SUZUME (すずめの戸締まり) de Shinkai Makoto (2022)

SUZUME

Titre Original : すずめの戸締まり – Suzume no Tojimari
2022 – Japon
Genre : Animation
Durée : 2h02
Réalisation : Shinkai Makoto
Musique : Radwimps et Jinnouchi Kazuma
Scénario : Shinkai Makoto

Avec les voix de Hara Nanoka, Matsumura Hokuto, Yamane Ann, Fukatsu Eri, Hanazawa Kana, Hanase Kotone, Hakuô Matsumoto et Itô Sairi

Synopsis : Suzume, une jeune fille de 17 ans, vit dans une ville tranquille de la région de Kyushu, au sud-ouest du Japon. Un jour, Suzume rencontre un jeune homme à la recherche d’« une porte ». Les deux se séparent et Suzume trouve une vieille porte dans des ruines dans la montagne. Lorsque Suzume ouvre la porte, elle est attirée à l’intérieur. Des « portes du désastre » commencent à ce moment à s’ouvrir à travers le Japon, déclenchant des séismes.

Depuis le succès phénoménal et international de Your Name, Shinkai Makoto continue son bonhomme de chemin sans changer son fusil d’épaule. Il y avait eu Les Enfants du Temps, beau récit bien qu’imparfait (la morale finale me paraît toujours maladroite) et parfois trop proche de Your Name. Son dernier métrage, Suzume, j’ai mis du temps avant de me lancer. Peur d’être déçu, puis manque de temps, puis oubli, jusqu’à retomber dessus, et de me dire qu’il était temps. Suzume no Tojimari donc, c’est l’histoire de Suzume, une jeune lycéenne comme les autres qui va se retrouver au centre d’une histoire extraordinaire, comme souvent chez le réalisateur, et qui, si le chat avait été sage et n’aurait pas bougé, n’aurait duré que 10 minutes. Suzume, alors qu’elle part à la recherche d’un jeune homme dans des ruines, tombe sur une porte menant vers autre chose. Ce qui sera le début des emmerdes, puisque cela va ouvrir, progressivement, d’autres portes partout au Japon, libérant des forces déclenchant des séismes. Après la catastrophe déjà de Your Name puis les soucis météorologiques dans Les Enfants du Temps, Shinkai Makoto s’attaque donc clairement aux événements récents de 2011, assez frontalement, puisque la mère de Suzume a perdue la vie durant ses événements là. Au moins, c’est clair et net, le réalisateur ne change pas son fusil d’épaule et reste plus que fidèle à ses thématiques, à ses obsessions. Maintenant, il faut juste soigner les personnages évoluant au sein de son aventure pour happer le spectateur et rendre l’aventure inoubliable, et émotionnelle, comme ce fut le cas de ces précédents métrages. Est-ce le cas ? Oui et non. Oui car Suzume est un beau film, clairement, Suzume est attachante, et en prime, le film a quelques atouts en plus dans sa poche, comme son côté carte postale permettant à l’équipe de livrer des plans sublimes, avec Suzume voyageant à travers tout le Japon, de la petite ville à Tokyo, et d’autres thématiques intéressants comme le deuil, la maturité.

Pour boucler tout ça, Suzume va devoir grandir. Suzume ne déçoit clairement pas sur tous ces points, nous sommes bien là face à un voyage qui fait rêver, de magnifiques dessins, un travail sur les couleurs de toute beauté, le tout toujours avec la splendide musique de Radwimps (présent depuis Your Name). Néanmoins, dans sa mignonne histoire d’amour obligatoire, Suzume me sera apparut comme moins prenant et moins organique que d’autres œuvres du cinéaste. Est-ce car Sôta se retrouve très rapidement transformé en chaise à trois pieds et donc que leur temps de présence à l’écran ensemble aura été très limité pour justifier un pareil attachement entre les deux ? Possible, mais j’ai eu plus de mal à prendre leur histoire à cœur. Là où dans Your Name pour citer l’exemple le plus connu, la complicité entre les personnages se développait au fur et à mesure de l’évolution de l’intrigue jusqu’à atteindre un point de non-retour, ici c’est un peu l’opposé, et après juste une rencontre, voilà que Suzume se retrouve devant une porte à fermer pour éviter une grande catastrophe sur le Japon, et qu’une fois accomplit, la divinité gardant la porte, ce satané chat dont je parlais au départ, se sauve tout simplement, change Sôta en chaise, et que la course pour fermer différentes portes dans le Japon s’engage. Alors, le sujet du film est clair et net, et le fantôme des événements de 2011 plane de toute façon constamment sur le film, et lui donne une certaine profondeur, un côté fataliste, et on y gagne en rythme pour se lancer directement à l’aventure à travers tout le pays, mais ce que l’on gagne d’un côté, on le perd quelque peu en complicité entre les personnages, qui paraît par la suite du coup un peu forcée. Un peu comme un simple coup de foudre, et non pas la continuité naturelle de mois entiers partagés ensemble en apprenant à se connaître, que ce soit en face à face (Les Enfants du Temps) ou en vivant dans la vie de l’autre (Your Name).

Mais Suzume n’est pas un mauvais film pour autant, loin de là. Sans doute moins engageant dans ses enjeux à faible échelle, mais toujours enchanteur en ce qui concerne le reste. Suzume fait voyager, et le fait très bien, dans ses décors en 2D fait à la main absolument sublime, et sublimés par un travail de couleur phénoménal. L’ajout d’éléments en 3D, comme lorsque les personnages seront en voiture, rend un peu moins bien mais permet de diversifier les techniques. Cette histoire de portes laissant place à des catastrophes reste bien évidemment engageant, et permet de parler de sujets graves et actuels avec malgré tout un certain recul évident. L’humour léger du film fait le plus souvent mouche également, et il y a quelque chose de bienveillant et de touchant dans les multiples rencontres de Suzume de par le pays, rencontre se terminant souvent par des mots d’encouragements, une amitié nouvellement formée, et un câlin d’adieu. Si le cœur romantique du film ne m’aura pas séduit autant qu’espéré, le reste, lui, aura fonctionné comme il se doit, comme à chaque fois, faisant de Suzume un voyage comme toujours prenant, magique, et dans le fond, unique. Ça n’atteint jamais le meilleur de Shinkai Makoto, mais ça se renouvelle un peu plus qu’avec Les Enfants du Temps.

Les plus

Visuellement splendide
Une invitation au voyage
Un récit optimiste et enchanteur
Les thématiques

Les moins

Une romance un peu forcée et peu crédible

En bref : Suzume est enchanteur, son voyage à travers le Japon sur fond de thèmes graves est engageant, et c’est visuellement sublime. Moins prenant dans ses enjeux plus terre-à-terre et romantiques ceci dit, mais toujours aussi bon pour tout le reste.

A FEW WORDS IN ENGLISH
THE GOOD THE BAD
♥ Visually stunning
♥ It’s an invitation to a journey
♥ An optimistic tale
♥ The themes
⊗ The romance is not that good
Suzume is good, it’s an invitation to travel all over Japan with some heavy themes, and it’s visually impressive. Not as interesting in some themes and for its romance, but still as good for everything else.

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