LA RANCON DE LA PEUR (Milano odia: la polizia non può sparare) de Umberto Lernzi (1974)

LA RANCON DE LA PEUR

Titre Original : Milano odia: la polizia non può sparare
1974 – Italie
Genre : Policier
Durée : 1h39
Réalisation : Umberto Lenzi
Musique : Ennio Morricone
Scénario : Umberto Lenzi et Ernesto Gastaldi

Avec Tomás Milián, Henry Silva, Anita Strindberg, Laura Belli, Lorenzo Piani, Mario Piave, Gino Santercole, Ray Lovelock, Guidp Amberti et Luciano Catenacci

Synopsis : Giulio est un nouveau dans le milieu, et par son manque d’expérience, il fait échouer un coup. Rejeté par les membres de son gang, il décide d’enlever la fille d’un riche industriel, et demande une rançon de 500 millions à son père.

Dans les années 70, Umberto Lenzi était un réalisateur tout ce qu’il y a de plus respectable, enchaînant les films intéressants dans les genres les plus populaires à l’époque, comme le giallo et le poliziottesco. Niveau giallo par exemple, on lui devait au début des années 70 des films comme Le Tueur à l’Orchidée ou encore Spasmo, tandis que niveau polar, il y avait La Guerre des Gangs (à ne pas confondre avec Contraband, aussi appelé La Guerre des Gangs, signé Lucio Fulci en 1980), Un Flic Hors-la-loi, Brigade Spéciale, ou La Rançon de la Peur qui nous intéresse ici. Un film qui a de quoi attirer le cinéphile curieux en un clin d’œil, avec son intrigue qui sent bon le nihilisme et la violence propre du genre et de son époque, Lenzi donc à la mise en scène, mais aussi Ennio Morricone à la musique et Tomás Milián dans le rôle du petit truand psychopathe faisant office de rôle principal. Nous le suivons, Giulio, petit truand aux rêves de grandeur, immoral, voleur, menteur, drogué, alcoolique, et n’ayant bien entendu aucune valeur pour la vie humaine, dans son quotidien, jusqu’au jour où il se décide qu’être pauvre et de galérer en bas de l’échelle, ça l’emmerde, et que mieux vaut frapper un grand coup quitte à laisser pas mal de cadavres derrière lui, pour avoir un beau pactole et être tranquille par la suite. Evidemment, rien ne se passera comme prévu, les cadavres vont vraiment s’empiler les uns sur les autres, et on assiste, un peu médusé, à la chute de ce personnage qui nous apparaît immédiatement comme antipathique, alors qu’entre l’ouverture du film et sa fermeture, c’est un peu le jour et la nuit, tant toutes les caractéristiques négatives du personnage semblent décuplées. La preuve qu’avec assez de rigueur et de sérieux dans le traitement, oui, le spectateur peut suivre, être happé et apprécier un métrage où le héros est la pire des raclures de l’humanité, et donc ne pas ressentir une once de sympathie pour lui.

Giulio, dès le départ, c’est le personnage associable, égocentrique, qui n’a aucune qualité mais accumule les défauts. Il boit, il se drogue, il rend visite à sa petite amie juste quand il a besoin d’argent ou de tirer un coup, et lorsqu’il effectue ne serait-ce qu’un méfait risible comme voler quelques pièces dans un distributeur et qu’un flic l’interpelle, il n’hésite pas à poignarder le pauvre mec faisant son boulot jusqu’à la mort, pour ensuite venir trainer au milieu du « public » et se moquer de la police comme si de rien n’était. Tomás Milián est pour beaucoup dans la réussite du métrage, mais on notera également à ses côtés, ou face à lui, la présence de Henry Silva (Dick Tracy, Nico, Alligator) en inspecteur, jouant ainsi son premier rôle de gentil, Anita Strindberg (Qui l’a vue Mourir, La Queue du Scorpion, Le Venin de la Peur) en petite amie au sort peu enviable ou encore Ray Lovelock (dont on peut se souvenir malheureusement pour sa présence dans Murder Rock de Fulci) en ravisseur sympathique et gardant les pieds sur Terre. Car rapidement, alors que l’on sait déjà à quoi s’en tenir avec notre anti-héros, le voilà avec une idée de kidnapping en tête, avec une équipe autour de lui, et à partir de là, c’est une descente aux enfers, un peu pour tout le monde, où le film ne recule devant rien, aucun méfait, aucune explosion de violence, n’hésitant même pas, parfois, à flirter avec le film d’horreur, comme lors de la scène dans le manoir où nos ravisseurs s’amusent avec les résidents. Alors oui, on sait, pas de témoins, tout ça tout ça, mais entre abattre un témoin et s’amuser avec, avec torture et sévices sexuels à la clé, il y a un fossé. Et malgré son gros manque (volontaire) d’humanité, bien représenté par le titre Anglais d’ailleurs (Almost Human), La Rançon de la Peur est une indéniable réussite, et dans le fond, sans doute l’un des meilleurs films de Lenzi, rien que ça.

Un métrage violent, déviant, marquant, et qui pourtant, a aussi, en toile de fond, quelque chose à nous dire, sur cette violence, et ce même si ce qu’il veut nous dire n’est pas toujours bien glorieux, avec cette violence amenant en réponse toujours plus de violence. Alors oui, dans le fond par contre, on aurait apprécié, peut-être, un poil plus de développement au niveau des policiers, bien présents du début à la fin, mais qui semblent finalement n’avoir que très peu d’incidence sur l’intrigue avant le grand final (nihiliste, bien entendu). De même, le jeu sans retenue de la star du film, bien que totalement volontaire, ne plaira pas forcément à tous. En contrepartie, le métrage de Lenzi affiche un rythme très bien géré qui ne faiblit jamais, des personnages peu nombreux mais du coup parfaitement bien caractérisés, et une violence qui parvient, sans pour autant aller toujours plus loin dans la surenchère, à faire plus d’effets au fur et à mesure que la situation devient désespérée, les personnages moins nombreux et notre héros dos au mur. Et le ton résolument noir du film est un peu le clou du cercueil, avec son climat violent d’insécurité permanente, et les déclarations de l’inspecteur, souvent stoppé dans son enquête par le système lui-même qui permet aux pires raclures de profiter dudit système pour s’en sortir sans soucis. Oui, c’est noir, nihiliste, intéressant, éprouvant, passionnant. Du très bon Lenzi.

Les plus

Tomás Milián, à fond
Un film très noir, aucun espoir
Une violence radicale
Un rythme endiablé
Des messages de fond

Les moins

Des flics sans doute un peu trop en retrait
Un surjeu volontaire, mais à signaler pour Milián

En bref : La Rançon de la Peur est un polar assez radical de la part de Lenzi, avec son personnage immoral détestable, sa violence sèche, son ton nihiliste, et c’est au final de l’excellent boulot.

A FEW WORDS IN ENGLISH
THE GOOD THE BAD
♥ Tomás Milián
♥ A very dark film, no hope
♥ Violence is crazy
♥ Very good pacing
♥ Some messages in the background
⊗ The cops are maybe too much in the background
⊗ But yes, Milián is crazy, and acts like it. It has to be said
Almost Human is a crazy thriller from Lenzi, with a character without morality, impossible to like, crazy violence on screen, nihilistic atmosphere, and it’s very good.

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