Titre original : 毒戰
2013 – Hong Kong / Chine
Genre : Policier
Durée : 1h47
Réalisation : Johnnie To
Musique : Xavier Jamaux
Scénario : Wai Ka-Fai, Yau Nai-Hoi, Ray Chan et Yu Xi
Avec Sun Hong-Lei, Louis Koo, Crystal Huang, Michelle Ye, Lam Suet, Wallace Hung et Gan Ting-Ting
Synopsis : Suite à un accident de voiture, la police arrêter un dealer, qui pour échapper à la peine capitale, décide de coopérer avec la police pour remonter jusqu’aux gros bonnets de la drogue.
Johnnie To est un réalisateur autant attendu que craint. Enchaînant des projets personnels et des films commerciaux, naviguant entre le polar bien sombre et la comédie, le réalisateur surprend, et on ne sait jamais vraiment à quoi s’attendre. Avec Drug War, il retourne au polar, cette fois-ci tourné en Chine plutôt qu’à Hong Kong. Le casting viendra donc de Chine Mainland, et Johnnie To va nous montrer comme ça se passe là-bas, du côté des flics mais également des dealers. Car comme dans ces polars HK, le ton ici est froid, souvent très calme, mais lourd en tension, et le portrait des différents personnages n’est pas vraiment glorieux. La première heure, toute en tension, va donc poser les bases de l’histoire et des différents personnages, avec cette équipe de policiers comme toujours prêt à tout pour arriver à leurs fins, et ce pauvre dealer, arrêté, qui va devoir collaborer s’il veut espérer s’en sortir. Même si cette première heure rester très classique (un peu comme l’ensemble du métrage finalement), elle fonctionne bien. La tension monte rapidement entre les différents personnages, et certaines scènes fonctionnent parfaitement, notamment cet échange de drogue, où notre pauvre policier sera forcé à prendre de la cocaïne pour gagner la confiance des truands. Cette scène, ainsi que toute la négociation qui précède, et ce qui suivra, met sur les nerfs. Le rendu est réaliste, les acteurs investis dans leur rôle, et Johnnie To nous offre donc encore une fois une vision très froide, toute en nuance.
Pendant une grande partie de son métrage, ce ton froid et cette tension seront présentes, comme pour nous annoncer des explosions de violence que le réalisateur s’amuse à regarder, comme pour jouer encore un peu plus avec nos nerfs. Quand finalement la première fusillade survient, le ton est sec, Johnnie To évite tout effet de style et rend la violence sèche, surprenante, d’autant plus qu’il la dynamise en se servant de personnages hors du commun. En effet, une fusillades avec des sourds muets, en voilà un concept étrange, mais qui ici fonctionne totalement, ajoutant un petit plus à une scène qui aurait pu, en soit, être totalement banal. Bien entendu, Johnnie To tentera d’aller encore plus loin dans une violence exaspérée et sans issue lors du final, un grand moment, froid, calculé, nous scotchant littéralement à notre siège jusqu’aux derniers instants. Pas d’effets de styles inutiles ici, pas d’héroïsme surréaliste non plus, juste une violence qui fait froid dans le dos, et qui fonctionne. Bien entendu, tout n’est pas parfait, malgré un bon développement des personnages, on pourra toujours dire que le contenu du film est un peu trop classique par moment, et deux ou trois petites scènes auraient méritées d’être écourtées au montage probablement. Mais pour son premier polar en Chine, Johnnie To montre qu’il n’a pas perdu de son talent, et livre un film certes classique, mais solide.
Les plus
Une bonne tension
De bons acteurs
Des fusillades sèches et violentes
Les moins
Quelques petites erreurs
Trop classique
En bref : Drug War est le retour de Johnnie To au polar. Classique en tout point, mais rondement mené et efficace.