Resident Evil 4 Remake (2023 – Action – Playstation 4 Pro)

RESIDENT EVIL 4 REMAKE

Sortie : 24 Mars 2023
Genre: Remake encore
Studio : Capcom
Éditeur : Capcom
Joué et testé sur : Playstation 4 Pro
Existe sur : Playstation 4 et 5, Xbox One et Series, et PC

Synopsis : L’agent Leon Scott Kennedy est envoyé en mission en Espagne : la fille du président des États-Unis, Ashley Graham, a été enlevée et serait, selon ses informations, détenue dans un village de l’Espagne rurale. Deux policiers de la région le conduisent à travers une campagne reculée à bord de leur jeep, non sans se moquer ouvertement de lui. Ils le déposent juste après un pont très instable, dans une forêt brumeuse et humide.

Si Resident Evil 1 sur la première Playstation, ainsi que son remake originellement sur Game Cube sont des jeux cultes, il y a bien un jeu dans la saga de Capcom qui est tout aussi culte, tout en ayant quelques détracteurs, et c’est Resident Evil 4, le messie sorti sur Game Cube en 2005, puis Playstation 2 l’année suivante, avant de débarquer sur un peu toutes les consoles possibles et imaginables par la suite. Un jeu qui osait bousculer les habitudes des joueurs, disait adieu aux angles précalculés pour nous offrir une caméra à l’épaule, un jeu qui disait adieu à Umbrella et aux zombies pour nous offrir des parasites et des infectés en Espagne, et remettait sur le devant de la scène Leon S. Kennedy, flic débutant dans Resident Evil 2 devenu agent surentrainé à la recherche de la fille kidnappée par un culte du président des Etats Unis. Un jeu qui disait aussi adieu à la peur et à la tension telles qu’on les connaissait dans la saga depuis le premier opus en 1996 pour nous offrir une nouvelle sorte de tension, celle de l’urgence, de se retrouver avec des ennemis partout, de fuir, de s’en sortir par n’importe quel moyen. Un jeu qui, après Shenmue, popularisait les QTE pendant les cinématiques pour dynamiser le tout. Resident Evil avait changé, à tout jamais, même si Capcom, passé cet opus et en l’absence de la tête pensante de la saga jusque-là, Mikami Shinji donc, n’a fait que recopier la formule sans comprendre pourquoi elle fonctionnait, dans un sympa mais néanmoins simple copier-coller Resident Evil 5 puis un catastrophique Resident Evil 6. Capcom justement, qui pour se faire pardonner de ses quelques errances, s’est rattrapé avec un septième opus retournant aux sources (manoir, énigmes, ambiance, gestion de munitions, virus), avant de se lancer dans la mode des remakes.

Ce qui n’était pas une mauvaise chose, même si pour le coup, on attend toujours un remake de Dino Crisis bordel ! Resident Evil 2 en 2019, c’était très bon. A la fois très proche et très différent de l’original, en terme d’ambiance déjà, en jouant énormément sur l’obscurité, et donc avec une ambiance horrifique plus poussée. Puis à peine un an après avec un Resident Evil 3, malheureusement lui bien décevant. Pas mauvais, fun, court, mais qui, en faisant le choix de couper dans le contenu de l’original (un remake ne doit pas ajouter et affiner au lieu de retirer ?), lui a quelque peu retiré ce qui faisait en réalité son identité. Dans la logique des choses, l’étape suivante était donc un remake de Code Veronica, premier opus se déroulant après les événements de Raccoon City et remettant sur le devant de la scène Claire Redfield. Sauf que chez Capcom, on a préféré jouer la sécurité, et après Resident Evil 2 et 3 vient Resident Evil 4. Un choix logique vu l’aura du jeu encore aujourd’hui, et un choix pour jouer la sécurité aussi. Mais finalement, un choix risqué, puisqu’après la réception mitigée du 3, Capcom n’avait clairement pas droit à l’erreur sur un jeu aussi culte, aussi adulé, aussi connu. Car si tous les fans connaissent par cœur Resident Evil 1, 2, voire le 3, Resident Evil 4 et ses multiples ressorties, c’est pour de nombreux joueurs l’épisode que l’on a le plus fait. Pour ma part, après l’avoir terminé sur la Game Cube d’un ami, je m’étais procuré le jeu sur Playstation 2, l’ai terminé une bonne dizaine de fois, dont en mode professionnel (la difficulté la plus haute), avant de le refaire des années après sur Playstation 3, puis sur Playstation 4. Autant dire que Resident Evil 4 est culte, et que je le connais dans les moindres détails. Oh oui Capcom, tu n’avais pas droit à l’erreur, ce remake était à la fois la facilité mais aussi un cadeau empoissonné.

Et heureusement pour eux, si ce remake n’est pas parfait (quel remake, voire quel jeu l’est ?), il fait ce qu’un remake doit faire. Il modernise d’un côté, son gameplay notamment, de manière plutôt habile d’ailleurs. Mais surtout, il affine, il remodèle, il déplace, il modifie, il supprime, il rajoute. Bref, un vrai travail de remake, pas un simple copier-coller sur un jeu connu de tous avec une simple refonte graphique. Bien joué Capcom, car en modifiant, supprimant, rajoutant et affinant, vous prenez des risques, qui sont pour la plupart payants. On le remarque en réalité dés les premiers instants du jeu. Leon est en voiture, avec deux policiers locaux. Immédiatement, si l’on reconnait la situation, le jeu s’amuse avec nos souvenirs. L’ouverture n’est plus de jour mais de nuit, nous ne prenons pas le contrôle de Leon immédiatement devant une maison où sera notre premier ennemi, mais sur une petite route de terre non loin, nous permettant de nous imprégner de l’ambiance en avançant, mais aussi de voir qu’il y a déjà quelques ajouts dans le gameplay, comme le fait de s’accroupir. Une révolution ? Pas du tout, mais une alternative de gameplay permettant dans certaines zones de se la jouer discret et de se débarrasser d’un ou deux ennemis par derrière, silencieusement, ce qui rappelle en fin de compte The Evil Within, dirigé justement par Mikami. Un ajout presque obligatoire dans le milieu du jeu vidéo actuel dans un sens, mais qui, dans un jeu comme Resident Evil 4 qui n’hésite pas à nous balancer tout à coup 30 ennemis à la gueule, fait sens et ne change pas l’expérience. Puis nous pénétrons dans la maison, et là aussi, on comprend que le jeu s’amuse avec nous. Pas d’arrivée dans une cuisine cash, face à un ennemi, mais quelques déambulations dans des lieux inquiétants, avec un level design totalement refait.

Tout cela paraît anodin, mais en réalité, tout cela nous prépare surtout au numéro d’équilibriste effectué par Capcom. A savoir nous vendre du vieux, mais remanié, intégralement refait. On reconnait les zones, les lieux, et le jeu s’en amuse en bidouillant des choses un peu partout, pour en faire au final une expérience totalement nouvelle. Les QTE par exemple sont ce coup-ci intégralement absents du jeu (oui messieurs dames, car en 2023, plus personne ne veut de ses saloperies), le couteau, arme ultime dans le jeu de base puisque permettant d’achever les ennemis au sol devient maintenant cassable, mais en contrepartie, il permet de tuer des ennemis silencieusement, mais surtout, de parer les coups (même de tronçonneuse) et de contre-attaquer rapidement. Les zones traversées sont les mêmes que dans le jeu de base, l’intrigue étant évidemment la même, mais le level design a été intégralement repensé. Traverser des pontons par exemple entre deux zones, c’est toujours d’actualité, mais plutôt que deux ennemis et un petit saut, nous voilà face à une vraie zone, avec ennemis, échelles et même des trésors. Traverser le village du début du jeu à plusieurs reprises, évidemment, c’est toujours là, mais le village subit plusieurs métamorphoses au fur et à mesure de nos passages qui viennent surprendre et changer le level design de manière plutôt astucieuse. Le fameux passage en bateau avec un boss à la clé est toujours là, mais le jeu se permet d’étendre la zone pour nous laisser alors explorer quelques nouveaux lieux, et inclure de nouvelles énigmes. Tandis que certains passages sans doute jugés trop kitch passent à la trappe, comme la fuite en QTE d’une statue géante qui nous poursuit. Le jeu joue constamment sur cet équilibre avec le joueur, entre le « ah je me souviens de ça » et le « ah non c’était pas du tout comme ça ». Faire du neuf avec du vieux, véritablement.

Ces changements s’opèrent aussi au niveau de la narration au final, puisque les personnages secondaires, que ce soit Ashley, Luis ou Ada, sont réécrits, et leurs interactions donc bien différentes. Ashley sera bien moins crispante que dans le jeu de base, et une simple pression sur le stick droit la fera, au choix, nous coller au cul (pratique lorsque l’on court à travers une zone pour éviter des ennemis) ou prendre de la distance (pratique face à des ennemis ayant une bonne allonge). Pareil pour Luis, qui a bien plus de temps de présence que dans le jeu original et a donc droit à un développement plus conséquent et appréciable, et nous accompagnera le temps d’un chapitre (le train de la mine, intégralement changé), tandis qu’Ada parviendra à surprendre à plusieurs reprises. Des choix qui changent quelque peu la donne, mais qui ne dénaturent jamais le contenu de série B du jeu original. La seule vraie ombre au tableau à ce niveau-là, ce sont les antagonistes, bien plus en retraits, que ce soit Salazar ou Lord Saddler. Ils sont moins présents, moins kitchs, mais sans doute aussi moins marquants du coup. Mais ce n’est pas grand-chose, puisque le jeu fait très bien tout le reste, à une seule exception près. Ou deux. La première exception, c’est que dans son envie de remodeler l’aventure originale, Resident Evil 4 Remake offre une expérience plaisante, parfois surprenante, parfois bien connue, et sait équilibrer ces sentiments opposés. Ce qu’il fait, il le fait bien. Mais ce remodelage se retrouve aussi dans les combats de boss. Krauser donc ne se fait plus en QTE, mais en vraie combat, où il faudra parer au bon moment, attaquer et tout. Un changement bienvenu et logique avec le nouveau gameplay. Mais Salazar par exemple a aussi vu son design changer, et ce boss là est devenu tout simplement catastrophique, et beaucoup trop mouvant. Oui, ma première partie aura été bien équilibrée, puis arrivé à ce boss, j’aurais enchainé deux ou trois morts avant d’y aller en gros bourrin. Rien n’est parfait dirons nous.

Graphiquement, et au niveau sonore, aucune surprise, c’est du bon boulot, même si forcément, en utilisant toujours le RE Engine, Capcom joue la sécurité, et impressionne beaucoup moins que pour son premier remake. L’obscurité lors des phases nocturnes est toujours bien gérée, les éclairages sont sublimes, la refonte graphique du château bien plaisante, mais ça impressionne moins. Et en se faisant plus long, plus varié que les jeux précédents, Resident Evil 4 accuse lui, sur Playstation 4 Pro en tout cas, quelques retards d’affichage et quelques textures baveuses. Je tiens à préciser avoir choisir la fluidité du framerate dans les options comparé à la qualité graphique, et il est possible que la seconde option change radicalement ce point, mais dans un jeu aussi nerveux que Resident Evil 4, la fluidité et la stabilité me paraissent bien plus importants. Mais même sans ce point, Resident Evil 4 reste beau, très beau même, c’est indéniable, mais surprend moins et impressionne moins. Le jeu est solide, mais se retrouve avec de menus défauts dans chaque aspect. Les coupes comparé au jeu original sont très rares, et si la plupart sont compréhensibles (la statue à fuir), d’autres sont plus étranges. Non, je ne pense pas à ce boss un peu relou dans les grottes (qui aurait été un casse-tête avec le gameplay lourd de Leon et la vivacité de l’ennemi), mais à des moments plus anecdotiques, comme ce très court passage en télésiège. Rien de grave néanmoins, le remake ajoute également des choses, et l’aventure m’aura néanmoins encore demandé 18h lors de mon premier run en difficulté normale, avec quelques pics de difficulté. Comme pour le jeu original néanmoins, on pourra dire que la dernière partie, sur l’île, est moins convaincante, mais néanmoins un poil plus rapide.

Affronter des militaires avec mitrailleuses, ça a toujours été moins passionnant. Mais rassurez-vous, ce cauchemar ambulant que sont les Regenerator sont toujours là, et bien flippants, tout comme ces satanés insectes volants, les fameux Garadors, et le Verdugo bien entendu. Resident Evil 4 Remake est toujours ce jeu exigeant, intense, sans temps mort qu’était l’original, mais repensé, modernisé, parfois arrangé. Le jeu s’est même permis de repenser intégralement ce petit fragment de l’aventure où l’on contrôle Ashley pour remettre en avant une vraie ambiance horrifique, et il le fait très bien. Les défauts sont là, les qualités évidentes aussi, l’aventure toujours aussi prenante et plaisante, la rejouabilité bien présente aussi avec les armes bonus, costumes, difficultés se déverrouillant, et le mode Mercenaires est aussi bien présent et bien fun. Un remake dans le fond très bien pensé, voire même mieux pensé que les deux précédents remakes, mais moins surprenant, puisque le gap entre le jeu original et le remake est moins grand technologiquement parlant, comparé à Resident Evil 2 sur Playstation 1 avec ses angles précalculés et Resident Evil 2 sur Playstation 4 avec sa nouvelle vue. Mais le plaisir est intact. La seule vraie question, c’est de savoir maintenant la prochaine étape. Capcom, vous allez finalement nous le faire ce Dino Crisis, ou ce Code Veronica, où vous allez jouer la facilité et tenter de faire de Resident Evil 5 un vrai bon jeu ce coup-ci. Quoi que, du coup, pas vraiment facile…

Les plus

Une belle refonte graphique
Un jeu toujours intense et frénétique du début à la fin
Un remake très bien pensé
Des ajustements, changements, ajouts
Luis et Ashley, repensés
Toujours aussi intense en action, mais plus horrifique parfois
Le passage où l’on joue Ashley
De nouvelles énigmes et variations d’ennemis
Le gameplay affiné

Les moins

Le boss Salazar, mal pensé
Beau, mais pas toujours impressionnant
Le passage sur l’île, toujours le moins bon
Les antagonistes, trop en retrait pour le coup

En bref : Capcom ne pouvait et ne devait pas se planter en touchant à ce jeu aussi culte. Fort heureusement, leur approche du jeu est la bonne, en repensant l’aventure, son level design, en ajustant énormément d’éléments. Resident Evil 4 est toujours le même jeu, mais différent, avec ses zones changées, ses événements déplacés, ses personnages un poil différents, son gameplay affiné (le couteau). Pas parfait, mais toujours aussi fun, autant que l’original au final.

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