GHOST IN THE SHELL 2 INNOCENCE
Titre Original : イノセンス / Inosensu
2004 – Japon
Genre : Animation
Durée : 1h40
Réalisation : Oshii Mamoru
Musique : Kawai Kenji
Scénario : Oshii Mamoru
Avec les voix de Otsuka Akio, Tanaka Atsuko, Oki Tamio, Yamedera Kôichi, Nakano Yutaka, Takenaka Naoto, Aoba Gou, Asakura Eisuke et Fujimoto Yuzuru
Synopsis : Batou est un cyborg vivant. Son corps entier a été fabriqué par l’homme. Seules lui restent des bribes de son cerveau et le souvenir d’une femme. Dans un monde où la frontière entre humains et machines est devenue infiniment vague, les Humains ont oublié qu’ils sont humains. Voici la débauche du « fantôme » d’un homme solitaire qui néanmoins cherche à conserver son humanité.
Lors de sa sortie au Japon, tout ceci ne s’appelle que Inosensu, Innocence donc. Se déroulant après les événements de Ghost in the Shell, et donc, dans le même univers, l’intrigue nous permet ce coup-ci de suivre Batou dans une nouvelle enquête, pour un nouveau film entre film noir et science-fiction, ou plutôt, cyberpunk. Lors de sa sortie hors du Japon, le métrage est renommé Ghost in the Shell 2 Innocence, pour des raisons commerciales évidentes, le film original étant devenu un film culte et une œuvre importante, autant pour le genre cyberpunk que pour l’animation Japonaise. Oshii Mamoru en tout cas reste maître à bord, toujours réalisateur, mais ce coup-ci, scénariste également, pouvant ainsi mettre ses propres obsessions dans un récit qui continue les thématiques du premier film, à savoir, l’humain, la machine, l’âme, que sommes-nous donc ! Un vaste programme, et une tâche immense de passer après le premier film. Tâche accomplie ? Par certains aspects, oui, tant Innocence tente d’innover, tente plus de choses, et nous montre une société où la frontière entre l’humain et la machine est encore plus mince, et que, volontairement ou non, cette thématique se retrouve jusque dans le visuel du métrage. Par d’autres aspects par contre, non, le métrage se montrant certes plus ambitieux, mais parfois aussi plus brouillon, tout en subissant, notamment mi-parcours, quelques petites longueurs, pas bien méchantes, mais bien présentes, là où au final, le premier film et ses 1h22 avaient un rythme parfait, à la fois propice à l’histoire qu’à l’action, la contemplation, et à ses thématiques. Batou, le collègue du Major dans le premier film, se retrouve catapulté ici au premier plan, et mène une enquête sur des robots qui perdent le contrôle et attaquent des humains. Simple glitch, complot, vérité que la société construisant les robots cherche à cacher ?
C’est à lui et son coéquipier de découvrir la vérité. Ce qu’Innocence réussit à merveille, c’est son mix entre le film noir et le cyberpunk, en baignant le tout dans une ambiance plus sombre que le premier film, limite pessimiste et dépressive. Il fait constamment nuit, les néons éclairent le tout, la lumière verte du premier film, souvent présente et symbolisant l’informatique, est ici remplacée par des teintes orangées. Ce n’est pas le seul changement, puisqu’en sortant quasiment 10 ans après le métrage original, les techniques ont, elles aussi, évoluées, et Oshii expérimente, mélangeant la classique animation 2D avec des plans 3D générés par ordinateur. La bataille entre l’humain et la machine, entre l’ancien et le nouveau, les connaissances et la découverte. Les thématiques du film se retrouvent donc jusqu’à son visuel, que ce soit volontaire ou pas, et confère une nouvelle fois une patte inoubliable à l’œuvre. Car visuellement, ce second film est, malgré quelques réserves, un pur plaisir visuel, un spectacle pour les yeux. C’est souvent très beau, et avec en prime toujours Kawai Kenji à la musique, qui reprend en plus les thèmes marquants du premier film, ça fait mouche. La scène de la parade par exemple est absolument envoutante. Ceci dit, oui, à d’autres moments, l’animation 3D donne un aspect beaucoup plus factice, certes collant à merveille aux thématiques, mais perdant un peu du charme du premier film. Voire, je vais oser le mot, certains plans, très rares, mais là, sont moches. Mais encore une fois, la maitrise générale ainsi que l’ambiance prennent le pas, et Oshii parvient à rendre son métrage la plupart du temps hypnotique, que ce soit dans les purs moments de contemplation (encore une fois, la parade), dans l’action pure comme ce passage ultra violent chez les yakuza, mais aussi dans certains moments plus expérimentaux, où le film prend alors le point de vue d’une personne manipulée, et donc, nous offre son point de vue à lui sur ce qu’il voit, ce qu’il hallucine, ce qu’on veut lui faire voir.
Malheureusement, si visuellement malgré quelques couacs c’est superbe, que l’ambiance est étouffante, et que tout ça se suit avec un réel plaisir, Oshii, auteur du scénario, s’égare parfois dans des propos philosophiques qui viennent alourdir le rythme, et semblent parfois un peu forcés. Comme si parfois, les personnages étaient forcés de nous sortir une ou deux phrases à la portée philosophique pour appuyer le propos après une scène plus simple. Si on le compare au premier film, plus simple et plus direct dans son approche de l’intrigue, c’est un peu dommage, Innocence semble vouloir en faire constamment un peu trop, et se perds. En résulte donc quelques longueurs, ou quelques passages maladroits qui auraient gagnés, là aussi, à faire dans la simplicité. Mais, et ça c’est bien vrai, c’est souvent le cas avec Oshii, que ce soit sur les films d’animations comme ici, ou sur ses films live, qui alternent le bon (Avalon, Nowhere Girl) et l’imbuvable (Assault Girls, je ne m’en remettrais jamais). Et ça c’est extrêmement dommage, quand tout le reste à côté est d’un très haut niveau. En résulte malgré tout une œuvre forte, hypnotisante, mais qui rate de peu l’excellence, la faute aux errements de son auteur. Néanmoins, ça reste toujours bien plus intéressant que le film live de 2017, que je n’ai pas détesté contrairement à la masse, mais qui simplifie à l’extrême le propos pour n’en garder que les contours.
Les plus
Visuellement souvent somptueux
Le mix film noir et cyberpunk
La scène de la parade, sublime
Un prolongement des thématiques
Souvent hypnotisant
Les moins
Mais parfois aussi un peu brouillon et prétentieux
Quelques rares plans 3D en dessous du reste
En bref : Ghost in the Shell 2 Innocence prolonge les thématiques du premier film dans une nouvelle aventure allant plus loin sur pas mal de points, quitte à être inférieure, la faute à quelques également, notamment philosophiques.
A FEW WORDS IN ENGLISH | |
THE GOOD | THE BAD |
♥ Visually beautiful ♥ The mix between film noir and cyberpunk ♥ The parade, just stunning ♥ It goes further with the same themes ♥ Often mesmerizing |
⊗ But at times, more pretentious and messy ⊗ Some rare 3D shots not that good |
Ghost in the Shell 2 Innocence continues the themes of the first film with a new adventure going further on many points, sadly not as good, because of some philosophical mistakes. |
– ah , le » 2 » .
visuellement encore un cran au dessus (par moments il me semble) .
également plus » poétique » , pour ne pas dire Abstrait . et contemplatif .
pourtant au final , je préfère le » 1 » car le scénario permet de beaucoup plus
s’investir dans les personnages . alors que celui ci , me laisse uniquement spectateur .
Salutaions . d
Par moment oui, il est sacrément plus abouti, et même ambitieux que le premier dans sa proposition, visuelle en tout cas. Mais voilà, comme toi, sa complexité fait que je reste souvent à la porte de son univers, de ses questionnements et de son émotion, là où le premier fonctionne à un tout autre niveau. Ca m’a tout de même fait plaisir de revoir les deux films après tant d’années, avec des souvenirs assez vagues, mais de constater que ça fonctionne toujours autant, et que ça n’a absolument pas vieilli.