HORIZON : UNE SAGA AMÉRICAINE, CHAPITRE 1 (Horizon: An American Saga – Chapter 1) de Kevin Costner (2024)

HORIZON : UNE SAGA AMÉRICAINE, CHAPITRE 1

Titre Original : Horizon: An American Saga – Chapter 1
2024 – Etats Unis
Genre : Western
Durée : 3h01
Réalisation : Kevin Costner
Musique : John Debney
Scénario : Kevin Costner et Jon Baird

Avec Kevin Costner, Sienna Miller, Sam Worthington, Jena Malone, Michael Rooker, Gregory Cruz, Owen Crow Shoe, Ella Hunt, Abbey Lee, Luke Wilson, Danny Huston, Isabelle Fuhrman, Colin Cunningham, Will Patton, Jeff Fahey et Giovanni Ribisi

Synopsis : Sur une période de 15 ans avant et après la Guerre de Sécession. L’expansion vers l’Ouest est semée d’embûches qu’il s’agisse des éléments naturels, des interactions avec les peuples indigènes qui vivaient sur ces terres et de la détermination impitoyable de ceux qui cherchaient à les coloniser…

Pour son quatrième long métrage, Kevin Costner ne fait pas les choses à moitié. Mais après tout, 2024 est l’année des projets fous, et des projets de longues dates, entre son Horizon donc, présenté à Cannes et pas très bien reçu, ou encore Megalopolis de Coppola, lui aussi présenté à Cannes et pas très bien reçu. Qu’importe, les deux métrages faisaient partie de mes plus grosses attentes de l’année. Rien que le nom des réalisateurs suffit. Horizon donc, du moins Horizon Chapitre 1, puisqu’il doit (on l’espère) y avoir en tout quatre films, c’est un western, genre que j’affectionne tout particulièrement. Un western de 3h, pour une histoire s’étendant sur quatre métrages et s’étendant sur des années, pour symboliser toute la fin d’une époque. La colonisation, la guerre de sécession, et sans doute, finalement, la fin d’un mode de vie, celui des cow-boys. Un peu de Red Dead Redemption là-dedans non, pour aller sur un autre support ? En tout cas, le métrage que Kevin Costner tente de faire depuis des années, et qu’il aura dû financer lui-même en grande partie, il ne manque pas d’ambitions, ni d’envergure. Entre les années dépeintes, la grandeur voulue par le réalisateur et son scénario co-écrit avec Jon Baird, et ce jusque sa narration. Car Horizon ne se contente pas de suivre quelques personnages pendant cette époque-là, oh non. Horizon, dans les faits, essayerait presque d’être une série, de cinéma. Est-ce que ça fonctionne ? Pas toujours malheureusement. Est-ce qu’Horizon est mauvais ? Non, tout de même pas. Mais le film ne s’adresse clairement pas à tous les publics. De toute façon, de par son genre même, le western, c’est déjà le cas. Mais sa grande ambition devient par moment son plus grand défaut.

Horizon déjà, dès qu’il débute, choque la rétine, de par un choix esthétique plutôt étonnant. Là où le western nous a presque toujours habitué à utiliser un format large pour filmer les étendues désertiques, Horizon fait le choix d’un format d’image plus télévisuel. Ce qui n’empêche pas Costner et son directeur de la photographie de soigner le métrage, bien entendu. Mais voilà là un choix bien curieux. Passé ce détail, on ne va pas se mentir, Horizon commence sur les chapeaux de roues. La reconstitution d’époque, aidée forcément par un budget plus que confortable, le cadre, l’ambiance, on s’y croirait, et ça nous rappelle forcément que Costner, c’est Danse avec les Loups et Open Range déjà. Mais on se rend compte au fur et à mesure que dans Horizon, nous ne sommes pas là en présence d’une histoire simple suivant la quête d’un personnage. Non, le personnage principal d’Horizon, c’est son cadre, son Ouest sauvage. Les personnages ne sont là que pour évoluer dans ce cadre, subir les événements parfois, tenter de les faire avancer. Pourquoi pas, mais le souci d’Horizon, c’est que présenté ainsi, il est un film de cinéma, qui plus est la première partie. Et narrativement, ça manque clairement de liens. Les personnages sont nombreux, très nombreux, et là où l’on s’attachait clairement à nos héros dans Open Range par exemple, ici, c’est plus compliqué. Kevin Costner par exemple, personnage censé être bon, et surtout censé être important, avec sa présence en gros sur l’affiche, et bien il n’arrive qu’au bout d’une heure de métrage, et après un segment lui étant dédié, dans une petite ville où il fera la connaissance de Marigold (Abbey Lee, vue dans The Neon Demon ou Mad Max Fury Road), contenant d’ailleurs l’un des meilleurs passages dialogués du métrage, tout en tension, et bien il disparaitra quasiment du récit.

On passe constamment d’un personnage à un autre, comme si l’on suivait en réalité des scènes issues des quatre métrages et placés ainsi, bout à bout. On sait bien évidemment que tout ce bon monde devrait (logiquement) se rejoindre à un moment où à un autre… mais quand ? Dans le second film ? Le troisième ? Certains personnages en plus arrivent forcément du coup très tardivement dans le métrage, comme Diamond (Isabelle Fuhrman) ou Tracker (Jeff Fahey), qui du coup, n’ont le temps d’exister que durant une ou deux scènes, avant que l’on repasse à un autre personnage, à un autre lieu, à une autre quête personnelle. Évidemment, parfois, on les retrouve, comme Trent (Sam Worthington), mais on a souvent l’impression d’avoir loupé un épisode entre le moment où on l’a laissé et quand on le retrouve. Si bien qu’au final, il y a sans doute trop de personnages, trop de lieux, trop d’événements dans ce premier chapitre. Cependant, et malgré cette structure bancale et fragile, jamais le film n’est ennuyeux, si l’on aime le genre. Quelques moments font mouche, certains marquent par une idée de mise en scène, un dialogue, une violence brute, mais pourtant expéditive. On ne passe jamais un mauvais moment devant le nouveau métrage de Kevin Costner. Mais il est difficile d’émettre un avis définitif, tant pour le moment, on attend la finalité, on attend de savoir comment tout va se retrouver, tout va se lier. Et pour cela, il faudra attendre déjà le second chapitre (tourné, monté, prêt à sortir, présenté à Venise et lui aussi pas très bien reçu), et espérer que Costner puisse tourner et sortir les deux opus suivants. Si jamais les métrages ne se font pas, Horizon ne sera au final qu’un coup d’épée dans l’eau. S’ils se font, allez savoir, la vision de l’œuvre en entier pourrait bien être le grand film voulu par Costner.

Les plus

L’ouest Américain
On y croit, techniquement
Un casting 170 étoiles
Quelques scènes marquantes
Jamais ennuyeux durant les trois heures

Les moins

Une narration morcelée qui manque de liens
Les personnages n’ont pas le temps d’exister
Il faut attendre les suites pour vraiment juger

En bref : Horizon Chapitre 1, c’est extrêmement ambitieux. Trop ambitieux pour son propre bien. Projet fou de Kevin Costner censé s’étendre sur quatre films de trois heures chacun, ce premier chapitre a de belles promesses, un beau cadre, un superbe casting, mais il en fait trop, en passant sans arrêt d’un endroit à l’autre, d’un personnage à l’autre, sans jamais rien lier. Attendons la suite.

A FEW WORDS IN ENGLISH
THE GOOD THE BAD
♥ The Wild West
♥ Technically it’s good
♥ A huge and great cast
♥ A few very good scenes
♥ Never boring during 3 hours
⊗ The narration going all over the place
⊗ The characters have no time to exist
⊗ You have to wait for the next chapters to really judge the film
Horizon Chapter 1, it’s really ambitious. Too ambitious for its own good. Crazy project from Kevin Costner planned for 4 hours of 3 hours each, this first chapter has nice promises, a nice setting, great cast, but it does too much, going from one place to another, one character to another. Let’s wait for the next chapter!

4 réflexions sur « HORIZON : UNE SAGA AMÉRICAINE, CHAPITRE 1 (Horizon: An American Saga – Chapter 1) de Kevin Costner (2024) »

  1. « Mais sa grande ambition devient par moment son plus grand défaut. » Tu dis dans cette seule phrase toute la limite du projet fou de Costner. Pourtant, comme tu le soulignes, l’ensemble n’est pas dénué d’intérêt, sinon à s’interroger tout bout de champ sur la pertinence du format. Sans parler du teaser final qui nous spoile quasiment toute la suite.

    1. Ah mais oui j’ai oublié de parler du teaser final qui débarque sans prévenir après une scène anodine, je me suis demandé sur le coup si le film ne déconnait pas 😀 Teaser plutôt long en plus il me semble, bien 2 minutes. Mais je pense qu’on reparlera de tout ça d’ici la fin de l’année avec le chapitre 2, qui nous donnera sans doute déjà un meilleur « aperçu » de l’ensemble, de sa direction. Mais va bien falloir au bout d’un moment que tout ce bon monde, car sacré casting, se rejoigne d’une manière ou d’une autre, ou alors avoir un message derrière pertinent (poignant ?).
      En tout cas, je ne suis pas séduit, mais j’ai aimé malgré tout. Si le chapitre 2 ne montre aucune évolution et continue son bonhomme de chemin à l’identique de cette longue introduction par contre, je pense que mon envie de voir les suites diminuera…

      1. Il y a tout de même quelques séquences prenantes dans ce premier volet. Je pense que la suite va évoluer un peu de la même manière, en dents de scie a la façon d’une série. La vie d’ensemble peut quand s’avérer assez chouette.

        1. Clairement oui. La première attaque avec la survie de la famille sous la maison, le dialogue tout en tension vers le milieu du film avec Costner et le cowboy impulsif. Même le moment presque anodin où Luke Wilson va de nuit parler aux deux « voyeurs », je m’attendais à ce que ça parte bien plus loin par la suite (peut-être des prémices de grosses tensions dans le chapitre 2 ?). On ne peut qu’espérer que les chapitres 3 et 4 puissent se financer sans souci pour justement pouvoir juger de cette vue d’ensemble.
          Bon maintenant moi de mon côté, j’attend MEGALOPOLIS de pied ferme !

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