PULSIONS CANNIBALES (Apocalypse Domani) de Antonio Margheriti (1980)

PULSIONS CANNIBALES

Titre Original : Apocalypse Domani
1980 – Italie
Genre : Horreur
Durée : 1h36
Réalisation : Antonio Margheriti
Musique : Alexander Blonksteiner
Scénario : Dardano Sacchetti

Avec John Savon, Tony King, Giovanni Lombardo Radice, Elizabeth Turner, Cinzia De Carolis, Wallace Wilkinson, Ramiro Oliveros et Renzo Marignano

Synopsis : Dans la jungle vietnamienne, un commando de soldats américains s’y aventure pour sauver les derniers captifs détenus par les vietnamiens. Mais, en les libérant, le capitaine Hopper est sauvagement mordu par l’un des leurs, Charlie Bukowski. De retour aux États-Unis, les anciens prisonniers sont placés dans un asile psychiatrique pour les vétérans de guerre. Lorsqu’il s’évade, Bukowski, toujours malade, est pris de violentes pulsions qui le poussent à mordre et dévorer ses semblables. Hopper découvre qu’il est atteint d’un mal étrange, un virus qui transforme les personnes en cannibales. Alors qu’il s’apprête à le traquer, Hopper comprend qu’il est lui-même infecté en raison de sa morsure. Il n’a plus beaucoup de temps avant de devenir à son tour un monstre avide de chair humaine.

De tous les réalisateurs Italiens ayant traversés les années, dans le cas de Margheriti, des années 60 aux années 90, Antonio m’est toujours apparu comme l’un des réalisateurs les plus bis, se tournant très rapidement vers la science-fiction, l’horreur, et évidemment, passage obligatoire pour tout le monde, le western spaghetti et le giallo. Mais il m’est toujours apparu plus bis que les autres, avec une envie de souvent tout faire exploser (il a fait beaucoup d’action au début des années 80), ce qui ne veut pas dire qu’il n’avait pas de talent, loin de là en fait. Son cinéma était généreux, même lorsque les budgets étaient réduits, et il tentait souvent d’apporter une petite pointe d’originalité à des projets d’exploitation purs et durs. C’était le cas par exemple de l’un de ses derniers métrages, Alien la Créature des Abysses, un film fauché, bancal, au rythme qui l’était tout autant, mais où Margheriti mariait film de monstre géant et film d’aventures, et en y incorporant derrière un petit message écolo. Neuf ans avant, en 1980, il signait avec un peu plus d’argent ce que l’on pourrait presque considérer comme le film d’exploitation ultime. En 1980, plusieurs modes explosent en Italie. Il y a le film de cannibales (Cannibal Holocaust, Cannibal Ferox, Le Dernier Monde Cannibale et j’en passe), mais il y a aussi le film de zombies (trop pour les citer, mais tout commença avec L’Enfer des Zombies). Et, même si la mode prit du temps à vraiment éclater, il y a les films de guerre, souvent sur le Vietnam, et pour filmer la guerre, rien de mieux que les Philippines, mais ça, Bruno Mattei s’y connait mieux que personne. Et bien en 1980, Antonio Margheriti, avec sa sagesse et surtout sa générosité, il nous sort un film avec une ouverture au Vietnam, des soldats traumatisés en rentrant au pays, atteint de cannibalisme, et tout ceci sera traité comme un virus, et donc chaque personne mordue devient infectée, donc paf, des infectés, un peu comme des zombis. Le trio gagnant. Pourtant, évidemment, tout ne fonctionne pas, surtout lorsque l’on revoit le métrage de nos jours, dans des qualités optimales, car les stock shot d’hélicoptère ouvrant le film, ils sont voyants, et trahissent donc une production avec un peu d’argent (le gore, le casting, un tournage aux Etats Unis), mais pas trop non plus. Du coup, un plan sur deux, on a droit au film de Margheriti, bien filmé, bien éclairé, puis des stock shot de la guerre, plus sombres et probablement filmés en 16mm.

Mais cette scène d’ouverture, se déroulant donc au Vietnam, elle n’est pas représentative du reste du métrage, et se fait sans doute, dans le fond, encore plus bis que le reste, comme une vision fantasmée de la guerre, avec John Saxon qui débarque avec son équipe pour sauver les siens et se la joue Chuck Norris, mitraillant à tout va. Mais le spectateur lui, il comprend déjà la proposition bis du métrage, après tout, on se sert d’un chien pour exploser l’ennemi, avec du C4 accroché à son collier. RIP le chien. Mais venons-en au cœur du film, car Pulsions Cannibales se déroule donc de nos jours, aux Etats Unis, après la guerre, et John Saxon a bien du mal à se remettre de l’horreur de la guerre, et surtout d’un événement, où il sauva deux membres captifs de son équipe, s’adonnant au cannibalisme lorsqu’il les trouve enfin. Et ses deux membres, dont l’un sera joué par Giovanni Lombardo Radice, qui retournera l’année suivante tutoyer les cannibales dans Cannibal Ferox de Umberto Lenzi, ils ne vont pas spécialement bien, ils ont des pulsions, et le moindre faux pas peut les faire basculer. Et comme je l’indiquais donc, le cannibalisme est ici traité comme un virus, contaminant les mordus. Un choix original, sans doute dans les faits un peu con, mais qui donne, du moins pendant un temps, un cachet bien particulier au métrage. Car en fait, Pulsions Cannibales, durant en tout cas une bonne partie de sa durée, et bien ça fait admirablement bien le job. L’ambiance est lourde, on se dit qu’il y a ici un message sur le trauma de la guerre, le gore n’est pas encore trop présent, ou du moins reste réaliste, comme lorsque Giovanni Lombardo Radice pète un câble et sera poursuivi par un gang et les flics, se réfugiant dans un marché avec un fusil à pompe. Et le film joue plutôt bien sur les pulsions (cannibales donc ?) des personnages, certains essayant de lutter plus que d’autres. Notamment Hopper, joué par John Saxon, qui a peur, peur de finir comme ses camarades, peur de ce dont il est capable de faire.

Il n’est pas aidé par sa voisine qui lui fait du rentre-dedans en permanence, et personnellement, vu le joli minois de Cinzia De Carolis (La Nuit des Diables), j’aurais craqué immédiatement. Mais le souci, c’est que tout en étant divertissant, parfois prenant, et disposant de belles idées, autant dans son scénario signé Dardano Sacchetti pour se renouveler que dans sa mise en image (Margheriti nous livre un plan à la Kitamura, 20 ans avant qu’il ne soit réalisateur et ne fasse de ce genre de plans sa marque de fabrique), Pulsions Cannibales a parfois du mal à tenir sur la durée, la faute à certains choix. On se doute bien par exemple que Hopper est contaminé lui-aussi, qu’il lutte pour ne pas basculer, ne pas finir comme ses deux camarades, mais alors qu’il y avait un coup à jouer, le film le fait basculer en une seule scène. Il est gentil, il lutte, il est presque apeuré de voir ce que sont devenus ses camarades, mais la scène suivante, il tue froidement un docteur et libère tout le monde. Traduction, tout le dilemme moral du personnage a lieu hors caméra, entre deux scènes. Ce qui fait que Hopper, le personnage le plus intéressant du film, est sacrifié, d’un coup, comme ça, pour amener plus rapidement la dernière ligne droite du métrage, qui se transforme en traque entre les contaminés et la police. Et puis cette traque, elle manque finalement un peu d’envergure, les personnages se réfugiant bien vite dans les égouts pour ce qui reste sans doute le moment le moins intéressant du métrage, malgré là aussi de très belles idées de mise en scène. Mais oui, pour une raison inconnue (manque d’argent, manque de temps, coupes au montage ?), Pulsions Cannibales s’épuise dans sa dernière partie, malgré des envolées gore et un joli final jouant étonnement sur la suggestion, et me faisant penser encore une fois que si Margheriti est un réalisateur très bis, il n’en avait pas moins du talent à revendre.

Les plus

Quelques scènes gore qui font mal
Giovanni Lombardo Radice en psychopathe
John Saxon, classe comme toujours
Un mix improbable entre guerre, infectés et cannibales
Un petit bis bourré d’idées
Cinzia De Carolis, la voisine parfaite

Les moins

Hopper, un bon personnage, tout à coup rushé
Le passage des égouts, moins prenant
Une contamination en fait secondaire

En bref : Pulsions Cannibales est un bon bis qui tente des choses et mixe en plus plusieurs modes, avec sérieux et des idées de mise en scène bienvenues, en plus d’avoir un bon casting. Dommage qu’il ne va pas au bout de certaines idées et se termine sur une dernière partie en dessous du reste.

A FEW WORDS IN ENGLISH
THE GOOD THE BAD
♥ A few good gory scenes
♥ Giovanni Lombardo Radice as the psychopath
♥ John Saxon, classy as always
♥ The mix between war, infected and cannibals
♥ Lots of ideas
♥ Cinzia De Carolis, the perfect neighbor
⊗ Hopper, a good character, until suddenly the script forgets his fears
⊗ The scenes in the sewers, less interesting
⊗ The contamination is in fact secondary
Cannibal Apocalypse is a big B movie, a good one, it tries things and mixes several fashions, seriously and with nice visual ideas, and also a good cast. Too bad it doesn’t go all the way with some ideas, and the last part is less interesting.

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