Titre Original : Havoc
2025 – Etats Unis
Genre : Policier
Durée : 1h45
Réalisation : Gareth Evans
Musique : Aria Prayogi
Scénario : Gareth Evans
Avec Tom Hardy, Jessie Mei Li, Timothy Olyphant, Forest Whitaker, Justin Cornwell, Quelin Sepulveda, Luis Guzman, Michelle Waterson, Sunny Pang, Jim Caesar et Xelia Mendes-Jones
Synopsis : Après une affaire de trafic de stupéfiants qui a mal tourné, un policier va tenter de sauver le fils d’un homme politique. Il va devoir évoluer dans une ville profondément corrompue.
Depuis le tout premier The Raid, et ça commence à dater maintenant, tout le monde surveille de près ce que Gareth Evans fait. Si depuis, comme beaucoup de réalisateurs, il s’est réfugié chez Netflix, aux côtés de Timo Tjahjanto (The Big 4, The Shadow Strays), pas grave. Son précédent long métrage était déjà arrivé sur la plateforme au N rouge. C’était Apostle, ou Le Bon Apôtre, et là aussi mine de rien, ça commence à dater. Tourné en 2021, son dernier long métrage, Havoc, renommé Ravage par chez nous, était donc attendu. Et on l’aura attendu, longtemps, entre des reshoots qui, suivant les sources, auraient été demandées par Netflix suite à des retours négatifs, mais suivant d’autres sources, auraient été voulues par Gareth Evans car le film le nécessitait. Un tournage additionnel qui a dû attendre, car entre temps, il y a eu une grève. Bref, Avril 2025, le film est enfin là. On se lance, aussi heureux qu’un petit garçon qui reçoit enfin son jouet à Noël, avec des attentes fortes, et devant cette ouverture, on ne sait que penser, tant on a l’impression de voir une course poursuite à la Furiosa, mais seulement avec les mauvais côtés. A savoir un côté numérique, bien trop fluide, bien trop too much pour paraître crédible et tout simplement réel. On se demande bien ce qu’il s’est passé. On craint le pire, entre ses mouvements de caméra improbables, ces voitures et camions beaucoup trop fluides et rapides… Puis le film débute vraiment, et nous sommes enfin rassurés, nous ne sommes pas devant une cinématique de jeu vidéo, mais bien de retour dans l’univers sanglant, violent et sans pitié de Gareth Evans. Avec ce que cela implique de qualités comme de défauts.
Je l’avais souligné à l’époque d’Apostle, mais la plus grande force d’Evans, ce n’est pas l’écriture, même s’il écrit toujours lui-même ses scénarios. Et ici, c’est exactement la même chose, comme pour The Raid 1, The Raid 2 et tous les autres. C’est un scénario fonctionnel, déjà vu, assez cliché dans le fond, mais finalement, ce n’est pas pour voir une fresque originale ou épique façon Scorsese que nous sommes là. Non, là où Evans brille de milles feux, c’est en mise en scène pure, dans sa manière de fluidifier la violence et de la rendre jouissive à l’écran. Et sur ce point, le métrage est exactement ce qu’on attendait de lui, avec comme moment de grâce une scène d’action de bien dix minutes dans une boite de nuit qui rentre immédiatement dans mon top 5 des meilleures séquences de l’année, ou de ces dernières années. Que l’on regretterait de ne pas découvrir sur un écran de cinéma pour avoir droit au même choc jouissif que fut la découverte de The Raid 2 à l’époque. Mais bon, un peu de contexte à tout ça. Rien d’original comme énoncé, Tom Hardy joue un flic hard-boiled qui se retrouver à chercher et protéger le fils d’un politicien (ce bien trop rare Forest Whitaker) alors que les flics, des flics ripoux, les triades et un peu tout le monde sont après lui et sa petite amie Mia. Alors forcément, il est question de gangs, de drogue, de trahisons, et de se tirer dans la gueule à coup de fusil à pompe à bout portant jusqu’à ce qu’il ne reste pas assez de chair pour être considéré comme vivant. Et ça fonctionne comme toujours à merveille. Malgré le côté classique du scénario, des personnages et même des situations, la mise en scène de Gareth Evans fait passer la pilule, même en dehors des scènes d’action, de par sa maitrise de la caméra et de l’ambiance. Entre son grain souvent prononcé, son montage affuté, sa violence débridée et le score musical du fidèle Aria Prayogi à l’œuvre chez Evans depuis Merantau en 2009, c’est du tout bon.
Mieux, ça parvient à créer une réelle ambiance de film noir et désespéré où la morale est quasiment absente de la plupart des personnages, à l’exception de la flic Ellie qui va finir par filer un coup de main à notre héros. Oui, car flinguer la moitié de la ville en l’espace d’une scène épique, ça fatigue. Et niveau action donc, Gareth Evans est en forme, comme toujours, c’est méga violent, la caméra est fluide tout en étant toujours lisible, ça pisse le sang dans tous les sens, ça poignarde, charcute, mitraille, explose, abat froidement des innocents, et ça retrouve donc cet aspect purement jouissif de l’action. Sans doute plus rare que dans un The Raid 2, mais également bien plus court (1h45 ici contre 2h30 pour The Raid 2), Ravage fait des merveilles quand les dialogues laissent leur place à la poudre, et ça en deviendrait presque orgasmique, le temps de deux scènes énormes, celle de la boite de nuit, et le long final. Orgasmique pour les yeux, pour les oreilles, pour les sens, et moi perso j’en redemande. A l’heure ou le cinéma d’action à destination des salles de cinéma est souvent aseptisé, nous faisant presque croire qu’une guerre de gangs, ça ne salit pas, ça fait plus que du bien de voir le cinéma clairement exagéré de Gareth Evans qui vient défoncer tout ça, avec supplément cervelle sur les murs.
Les plus
Une mise en scène parfaitement rodée
De l’action purement jouissive
La scène de la boite de nuit, grand moment
Un casting de belles gueules (fracassées)
L’ambiance musicale et sonore
Les moins
La course poursuite d’ouverture, une catastrophe
Un scénario comme toujours simple, et simpliste
En bref : Ravage, ou Havoc, c’est passé son ouverture ratée et bien moche un pur plaisir d’action bourrin qui explose les têtes dans des scènes jouissives.
A FEW WORDS IN ENGLISH | |
THE GOOD | THE BAD |
♥ A perfectly well made direction ♥ The action is pure extasy ♥ The scene in the night club, great moment ♥ A cast of good (broken) faces ♥ The sound design and musical score |
⊗ The opening chase… it looks so fake ⊗ A script simple as always |
Havoc, despite its bad opening, it a pure entertaining action flick with exploding heads and amazing action sequences. Just what we wanted from Gareth Evans. |
J’ai adoré. Tu mets le scénario simpliste dans les « -« , mais en fait c’est peut-être ce qu’il faut, un truc alambiqué avec des twists à la mords-moi-le-nœud ou je ne sais quoi, ça ferait grincer des dents, mais là ça passe comme une lettre à la poste. Le personnage de Hardy est crédible et moi ça me suffit, en quelques scènes, une ou deux phrases importantes, on en apprend un peu sur son passé et ses actions achèvent de dessiner sa psychologie. Quel pied bordel, quel pied !
Sur Netflix il commence à y avoir de sacrées bobines d’action quand même, Amazon doit être rouge de honte : THE NIGHT COMES FOR US, EXTRACTION, HAVOC…
Au fait, tu as écrit organismique deux fois. Ne voulais-tu pas plutôt dire orgasmique ?
PS : pour la course-poursuite en voitures, je crois qu’on peut ressortir notre bonne vieille VHS de FRENCH CONNECTION !
Ah non mais c’est un point faible en surface mais un point fort entre les mains d’Evans. Ses scénarios ont toujours été dans le fond très simples et clichés, et juste là pour amener les scènes où il peut se lâcher avec sa caméra et nous impressionner. Mais ça reste que pour certains, ça pourrait être un point faible car on pourrait en effet en attendre plus à ce niveau, plutôt que de rester à la surface des stéréotypes d’un genre. Mais on est d’accord, en terme de cinéma, de proposition, d’inventivité même, bordel quel pied.
Netflix ouais ils commencent à avoir un bon catalogue dans le domaine, bon ça fait chier pour les sorties physiques, ce serait bien qu’ils fassent un partenariat avec quelques éditeurs pour sortir au moins leurs « grands » titres, où ceux qui mériteraient d’un encore plus grand comfort de visionnage (genre, ce film en 4K avec un son qui explose, je dis oui haha).
Ah oui exact je vais corriger ça.
Je me suis remis quelques bouts de l’ouverture, je trouve toujours ça moche et jeu vidéo, même si en soit, là aussi il y a quelques belles idées de mise en scène, de mouvements de caméra, c’est juste que ça fait faux, certains plans j’ai l’impression de voir un croisement entre un jeu façon GTA et du SIN CITY, super étrange. Mais bon. FRENCH CONNECTION, ou DRIVER de Walter Hill, j’adore ce film !
Ces soucis de plans bizarres, ce n’est pas uniquement dans la scène d’intro, j’ai tiqué à plusieurs reprises, tout à coup dans une ruelle, on se sent dans un studio, croulant sous les CGI, puis après ça va mieux, on y fait moins attention. Étrange. Ça crée une ambiance noire, surréaliste sans doute. De toute façon le film n’est pas parfait, c’est certain. Mais on ne va pas bouder notre plaisir…
Oui à plusieurs reprises, notamment dans les mouvements de caméra pour créer des enchainements entre les scènes et les lieux, ça manque de naturel, je pense en fait que les plans sont réels, mais que pour pousser le bouchon à fond du côté « polar néo noir hard boiled », il y a masses de détails en CGI rajoutés dans tous les plans, ce qui créé ce côté super étrange. Ca donne dans un sens une identité à la ville, mais ça fait bizarre à côté des moments plus viscéraux et réalistes du film en fait.
Mais oui, pas parfait, mais que ça fait du bien. Il se glisse direct dans mon top de l’année, dans les premiers titres où il restera probablement. Comme je disais à Feroner sur DSR, les prochains films d’action, comme BALLERINA (qui peut être sympa hein), ça va paraître tellement gentil et tiède à côté maintenant…. Limite BALLERINA aurait dû sortir avant HAVOC pour ne pas trop souffrir de la comparaison sur le moment haha.