait pu espérer du film qu’il se lâche un peu plus dans la violence dans sa dernière partie, après avoir joué aussi longtemps sur la psychologie. C’est un choix, et si techniquement c’est d’ailleurs très propre, c’est également sans éclair de génie, sans folie, et c’est dommage. Un petit divertissement sympathique en somme.