Titre Original : Kabut Berduri
2024 – Indonésie
Genre : Policier
Durée : 1h50
Réalisation : Edwin
Musique : Abel Huray et Dave Lumenta
Scénario : Edwin et Ifan Ismail
Avec Putri Marino, Yoga Pratama, Lukman Sardi, Yudi Ahmad Tajudin, Yusuf Mahardika, Kiki Narendra, Siti Fauziah et Maryam Supraba
Synopsis : Une détective est forcée d’affronter les fantômes de son passé alors qu’elle enquête sur une mystérieuse affaire de meurtres en série à la frontière entre l’Indonésie et la Malaisie.
Film Indonésien débarquant sur Netflix en Août 2024, comme pour nous faire patienter doucement en attendant la sortie du prochain métrage d’action de Timo Tjahjanto, La Frontière des Ombres, ou Kabut Berduri, est un polar. Un de ceux se revendiquant clairement du cinéma de Bong Joon-ho et compagnie. A savoir, peu d’action, une ambiance lourde, une enquête qui prend son temps, et son lot de personnages peu amicaux et de secrets cachés qui ne demandent qu’à être découvert. Et forcément, puisque l’on connait surtout l’Indonésie pour leur cinéma d’action et leur cinéma horrifique, la proposition fait envie et rend curieux. Est-ce que le métrage réussi tout ce qu’il entreprend ? Non. Il n’en est pas mauvais pour autant, mais il laisse cette étrange sensation de métrage qui essaye de faire comme les meilleurs, sans jamais y parvenir. Sanja (Putri Marino) est donc envoyée à la frontière entre l’Indonésie et la Malaisie, où un corps décapité a été trouvé. Les clichés s’enchaînent, entre la police pas forcément très coopérative avec la jeune femme, les fausses pistes, l’allié qu’elle va se trouver parmi les forces de l’ordre avec Thomas (Yoga Pratama), les découvertes macabres, sans oublier, Indonésie oblige, les légendes locales pour ajouter un peu de consistance à une intrigue en soit déjà vue. Pourtant, malgré l’accumulation d’éléments bien connus, le métrage signé Edwin parvient durant sa première heure à séduire. Entre ses magnifiques décors naturels, son cadre rarement vu à l’écran (la frontière Indonésienne donc), un casting compétent et une mise en scène qui semble savoir gérer à la fois son ambiance et ses quelques effets chocs.
Oui, durant une petite heure, sur les quasiment deux heures du métrage, nous sommes captivés, voire séduits par la proposition du réalisateur. L’enquête suit son cours, on s’attache à ce personnage malgré ses défauts et son côté trouble, avec sa famille, son passé. Le métrage a beau avoir un rythme plutôt lent, on se laisse embarquer dans son intrigue, on profite des magnifiques décors, magnifiés par une très belle photographie, et le film ne lésine pas non plus sur la violence, ne reculant pas devant l’horreur de la situation, et tout ça, c’est très bien également. Sauf que rien n’est parfait, et dans le cas du métrage, c’est au fur et à mesure qu’il évolue qu’il montre ses faiblesses. Vouloir jouer sur l’ambiance avec une enquête lente, c’est bien, mais il faut tenir sur la durée, ce qu’il ne fait pas, laissant alors apparaître des défauts, dans son intrigue, dans sa narration, dans ses choix finalement. On peut pester sur certains événements, qui semblent arriver assez aléatoirement, mais nécessaires pour faire avancer l’enquête dans la bonne direction. On peut pester également sur l’identité du meurtrier, que certains pourront griller fort longtemps avant la révélation, et ce fut mon cas. Et ça c’est clairement dommage quand le métrage prend autant son temps justement, préférant rester presque secret jusqu’à la fin, persuadé qu’il joue les bonnes cartes. De même pour l’arc narratif au final du personnage principal, plein de potentiel mais qui semble le plus souvent laissé sur le bas-côté, là pour ne servir qu’en toile de fond, pour ajouter un peu de profondeur au personnage sans pour autant vouloir creuser plus.
Et puis oui, avec son rythme lent, le métrage accuse par moment de grosses baisses de rythme, dans le sens où lorsque le spectateur commence à remarquer les défauts et surtout à se focaliser dessus, le rythme apparaît alors comme un peu plus bancal. Dans les grandes lignes, ça ne rend pas non plus le film mauvais, mais ça en fait un métrage qui laissera les moins patients sur le carreau. On est bien loin donc de ce qui semble être les inspirations principales pour le métrage, loin du cinéma de Bong Joon-ho, mais loin aussi de certains polars noirs tout en ambiance comme certains films de Fincher, ou même Insomnia (l’original et le remake de Nolan), avec qui le métrage partage des similitudes d’ailleurs. Le potentiel était là, les intentions sont présentes et louables, mais ça ne fonctionne pas toujours, si bien que les quelques excès de violence lors du final n’apparaissent plus comme chocs mais comme un peu vains, comme une routine avant le générique de fin, dommage. La preuve de plus que malgré une excellente technique, un bon cadre et des influences nobles, le résultat n’est pas assuré. Sans être désagréable, La Frontière des Ombres reste souvent un simple coup d’épée dans l’eau. Un film décevant de plus pour Netflix.
Les plus
De très beaux décors naturels
Techniquement solide
Une première heure prenante et intriguant
Les moins
Un rythme lent qui a ses défauts
Beaucoup de pistes laissées en plan
L’identité du tueur
En bref : La Frontière des Ombres, malgré une technique irréprochable, tente de jouer dans la cours des polars d’ambiance sombre qui ont fait la renommée de Fincher, Bong Joon-ho et j’en passe. Et il ne leur arrive pas à la cheville. Pas désagréable, mais au rythme bancal et aux révélations décevantes.
A FEW WORDS IN ENGLISH | |
THE GOOD | THE BAD |
♥ Beautiful sceneries ♥ Technically well done ♥ The first hour, intriguing |
⊗ A slow pacing with some flaws ⊗ A lot of things undeveloped ⊗ The killer’s identity |
Borderless Fog, despite some good technical work, tries to be an atmospheric’s thriller like Fincher, Bong Joon-Ho and many others did. But it doesn’t succeed as well. Not bad, but with some pacing issues and disappointing revelations. |
Mouaip. Pas du tout aimé. D’ailleurs je l’ai vu il y a plusieurs mois et j’ai presque tout oublié.