LE MIEL DU DIABLE (Il Miele del Diavolo) de Lucio Fulci (1986)

LE MIEL DU DIABLE

Titre Original : Il Miele del Diavolo
1986 – Italie
Genre : Erotique
Durée : 1h22
Réalisation : Lucio Fulci
Musique : Claudio Natili
Scénario : Jaime Jesús Balcázar, Lucio Fulci, Ludovica Marineo, Sergio Partou et Vincenzo Salviani

Avec Brett Halsey, Corrine Cléry, Bianca Marsillach, Stefano Madia, Paula Molina et Bernard Seray

Synopsis : Une jeune femme enlève et séquestre un médecin qu’elle considère comme responsable de la mort de son petit ami et lui fait subir des sévices sexuels extrêmes.

Alors que je suis plutôt un grand connaisseur du cinéma de Fulci, il y a malgré tout deux films de lui datant des années 80 que je n’ai jamais vu. Le premier, c’est Les Fantômes de Sodome, et étant considéré comme l’un de ses pires films, en plus de voir des scènes entières être utilisées dans son Nightmare Concert, je ne perds donc pas grand-chose. Le second, c’est Le Miel du Diable. Enfin, c’était, puisque si je vous en parle, c’est que je l’ai vu. N’ayant pas forcément bonne réputation non plus, le métrage a pour particularité de s’éloigner totalement de ce que Fulci avait fait jusque-là. Point de giallo, pas de tueurs, pas de malédictions, pas de zombies, nous sommes ici dans ce qui nous est vendu comme un thriller érotique. Après la courte vision (1h23), on serait plus tenté de dire que nous sommes devant un film érotique, qu’on camoufle discrètement sous un aspect thriller assez tardif, justifiant ainsi le fait que Fulci réalise. Mais c’est bien évidemment toujours un peu plus complexe que ça, et grâce à l’excellente édition chez Artus Films, on en apprend un peu plus dans les bonus. Mais dans les années 80, on le sait dans tous les cas, Fulci était malade. Il s’était quelque peu retiré après la sortie de l’immonde Murder Rock, un film traumatisant toujours mes nuits, où quand Flashdance est mixé à un giallo ultra soft, et c’est donc après une pause de deux ans qu’il revient avec Le Miel du Diable. Et d’entrée de jeu, plusieurs constats s’imposent, dont certains confirmés par lesdits bonus de l’édition. Oui, Fulci était bel et bien malade pendant le tournage, oui le budget était extrêmement réduit, et oui, le simple nom de Fulci aidait à vendre à l’international, ce qui faisait de lui au final un choix logique. Un peu comme Zombi 3, toujours cité comme un film de Fulci, car c’est bien plus classe que Bruno Mattei.

En tout cas, dans Le Miel du Diable, pas d’horreur, pas de plans chocs (horrifiquement parlant), et malheureusement, même pas vraiment de thriller car si vous attendez de voir ce que l’intrigue va donner avec ce kidnapping d’un chirurgien, vous pouvez attendre un bon 45 minutes, sur un film ne durant déjà à la base que 1h23. On a le plus souvent l’impression de voir uniquement les fantasmes inavoués des cinq (oui cinq) scénaristes venir exploser à l’écran. Ce qui aurait pu, dans le meilleur des cas, donner un métrage troublant, étrange, sensuel, si le scénario n’essayait pas de nous dire absolument tout le temps que nos deux personnages, Cecilia et Gaetano, ne vivaient pas l’histoire d’amour parfaite. Alors je veux bien moi, chacun sa vision de l’amour après tout, mais quand monsieur passe chacune de ses scènes à vouloir s’envoyer en l’air, qu’il maltraite souvent madame, et qu’en plus, les seuls vrais échanges posés entre les deux personnages ne sont là que pour répéter constamment qu’ils s’aiment, pour toujours, et on a du mal à y croire. Thématiquement en réalité, c’est bien la trop courte partie concernant le chirurgien, le docteur Dominici, qui a une relation conflictuelle avec sa femme Carole, qui est intéressante. Lui, il a besoin d’un amour pervers et hors du commun, elle, elle est trop sage, et du coup il ne la touche même plus et va chercher un peu de réconfort avec des prostituées. Deux relations différentes, avec d’un côté une femme soumise (Cecilia) et de l’autre une femme délaissée mais qui ne se laisse pas faire (Carole), qui vont se rejoindre donc lorsque Gaetano va avoir un accident de moto, ce qui va le mener dans le coma, puis en chirurgie, puis dans la tombe. Cecilia va se mettre en tête que tout ça, c’est la faute du brave docteur (c’est un peu le cas malgré tout), et elle va donc d’abord le harceler, puis le kidnapper. Dans le but de le tuer, elle le dit clairement, mais à l’écran, on n’est pas vraiment sûrs. Et Le Miel du Diable, c’est pas terrible. Et ce pas seulement car on a du mal à retrouver la patte du cinéaste sur le projet.

D’ailleurs, de manière surprenante, à quelques moments en réalité, on la retrouve sa patte, tant il semble filmer l’érotisme un peu comme il filmait l’horreur. Le même genre de plans, de rythme lancinant, d’atmosphère moite. Après, on ne peut pas intégralement lui en vouloir, Fulci revenait après une pause, lui qui n’avait rien signé depuis 1984, alors qu’il enchaînait depuis des années deux projets par an, le budget était risible, et le casting loin d’être convaincant. Brett Halsey dans le rôle du bon docteur fait souvent les gros yeux, et Fulci retravaillera de nombreuses fois avec lui lors de ses derniers films (Soupçons de Mort, Nightmare Concert, Demonia). Quand au casting féminin, ce n’est pas la folie non plus, Corinne Cléry et Bianca Marsillach passant le plus clair de leur temps à se dénuder, pour un oui ou pour un non. Exploitation ou non, par moment, on en vient à rire un peu de tout ça, puisque le scénario ne cherche même pas à justifier quoi que ce soit. Bianca Marsillach, bien qu’en faisant souvent des tonnes, reste cependant joliment filmée la plupart du temps. Et puis, Le Miel du Diable, dans son côté exploitation, va parfois loin, si bien que les yeux ébahis face à certaines scènes, on ne sait plus si on doit en rire ou bien être gêné. Vous ne verrez plus jamais un saxophone de la même manière. Ni la moto d’ailleurs. Ni le vernis. Ni un revolver. Reconnaissons au moins au film qu’il marque, peu importe les raisons. Et puis après son affreuse année 1984, je n’ai pour le coup pas trop envie de taper sur Fulci ce coup-ci. C’est moyen, mais parfois hallucinant.

Les plus

De jolies femmes pas vraiment prudes
Quelques moments où l’on remarque que c’est Fulci
Des scènes folles

Les moins

Ça ne joue pas très bien
Ça met un temps fou à se lancer
Des relations pas vraiment crédibles
Un petit film fauché

En bref : Le Miel du Diable c’est le retour de Fulci par la toute petite porte après une pause. Bancal, racoleur, peu crédible et trop lent, le métrage peut néanmoins marquer par la folie de ses idées et sa nudité quasi constante, ainsi que quelques moments où l’on remarque la patte de Fulci derrière la caméra.

A FEW WORDS IN ENGLISH
THE GOOD THE BAD
♥ Some very beautiful women
♥ A few moments when you can notice Fulci is behind the camera
♥ Crazy scenes
⊗ The acting is clearly not good
⊗ It takes forever to really start
⊗ The relationship are far from perfect
⊗ There is clearly no money
The Devil’s Honey, it’s the return of Fulci by the very small door after a break. Not great, provocative, not really credible and too slow, the film can still leave a mark on you thanks to its crazy ideas and scenes, and the fact that it doesn’t back out from nudity, far from it.

2 réflexions sur « LE MIEL DU DIABLE (Il Miele del Diavolo) de Lucio Fulci (1986) »

  1. Tu n’es pas tendre. Je viens pourtant de lire une autre chronique qui m’a bien donné envie de goûter à ce miel, revanche d’une femme sur l’habituel bourreau masculin. Ça m’a rappelé un peu Béatrice Cenci, mais visiblement c’est moins bien.

    1. Je ne regrette pas non plus mon achat hein, mais force est de constater que le film est bancal à bien des niveaux, pas très bien joué et met quand même un certain temps à démarrer. J’ai eu beaucoup de mal à croire à cet « amour ». Mais je suis content de l’avoir enfin vu, et puis, comparé à ces deux précédents films en 1984 (2072 LES MERCENAIRES DU FUTUR et MURDER ROCK) ainsi que des quelques téléfilms qu’il signera entre 1988 et 1989 (dont je sauve néanmoins HOUSE OF CLOCKS, il me semble toujours inédit chez nous, et DEMONIA an 1990 qui est depuis sorti chez Carlotta, je l’ai, mais pas encore revu en HD), c’est tout de même mieux.

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