Titre Original : 十一人の賊軍
2024 – Japon
Genre : Chanbara
Durée : 2h35 (version internationale : 2h)
Réalisation : Shiraishi Kazuya
Musique : Matsukuma Kenta
Scénario : Ikegami Junya et Shiraishi Kazuya
Avec Yamada Takayuki, Nakano Taiga, Onoe Ukon, Sayashi Riho, Sakumoto Takara, Chihara Seiji, Okayama Amane, Matsuura Yuya, Ichinose Hayate, Oyanagi Ryota, Motoyama Chikara, Nomura Shuhei, Tanaka Shunsuke et Matsuo Satoru
Synopsis : Une escouade hétéroclite de criminels et de samouraïs entreprend de défendre ensemble une forteresse.
Le chanbara, c’est pour moi exactement comme le Wu Xia Pian pour chercher une comparaison en Asie, mais dans une autre culture. J’adore ça, mais je sépare énormément les visions. Car entre les clans, les empereurs, les seigneurs, les samouraïs, les rônins, bref, une seconde d’inattention et on peut rapidement perdre le fil, oublier qui est avec qui, et donc être perdu face à certains enjeux. 11 Rebels, il me faisait de l’œil. Pour son casting, pour son réalisateur, et aussi car, en gros, ça reprend une trame identique à 13 Assassins. Sauf qu’ici, ce ne sont pas des samouraïs qui s’allient, volontairement, pour terrasser un empereur, mais 11 condamnés à mort qui vont devoir défendre un fort contre de possibles ennemis en temps de guerre, contre la promesse d’un pardon. Sur le papier, car dans les faits, avant même que tout ça ne prenne de l’ampleur dans le film, le spectateur le sait déjà. En réalité, c’est un dilemme qui laisse peu de chances au hasard. Mourir maintenant en étant exécuté, rapidement, ou défendre un idéal qui n’est pas forcément le sien, avec énormément de chances de mourir en cours de route, pour avoir une chance minime d’espérer un avenir meilleur. Et tout ça, cette ambiguité morale, le genre, ça me faisait envie. Surtout donc que nous avons derrière la caméra Shiraishi Kazuya, qui avait déjà brillé sur The Blood of Wolves et Last of the Wolves, ou encore The Devil’s Path, ou même le pinku L’Aube des Félines. Un réalisateur intéressant, au ton souvent noir, à la violence crue et réaliste. Parfait donc pour un chanbara et les thèmes possiblement abordés. Et devant la caméra, là aussi, quel casting. Le réalisateur retrouve d’ailleurs Yamada Takayuki (The Naked Director), qu’il avait déjà dirigé sur The Devil’s Path. Et il récolte en plus le personnage le plus intéressant du film. Mais le reste du casting n’a pas à rougir, avec par exemple Nakano Taiga (Under the Open Sky, Mother, Au Revoir l’été), Sakumoto Takara (The Flowers of Evil), Okayama Amane (Cloud, la saga Kingdom), Nomura Shuhei (Flying Colors, Silent Love, Museum), pour ne citer qu’eux.
Un casting énorme, un réalisateur scénariste avec du talent, un genre propice à la fois à une histoire complexe et à de l’action, un budget qui semble plus que confortable. Bon, seule ombre au tableau, et ce comme pour le remake de 13 Assassins signé Miike, le film a vu sa sortie à l’internationale être compliquée, puisqu’il perd 35 minutes au compteur, ne durant à présent plus que 2h. Ce qui est déjà bien, certes. Serait-ce pour cela que beaucoup de personnages semblent juste survolés et que l’on s’attache majoritairement à Masa, joué par Takayuki Yamada ? Oui, c’est triste, mais quand certains personnages, après un combat épique, tombent, avec honneur, et que l’on ne ressent rien car on ne sait rien d’eux, et que l’on a même oublié leur nom, c’est en effet dommage. Un simple constat, car 11 Rebels reste un métrage bien rodé et hautement divertissant, même dans sa version de 2h. Sans doute un peu réducteur, avec des personnages pas tous développés et pas tous proprement, mais un métrage sérieux, souvent joliment filmé, bien rythmé, et avec une action qui fait plaisir à voir. Pas seulement pour la qualité des chorégraphies, même si oui, aussi, mais aussi pour la violence qui se dégage des affrontements. Des affrontements sans pitié, où le sang coule de manière réaliste, et où les échanges sont vifs et donc, courts, mais où les membres sont tranchés et tombent au sol (voire parfois, restent finement accrochés au reste des corps), les gorges aussi, et où le casting réduit naturellement à vue d’œil. Bon, et donc, passé son concept, de quoi ça parle ? 11 Rebels donc place son intrigue durant la guerre Boshin au Japon, et nos 11 rebelles du titre sont des condamnés à mort pour des raisons diverses, qui vont devoir défendre un fort rudimentaire mais hautement bien situé pour le compte du clan Shibata, contre l’armée de l’empereur. Le métrage pointe du doigt bien évidemment toutes les magouilles politiques derrière ces guerres, avec des clans qui n’hésitent pas à sacrifier tout le monde et à changer de bord pour rester du côté des vainqueurs.
Tout cela aurait pu être poussé plus loin, et en vérité, c’est peut-être le cas dans le montage original. En l’état, cet élément fait plaisir à voir même s’il reste un peu trop en surface, un peu comme si cet élément intervenait pour relancer la machine, avec trahisons, coups bas, doutes. Niveau personnages donc, pareil, trois ou quatre personnages sont très bien définis, on pourra les considérer comme les héros de l’aventure, entre Masa condamné à mort car il a vengé le viol de sa femme par un samouraï, celui qui le suit partout et le considère comme un frère, ou la seule femme du groupe, Natsu. Dommage pour les autres, notamment cet homme condamné pour de multiples homicides, sans foi ni loi, ou ce vieillard très doué au katana, dont on ne sait au final pas grand-chose. Dommage oui, car à quelques effets près quand le film voit les choses en grand (larges explosions par exemple), le film est, niveau action, très propre, et très prenant. Les chorégraphies sont bonnes, la caméra rend le tout lisible et réaliste, les coups sont violents, la violence crue, et ça fait vraiment plaisir à voir dans un tel film. Un très bon film charcuté donc ? Peut-être. Mais en l’état, la version courte reste un bon film d’action, qui dure déjà deux heures, se fait efficace et plaisant du début à la fin. Un bon cru pour les amateurs du genre, bien qu’en soit, il ne renouvelle rien.
Les plus
Un gros casting
Mise en scène classieuse
Des combats violents et réalistes
La guerre et ses coups bas
Les moins
De nombreux personnages à peine esquissés
Aurait pu aller plus loin dans son propos politique
Charcuté de 35 minutes
En bref : 11 Rebels est une bonne pioche. Un chanbara très violent qui comme souvent met aussi en avant les magouilles politiques derrière la guerre. Ça manque parfois un peu de développement, du moins dans sa version internationale, mais un bon film.
A FEW WORDS IN ENGLISH | |
THE GOOD | THE BAD |
♥ A huge cast ♥ Classy directing ♥ Violent and realistic sword fights ♥ War and all it implies (betrayals…) |
⊗ Some characters are lacking development ⊗ Could have gone further in the political aspect ⊗ 35 minutes away for the international cut |
11 Rebels is good movie. A violent chanbara during time of war with all the political betrayals behind it. It sometimes lacks development in some areas, at least in the international cut, but it remains a good film. |