Titre Original : Mesuneko Tachi – 牝猫たち
2017 – Japon
Genre : Drame / Erotique
Durée : 1h25
Réalisation : Shiraishi Kazuya
Musique : Nomura Takuji
Scénario : Shiraishi Kazuya
Avec Ibata Juri, Maue Satsuki, Michié, Shirakawa Kazuko, Kaku Tomohiro, Kubota Kazunobu et Matsunaga Takuya
Synopsis : Trois escort girls du quartier d’Ikebukuro à Tokyo ressentent la solitude de la vie urbaine.
L’Aube des Félines fait parti des 5 métrages lancés par la Nikkatsu pour le revival du Roman Porno. Après avoir découvert la proposition de Sono Sion avec Antiporno, puis la proposition de Nakata Hideo avec White Lily, on s’attaque ce coup-ci à L’Aube des Félines donc, qui ne cherche pas à cacher son inspiration, et ce dés son titre. Oui comment ne pas penser immédiatement au film de 1972, Nuits Félines à Shinjuku. Shiraishi Kazuya s’occupe de la mise en scène et du scénario, et si je dois avouer ne pas connaître sa filmographie en détail (une dizaine de longs métrages), le seul que j’ai pu voir m’avait fait forte impression, il s’agissait de The Devil’s Path en 2013, soit un film policier bien sombre et dépressif d’après une histoire vraie. Voir donc le réalisateur seulement deux films après livrer ce Dawn of the Felines de son titre international avait de quoi intriguer. Au bout de l’aventure ne durant pourtant qu’1h25, soit encore un film court pour ces reboots, on se dit clairement que la Nikkatsu a fait un choix judicieux pour sélectionner les réalisateurs. Des réalisateurs avec un style certain, que l’on apprécie ou pas, et surtout qui ont des choses à dire. Du coup on ne se retrouve pas avec une vaine tentative gratuite de relancer un genre, et on est bien loin de ce que les Pinku étaient, pour la plupart, devenus dans les années 80, ou de nos jours dans le milieu du V-Cinema. L’Aube des Félines d’ailleurs ne semble pas si érotique que ça, tant il a quelque chose à dire, et que ses quelques scènes gentiment coquines ne semblent être là que pour aiguiser le propos du métrage. La proposition du réalisateur ? Des portraits de femmes, ce qui est facile à deviner vu l’intrigue du métrage, mais finalement, ça va plus loin, on pourrait presque dire que le film tente de dresser un portrait assez varié de la société Japonaise.
Nous avons donc nos trois femmes principales, escorts travaillant pour la même agence, chacune avec leurs petits soucis, leur gestion de la vie quotidienne ou familiale. Nous avons celle qui se donne à fond dans son travail mais qui dort dans la rue, ou plutôt dans les cybercafés, celle qui n’aime pas ça et fait le minimum malgré les plaintes des clients, celle qui a une vie de famille avec un jeune enfant qu’elle maltraite. Dans le fond, cela permet déjà trois portraits de femmes bien différentes, en prime jouées par trois actrices impliquées et convaincantes. On y traite déjà de la maltraitance, de la solitude au sein de cette grande ville qu’est Tokyo, et bien entendu, de prostitution, illégale au Japon mais néanmoins pratiquée par des sociétés tout ce qu’il y a de plus légales sur le papier. Mais c’est au contact de leurs clients que le film trouve ses plus beaux moments. Lors des échanges avec un client âgé, et donc mettant en avant la solitude des personnes âgées souvent délaissées par la société, ou avec cet homme ne quittant jamais son appartement, vivant reclus, mais persuadé dans un sens de pouvoir faire quelques bonnes actions via internet, malgré son manque de contact social, se prenant presque pour un justicier des temps modernes. Les sujets sont variés, se suivent, se superposent même parfois, et pourtant, le métrage parvient à traiter de tout ça avec une réelle justesse dans son propos. A quelques rares occasions, on a même l’impression de retrouver le réalisateur de The Devil’s Path lorsqu’il emprunte, justement, des chemins un peu plus sombres comme avec cet employé qui se fait de l’argent avec des vidéos des jeunes femmes.
Mais le plus souvent, le réalisateur pose un regard plutôt tendre sur ses jeunes femmes, et ne juge pas ce qui les entoure, il pose juste ses sujets là, sur un plateau, se servant de ses personnages et du quartier d’Ikebukuro pour livrer un portrait de la société actuelle plutôt réussi, et qui, vu la multitude de cas abordés, tiendrait presque du miracle en réalité. Lorsqu’il pose un avis sur telle ou telle situation, comme lors des échanges entre Masako et cet homme admettant ne pas être sorti de chez lui en 10 ans, il le fait avec une certaine justesse. Le petit plus, c’est que le réalisateur soigne son ambiance et sa mise en scène, que ce soit dans les scènes intimistes, ou dans les quelques déambulations nocturnes dans un Tokyo éclairé de partout mais souvent un peu froid et solitaire malgré tout. Et les scènes érotiques donc ? Car il ne faut pas oublier que nous sommes censés être devant un pinku ? Et bien elles sont finalement plutôt rares, et plutôt express. La nudité elle sera belle et bien présente, et nos jeunes femmes sont le plus souvent magnifiques, mais ne semble pas gratuite, ni être une fin en soi. Et quand les personnages passent à l’acte, le montage vient souvent écourter tout ça pour passer à la scène suivante, ou montera la scène en question en parallèle avec une autre, comme dans la scène du club, très réussie.
Les plus
Trois portraits de femme souvent touchants
Un film parlant finalement de la société
Bien réalisé
De très beaux moments
Les scènes érotiques, courtes et jolies
Les moins
Trop de sujets peut-être pour si peu de temps ?
En bref : L’Aube des Félines est une excellente surprise, ou quand un réalisateur se sert d’un genre et d’un style pour raconter quelque chose et dresser un portrait souvent assez tendre de la société et de quelques âmes perdues.
A FEW WORDS IN ENGLISH | |
THE GOOD | THE BAD |
♥ Three touching women ♥ A film talking about society ♥ Well made technically ♥ Some beautiful moments ♥ The erotic scenes, short and pretty |
⊗ Maybe too many themes for such a short film? |
Dawn of the Felines is an excellent surprise, where the director uses the genre and a style to say something and give us the portrayal about the society and some lost souls. |