Titre Original : Do You See What I See: Cerita Horor #64 – First Love
2024 – Indonésie
Genre : Fantastique
Durée : 1h49
Réalisation : Awi Suryadi
Musique : Fajar Yuskemal
Scénario : Lele Laila
Avec Shenina Cinnamon, Diandra Agatha, Yesaya Abraham, Sonia Alyssa, Sarah Felicia, Jessica Shaina, Nyumas Ratu Rafa, Irgi Fahrezi et Bunbun Melly
Synopsis : Le jour de son anniversaire, le rêve de Mawar, qui était seule et seulement accompagnée de ses amies de pension, s’est réalisé concernant le partenaire dont elle rêvait. Cependant, après avoir trouvé la personne de ses rêves, le comportement de Mawar commence à devenir de plus en plus étrange.
En seulement trois films vus sur la trentaine qu’il a réalisé, je peux affirmer que le réalisateur Awi Suryadi a un style reconnaissable. Un peu comme lorsque l’on lance un film de Timo Tjahjanto ou de Kimo Stamboel, on le sait en quelques images qu’ils sont derrière la caméra. Et bien, c’est un peu la même chose avec Awi Suryadi. Car visuellement, ces films se ressemblent, mettant souvent en avant un style lent, contemplatif, et ayant recours à une photographie allant vers des teintes marrons et vertes, et jouant constamment avec l’obscurité et donc, la profondeur de champ. Ce fut le cas sur KKN en 2022, puis sur Kisah Tanah Jawa en 2023, et pareil maintenant avec son Do You See What I See en 2024. On peut aussi dire sur ces trois films que le réalisateur aime se focaliser sur un style d’histoire en particulier, pas forcément en allant dans les grands mythes de l’horreur Indonésienne, mais avec des histoires (ayant ou pas un rapport avec lesdits mythes ceci dit) racontées au départ sur des supports qui me font fuir. KKN, c’était l’adaptation d’une histoire prétendue vraie et qui fut racontée sur… twitter. Kisah Tanah Jawa, c’était l’adaptation d’une prétendue histoire vraie, racontée par un auteur sur une chaine youtube. Et bien ici, c’est l’adaptation d’une histoire horrifique qui fut racontée dans un podcast. Des éléments qui, en temps normal, me feraient fuir très très loin. Pourtant, il faut avouer que le réalisateur semble maitriser le sujet, puisqu’il s’améliore de film en film. Non pas techniquement, car KKN était déjà solide à ce niveau, mais dans sa narration, sa gestion du rythme aussi. Ou alors les histoires adaptées sont mieux choisies… Qu’elle est loin l’histoire de KKN et de ses jeunes gens victimes du mal car le sexe avant le mariage, c’est mal. Pour autant, son Do You See What I See, il ne brille pas par son originalité, mais plutôt par son efficacité.
Ce qui est une très bonne chose en soit déjà. Mawar est une jeune femme qui change du jour au lendemain après avoir rendu visite à la tombe de ses parents. Au départ, tout va pour le mieux, annonçant à ses meilleures amies, dont Vey, qu’elle a trouvé l’homme de ses rêves. Le grand premier amour. Mais rapidement, son comportement devient beaucoup moins rêveur et beaucoup plus inquiétant, comme si un mal rongeait la jeune femme. Et ce mal ne va pas que se manifester dans le quotidien de Mawar, mais va rapidement se manifester auprès de ses amies, et de manière générale, la résidence où elle habite. Oui, du coup, pour une fois, la propriétaire n’est pas mise de côté comme c’est très souvent le cas dans ce genre d’histoires. Le film donc, il ne brille pas par son originalité, et par ailleurs, j’aurais eu, à titre personnel, besoin d’une bonne dizaine de minutes avant de réellement m’immerger dedans, tant je sentais venir le film pas dégueulasse, mais tellement impersonnel et déjà vu que j’aurais déjà pu tout prévoir et écrire moi-même le scénario. Et finalement, grâce au savoir faire du réalisateur qui a su comme souvent s’entourer d’une solide équipe technique, la sauce a fini par prendre. Nous sommes certes en terrain connu, avec un réalisateur qui nous sort presque la petite encyclopédie horrifique, avec la nuit orageuse, les coupures de courant, les apparitions en arrière-plan, les sons stressants, l’objet maléfique, la tragédie familiale, la recherche du mal, avant une délocalisation de l’intrigue pour le dernier acte, dans ce lieu préféré des réalisateurs Indonésiens, à savoir, une maison délabrée dans un coin paumé entouré par la forêt seulement. Mais ça marche. Car le récit signé Lele Laila (que l’on commence à voir partout, scénariste d’Ivanna, The Corpse Washer, KKN et sa préquelle Dancing Village, Qorin, Siska Neraka, les Asih, les Danur et j’en passe) est, dans le fond, parfaitement huilé, fluide, sans fioriture. C’est efficace, ça va à l’essentiel sans en faire des caisses.
Et par-dessus ce récit bien huilé, il y a donc la technique. La photographie gérant très bien l’obscurité de Arfian, déjà directeur de la photo sur le précédent métrage du réalisateur, déjà, c’est un gros plus, surtout pour un film se déroulant majoritairement de nuit, et dans des lieux sans courant. Ensuite, il y a le design sonore. A ce niveau là aussi, c’est réussi, puisque les bruitages n’en font jamais des caisses, et d’ailleurs le film sait aussi jouer plutôt bien sur le silence, même lorsque quelque chose apparaît soudainement à l’écran. Et il y a la musique, signée comme toujours par Fajar Yuskemal, que l’on trouve sur tous les gros films des principaux réalisateurs en Indonésie depuis Merantau, que ce soit pour l’action (The Raid 1 et 2, The Night Comes for Us, The Shadow Strays) ou l’horreur (Apostle, Dreadout, The Queen of Black Magic, Perempuan Bergan Merah). Sa partition, durant toute la première heure, sera à l’image du film, classique mais hyper efficace, en jouant en permanence sur des percussions à rythme variable en fonction de ce qu’il se passe à l’écran. Malgré son côté classique, ça se suit donc à la perfection, jusqu’à son dernier acte qui m’aura alors beaucoup moins convaincu, sans doute car beaucoup trop proche du final de Kisah Tanah Jawa, sorti seulement un an plus tôt. Même si là aussi, ça n’en fait pas un mauvais final ni même un mauvais film, on a l’impression d’être devant un film qui ne prend aucun risque. Mention spéciale par contre à Diandra Agatha, jouant Mawar, parfois flippante juste par un simple regard et l’usage de certaines focales. Du coup, oui, c’est très sympa, en soit même meilleur que les précédents du réalisateur, mais son aspect redite est un peu dommage. S’améliorer, c’est bien, mais il faut aussi évoluer.
Les plus
Une belle photographie, sombre mais lisible
Une ambiance qui fonctionne super bien
Une première heure classique mais prenante
Diandra Agatha, surprenante
Les moins
Mais extrêmement classique dans le genre
Un dernier acte bien moins inspiré
En bref : Sans signer là une œuvre majeure du genre en Indonésie, Do You See What I See reste un métrage horrifique de très bonne tenue, sans grosses surprises, mais prenant et surtout efficace.
A FEW WORDS IN ENGLISH | |
THE GOOD | THE BAD |
♥ A dark but beautiful cinematography ♥ The atmosphere is great ♥ The first hour, classical but well made ♥ Diandra Agatha, surprising |
⊗ But yes, extremely classical for the genre ⊗ The last part feels less inspired |
Even if it’s not the best of its kind in Indonesia, Do You See What I See is a good horror film, without surprises, but effective and creepy. |