ANATOMIA EXTINCTION (限界人口係数) de Nishimura Yoshihiro (1995)

ANATOMIA EXTINCTION

Titre Original : Genkai Jinkô Keisû – 限界人口係数
1995 – Japon
Genre : Cyber Punk
Durée : 54 minutes
Réalisation : Nishimura Yoshihiro
Musique : Mizukami Osamu
Scénario : Nishimura Yoshihiro

Avec Ishizuka Kisei, Sasaki Jun, Tone Chikako, Haseyama Tomoko, Uemura Ikuko, Kida Shinji, Suzuki Kensuke, Otani Satory et Mizukami Osamu

Synopsis : Le Japon va mal. La police devient privatisée, la population augmente, et les meurtres se multiplient. Un simple salaryman, stressé par la vie quotidienne, est témoin d’un meurtre dans le métro, et se retrouve traqué par l’ingénieur, qui veut lui donner une mission très importante.

Il y a toujours ce petit quelque chose d’excitant à découvrir les premières œuvres méconnues d’artistes aujourd’hui parfaitement établis dans le milieu du cinéma. Aujourd’hui, nous sommes là pour parler d’un moyen métrage datant de 1995, première œuvre filmique d’un certain Nishimura Yoshihiro. Si son travail comme réalisateur pourrait presque être considéré comme confidentiel, surtout si l’on n’adhère pas au cinéma de genre et au rythme éreintant de ses œuvres, son travail comme maquilleur lui est forcément connu, puisque Nishimura a travaillé pour un peu tout le monde. On peut le trouver aux maquillages des films de son ami Iguchi evidemment, mais aussi sur des films comme Colonel Panics, Red Tears, Rabit Horror 3D, Cold Fish, Hard Revenge Milly, Teke Teke, All Night Long 6, Love Exposure, L Change the World, Meatball Machine, Suicide Club et j’en passe. Oui, un CV assez impressionnant puisque touchant même à des budgets confortables et à des films non horrifiques. Comme mouleur, il aura même participé à Tag, Shin Godzilla (la classe) et les films L’Attaque des Titans (beaucoup moins la classe). Mais revenons donc en arrière, en 1995, alors que le nom de Nishimura est inconnu de tous, et qu’il décide de se lancer dans son premier métrage, un film de 54 minutes qui rend clairement hommage à Tetsuo, mais, et là ça devient très intéressant, met déjà en place les thématiques chères à son réalisateur, et l’univers qu’il remettra sur le devant de la scène quand viendra le temps de signer son premier vrai long métrage 13 ans plus tard, Tokyo Gore Police. Imaginez donc Tokyo Gore Police mixé à Tetsuo et avec un brin de Videodrome, le tout avec une durée condensée, et une maîtrise formelle assez étonnante malgré un budget ridicule évident.

Car Anatomia Extinction regorge d’idées, et surtout, déborde de bonnes intentions et d’envies. Nishimura a du donner tout ce qu’il avait pour le métrage, et ça, on le voit aussi en jetant un œil au générique, puisqu’il écrit, réalise, produit, s’occupe du montage, des effets spéciaux, des costumes, du design général du film. En bref, c’est on bébé. Et si vous connaissez un peu sa carrière, de Tokyo Gore Police à Helldriver, vous serez en terrain connu. Et ce même si, de prime abord, nous sommes beaucoup plus proche d’un Tetsuo. L’hommage est donc évident, entre son héros salaryman stressé par la vie quotidienne, ces nombreuses scènes se déroulant dans le métro, ses plans en accélérés dans les rues de la métropole, ce montage parfois archi cut mais clairement là dans le but de délivrer une ambiance… Et ça fonctionne. Non pas que le métrage soit exceptionnel, mais Nishimura sait ce qu’il veut, soigne l’emballage, et on est très rapidement happé par l’ambiance à la fois visuelle et sonore et qu’il nous propose. Anatomia Extinction, c’est un peu comme un cauchemar opaque qui s’agrippe aux spectateurs et refuse de le laisser partir, un film oppressant. Evidemment, Nishimura débute, et se laisser aller à certains travers, comme une surutilisation des éclairages bleutés ou rougeâtres (mais ça, je ne lui en tiendrais pas rigueur, bien au contraire), et ne maîtrise pas encore totalement son art, ce qui est surtout voyant lors des scènes un peu plus physiques, où l’on voit clairement que les coups sont retenus, ou donnés à côté. Et pourtant, durant 54 minutes, j’étais hypnotisé. Hypnotisé par cette proposition radicale, par cet hommage, cet univers que le réalisateur s’approprie au fur et à mesure pour y injecter ses propres idées, sa propre folie. Car je le disais, mais dans Anatomia Extinction, on trouve beaucoup de Tokyo Gore Police. Dès le début d’ailleurs, avec la privatisation de la police, ses messages un peu alarmants mais néanmoins ironiques lancés dans les rues à la population.

Un peu plus et Nishimura se serait déjà laissé aller aux fausses pubs, mais non. Et puis, mine de rien, le réalisateur lance déjà sur les écrans un personnage central de son premier long métrage, avec l’ingénieur, cet homme étrange au corps en mutation, qui contamine les autres en insérant un corps étranger à l’intérieur même de leurs corps. Notre héros salaryman se fera bien entendu contaminer (oui sinon pas de film), et c’est le début de l’enfer pour lui, entre nouvelles pulsions incontrôlables, hallucinations, et j’en passe. Si le propos est simple, Nishimura sait le rendre dérangeant et halluciné à l’écran. Car finalement, outre son propos, bien présent, c’est avant tout dans la forme que son métrage surprend. Comme déjà énoncé, oui c’est un peu fauché, on a quelques erreurs de débutants, ou parfois dues au budget bien serré, et oui, à de très très rares moments, on aura droit à des effets générés par informatiques et bon, 1995 + Japon + film fauché, et vous pouvez imaginer le résultat. Mais à côté, Nishimura nous propose une réelle ambiance étouffante, des cadrages travaillés, des éclairages certes assez limités mais qui rendent très bien, sans oublier des maquillages qui présagent ce qui viendra lors des années suivantes, et un travail sur le son assez marquant. Peut-être ai-je été si séduit par le métrage car je m’attendais vraiment à un petit métrage totalement fauché, une petite ébauche sans grandes ambitions des futurs métrages, et que la surprise fut grande, mais si vous aimez Nishimura, si vous aimez les ambiances étranges, et si vous aimez Tetsuo, et que vous avez une heure devant vous, voilà une curiosité que je recommande chaudement.

Les plus

Une ambiance sombre et maitrisée
Un gros travail sur l’image et le son
Court et rythmé
Beaucoup d’idées
Les hommages à des œuvres cultes

Les moins

Evidemment cela reste fauché
Des maladresses
Quelques moments qui sonnent faux

En bref : Et bien, bonne surprise que voilà. Le premier métrage de Nishimura Yoshihiro, de seulement 54 minutes, est une bonne surprise qui met déjà ses futurs thématiques en avant, tout en s’inscrivant dans la mouvance cyber punk de son époque, en particulier Tetsuo.

A FEW WORDS IN ENGLISH
THE GOOD THE BAD
♥ A dark and well done atmosphere
♥ A lot of work on image and sound
♥ Short and well paced
♥ Lots of ideas
♥ Tributes to cult movies
⊗ Obviously it remains low budget
⊗ A few moments sound wrong
Well, here’s a good surprise. Nishimura Yoshihiro’s first film, only 54 minutes long, is a good surprise which already highlights his future themes, while being part of the cyber punk movement of its time, in particular Tetsuo.

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