Titre original : 海霧 – Mad Spider Sea
2020 – Taiwan
Genre : Horreur Dramatique
Durée : 1h47
Réalisation : Joe Chien
Musique : –
Scénario : –
Avec Sunny Wang, Jen-Shuo Cheng, Herman Du Plessis, Aggie Hsieh, Chia-Yen Ko, Kang-Shen Lee et Lee-Zen Lee
Synopsis : En désobéissant aux ordres de son supérieur, Jie, garde côte, a vu sa vie être dévastée. Son patron perds la vie, sa femme accouche d’une petite fille mais meurt, et de retour à la ville, sa réputation est telle que tout le monde se moque de lui et qu’il ne trouve pas de travail. Il finit par se faire embaucher sur le bateau de pêche de son beau-père. Mais tout tourne mal. L’équipage est hostile envers Jie, tente de faire passer de la drogue sans en avertir le capitaine, ils apprennent que le cuisinier est en réalité une cuisinière, et pour ne rien arranger, leur prise de poissons contient également des araignées géantes et féroces…
Je vais finir par croire que la plateforme chinoise iQiyi est un peu le Netflix là-bas. Car en plus de produire des films spécialement pour sa plateforme, ils semblent également racheter d’autres métrages et se les approprier, dans le cas de ce Abyssal Spider, film Taiwainais réalisé par Joe Chien, habitué du genre horrifique. Mais ce n’est qu’une impression, puisque contrairement aux films signés (à tort ou à raison) Netflix, il est difficile de chercher et de trouver des informations concernant ces dits films. Mais dans le cas de Abyssal Spider, sa sortie au cinéma à Taiwan mais également son rapide passage début 2021 en festival me conforte dans l’idée. Ceci dit, pur produit iQiyi ou non, il y a néanmoins une seconde question qui se pose à la vision de ce métrage, surtout lorsque l’on fouine dans leur catalogue et que l’on a déjà bouffé plusieurs de leurs métrages. C’est que la plateforme semble avoir dans l’idée d’adapter pour le marché Chinois des films provenant d’ailleurs. Alien Invasion était extrêmement influencé par Lovecraft, allant jusqu’à en reprendre ces cultes. Escape from the Shark’s Mouth était tout simplement un remake déguisé de l’Australien Bait 3D. Rat Disaster que je dois voir bientôt est apparemment très proche de Dernier Train pour Busan, mais les rats remplaçant les zombies, et Crazy Tsunami, que je dois également me faire bientôt, est apparemment très inspiré, voir copie littéralement Crawl de Alexandre Aja. Une technique pour la plateforme de produire de nouveaux films au lieu d’acheter des droits et d’être sûr que 100% de la recette retourne dans leur poche ? Possible ! Et dans le cas de ce Abyssal Spider, les deux influences majeures sautent rapidement aux yeux. Avec une araignée géante dans un bateau en plein océan, comment ne pas penser au film Spiders 2 produit par NU Image… Oui, je réveille de douloureux souvenirs. Mais pourtant, durant la majeure partie du métrage, et malgré la présence d’une araignée, c’est le spectre du Coréen Sea Fog qui plane sur le métrage.
Alors oui, pourquoi pas, on pourrait presque appeler ça la technique du 2 en 1 chère à un certain Godfrey Ho. Car finalement, peu importe les influences, les inspirations, ou le plagiat même, la plupart des films de cette plateforme, et Abyssal Spider ne déroge pas à la règle, bénéficient d’un sérieux qui fait plaisir dans leur mise en image. Non pas au niveau des CGI, le budget ne le permettant pas, même si souvent, ça a plus de gueule que dans les productions animalières made in Syfy, Asylum, ou NU Image à l’époque, mais au niveau de la technique pure, de la photographie, de la mise en scène. Et bien entendu, le second point, c’est que dés que l’on passe sous la barre du 1080p (donc, du 720p par exemple, dont la qualité est meilleure qu’un dvd, en 560p la plupart du temps), le catalogue est gratuit, pour tous. Alors oui, voir un film dans la meilleure qualité possible, c’est bien évidemment mieux, mais la proposition de la part de iQiyi est malgré tout honnête, et semble donc moins motivée par l’appât du gain à tout prix, comme chez d’autres. Bon, il serait temps de parler plus en détail de ce Abyssal Spider non ? Abyssal Spider, dont le titre international a donc dû être trouvé au dernier moment, puisque l’apparition du titre dans le film se voit affublé du sous-titre Mad Spider Sea. Bon dans les deux cas, ça sonne nanar, sauf que le film n’en est pas un. Car on a là affaire à un métrage qui veut beaucoup plus souvent se la jouer drame social que film d’horreur. Il y a son héros qui n’a pas de bol, hanté à la fois par la mort accidentelle de son boss que par la mort de sa femme lorsqu’elle donne naissance à leur fille, dont il « s’occupe », seul. Mal vu par les habitants de la ville, mal aimé par les travailleurs au port, il finit malgré tout par se faire embaucher, à contrecœur, par son beau-père, pour aider sur son bateau de pêche. Même si l’ensemble de l’équipage ne le voit pas d’un bon œil, et vont à la moindre occasion le rabaisser, chercher la baston, voir tenter carrément de se débarrasser de lui.
La majeure partie du film se déroule donc en mer. Le rapprochement avec Sea Fog est évident, comme dit plus haut, entre ses personnages, les engueulades, les moments tendus entre les membres, la jeune femme sauvée à la dérive. Bien entendu, ça n’atteint jamais le niveau du superbe film Coréen (oui, je dis du bien du cinéma Coréen des fois), mais ça fait le boulot, les acteurs étant plutôt bons sans être renversants, la mise en scène pas dégueulasse du tout, la photographie agréable à l’œil. Et puis donc, il y a l’araignée. Géante, vorace, parfois en CGI et super agile, parfois en gros plan et donc mécanique (ou en plastique, au choix), et beaucoup moins agile. Mais le réalisateur semble avoir conscience des limites de son film, de son budget, et de son talent, puisque souvent, il jouera avec l’obscurité pour tenter de camoufler un peu ces CGI, aidé par un montage assez vif sans être illisible. Oui, des attaques de nuit, ou dans des couloirs sombres. Du coup, si l’araignée sonne malgré tout fausse, on est loin de la catastrophe totale qui frappe normalement ce genre de production. Si nos attentes ne sont pas trop hautes en tout cas, cela reste de la série B, plutôt bien rodée, mais série B malgré tout. Cela s’en ressent quand l’araignée attaque évidemment, mais aussi au niveau de certains personnages, bien clichés comme il faut. Ou de la musique, pas mauvaise en soit, mais surlignant absolument tout et donc, en faisant des tonnes, que ce soit dans l’aspect dramatique en sortant les violons, dans l’aspect plus action en sortant les percussions, ou dans l’effet horrifique en jouant un peu trop sur l’ambiance. Mais oui, ironiquement, et malgré le fait que le film soit plus long que la norme de la plateforme, il reste une série B agréable à suivre, aidé par son mélange de genre. Et finalement, par son araignée pas si présente que ça, voir même assez rare 70% du temps. Bon de toute façon, souvent, l’équipage n’a pas besoin de l’araignée pour se foutre sur la gueule.
Les plus
Un film animalier jouant finalement plus sur le drame
Techniquement propre comme souvent
Ça se suit très bien
L’Araignée, pas si présente que ça
Les moins
Les CGI comme toujours
La musique appuie absolument tout
La dernière partie, plus répétitive et moins convaincante
En bref : Sous son titre digne des plus mauvais nanars animaliers, Abyssal Spider est un curieux métrage, bancal évidemment, mais mélangeant un aspect dramatique et social à la Sea Fog avec le film animalier à tendance Spiders 2. Et malgré ces défauts, ça se regarde plutôt bien.
Scénario de Kitano Takeshi ? Vraiment ? Ça parait hallucinant.
Ah…. Hmm hmm… Circulez messieurs dames, il n’y a rien à voir 😀
Bon, tu te doutes, erreur, la magie de la mise en page d’un nouvel article juste après le Kitano, et comme sur les films distribués par iQiyi, la plateforme Chinoise, il est très dur d’avoir des vrais noms pour l’équipe technique, y a souvent un vide…