MAXXXINE de Ti West (2024)

MAXXXINE

Titre Original : MaXXXine
2024 – Etats Unis
Genre : Fin de trilogie
Durée : 1h44
Réalisation : Ti West
Musique : Tyler Bates
Scénario : Ti West

Avec Mia Goth, Elizabeth Debicki, Halsey, Lily Collins, Kevin Bacon, Michelle Monaghan, Bobby Cannavale, Giancarlo Esposito et Sion Prast

Synopsis : En 1985, soit six ans après avoir survécu au massacre orchestré par Pearl et Howard au Texas, Maxine Minx est désormais connue dans l’industrie pornographique à Los Angeles, néanmoins, elle souhaite devenir une star dans le cinéma traditionnel. Elle auditionne donc pour un rôle dans la suite du film d’horreur The Puritan. Parallèlement, les événements du massacre de 1979 reviennent la hanter tandis qu’un tueur en série sème la terreur en ville.

Pour ne pas faire dans l’originalité et donner un rapide rappel, mon avis sur les deux précédents opus, X et Pearl, est pratiquement le même que beaucoup de monde. X, c’était très sympa, un bel hommage au cinéma d’exploitation des années 70. Pearl, en amenant son intrigue dans les années 1910, était une préquelle très solide dans laquelle Mia Goth brillait. Du coup forcément, MaXXXine, le dernier opus, rendait curieux. Nous retrouvons donc l’héroïne de X, ce coup-ci dans le Los Angeles des années 80. Oui, toujours ces années 80, qui sont depuis des années dans le collimateur des gros studios pour attirer le spectateur nostalgique dans les salles et engranger encore un peu de pognon sur de vieilles licences. Sauf qu’ici, avec Maxxxine, Ti West et sa star Mia Goth rendent hommage à ses années 80 à la fois visuellement, forcément, mais aussi thématiquement. Et puis, si les années 80 sont redevenues à la mode, et bien pourtant, les œuvres rendant hommage à un certain pan de ces années-là, et surtout à certains artistes importants, sont plutôt rares. Dans Maxxxine, on pense immédiatement à Argento, mais aussi à De Palma. Dans le fond, quoi de plus logique, avec son héroïne voulant percer et devenir une star, en faisant ce que beaucoup ont fait avant elle : passer du porno au cinéma horrifique. Le tout avec un mystérieux tueur, tout de noir vêtu, gants en cuir comme dans un giallo de la bonne époque, qui traque la jeune femme et ses proches. On pense aux grandes heures d’Argento, évidemment, mais en situant son intrigue dans le milieu d’Hollywood, du monde du cinéma durant les années 80, comment ne pas penser également à Body Double.

Et quand on sait, à l’époque, que ces métrages de De Palma ne furent pas très bien accueillis, voir cet hommage fait plaisir. Maxxxine donc met en avant l’univers des tournages des petites bobines horrifiques des années 80, le tout avec un amour certain pour ce qu’il met en image, et une envie de bien faire. Durant toute la première heure d’ailleurs, le métrage est un pur plaisir nostalgique, et fait avec honnêteté. Ti West et sa star aiment ce qu’ils mettent en avant, et ne se contentent pas de recopier bêtement les codes de l’époque. Surtout que Maxxxine, en tant qu’épisode venant conclure la trilogie, est bourré d’éléments renvoyant aux deux précédents métrages, et ce dès son plan d’ouverture. Là où dans X, l’ouverture jouait sur la taille du cadre, nous faisant croire à un format 1.33 avant que la caméra ne fasse un travelling avant pour s’ouvrir au métrage et au lieu de l’action, ici, le métrage déforme cet élément, jouant encore sur le format, avec un entrepôt, et une porte s’ouvrant lourdement, avant de laisser Mia Goth avancer vers la caméra, tout en effectuant un travelling arrière pour l’amener sur son lieu d’audition. Entre hommages, renvois aux précédents films de la trilogie, tout en construisant une histoire certes simple mais efficace, la première heure du métrage est un pur plaisir pour le fan, à la fois visuellement, mais aussi musicalement. On sera également heureux de voir dans un petit rôle Kevin Bacon en détective un brin envahissant et persistant, et ce même si l’on se doute dès le départ du sort qui lui sera réservé, faisant office d’élément perturbateur empêchant Maxine d’atteindre son objectif, celui de briller devant les caméras.

Seulement dans sa dernière ligne droite, Maxxxine, le film, part dans une surenchère qui aurait pu faire plaisir, mais qui tombe plutôt à plat, la faute à un twist qui ne fonctionne pas totalement. Et c’est dommage. Car jusque-là, Maxxxine délivrait la marchandise, se faisant un vibrant hommage à ce cinéma autre souvent mal vu par certains, et, surtout durant les années 80, mal aimé des critiques spécialisées. Un hommage techniquement abouti, prenant, esthétiquement parfait, avec pas mal de jolies trouvailles, et le tout porté par un bon casting (on retrouve aussi Elizabeth Debicki en réalisatrice, Michelle Monaghan en inspectrice et Giancarlo Esposito en agent). Et comme les deux précédents opus, Maxxxine sait se faire sanglant quand il le faut, et le tout à l’ancienne bien évidemment, avec latex et faux sang. Son dernier acte, plus outrancié, allant pourtant dans la direction de ce cinéma bis auquel il rend hommage, en fait un opus plus bancal, plus référentiel, fun même, mais du coup, moins percutant narrativement si on le compare au final relativement sobre de Pearl, qui certes, mettait bien en avant le talent de Mia Goth, sans doute, presque de manière gratuite dirons certains, mais restait logique tout en sachant conclure le métrage comme il le fallait. Ici, ça sonne tout de suite un peu plus faux. Rien qui ne fait de Maxxxine un mauvais film, loin de là, Ti West concluant sa trilogie et livrant une œuvre fort intéressante, dans ce qu’elle raconte, dans ses hommages, et via les différentes époques traversées. Et rien que ça, c’est déjà un exploit en soit.

Les plus

Ah les douces années 80
Quel casting au premier plan, mais aussi second plan
Un hommage réussi
Ça saigne bien

Les moins

Un dernier tiers plus grossier, et plus faible

En bref : Maxxxine conclut donc la trilogie entamée par X et continuée par Pearl. S’il se fait un poil inférieur la faute à son dernier acte, l’hommage aux années 80 et au cinéma de genre fait néanmoins plus que plaisir, et l’ensemble est assez solide pour être recommandable.

A FEW WORDS IN ENGLISH
THE GOOD THE BAD
♥ Ah, sweet 80s
♥ What a great cast
♥ A good tribute
♥ It’s bloody
⊗ The last part, weaker
Maxxxine ends the trilogy, started with X and continued with Pearl. If it’s a bit inferior, because of the last part, the tribute to the 80s and the genre is great, and the film itself is pretty strong on many aspects.

2 réflexions sur « MAXXXINE de Ti West (2024) »

  1. Ayant commencé par celui-ci, donce sans points de comparaison, j’ai été immédiat séduit. Il faut dire que le personnage de Maxine est superbe, et quelle interprète ! X est prêt à être dévoré très bientôt. Je le sens déjà une faim de crocodile.
    Je suis moins dur que toi avec cette fin croquignolesque. J’ai aimé voir toutes les références à l’histoire d’Hollywood et le culte qui lui est rendu à travers les personnage par Ti West. Très envie aussi de voir les films qu’il a fait juste avant (et après l’horrible « the roost »), notamment « House of the devil ».

    1. Oui du coup tu as une vision forcément différente de la trilogie et de la manière dont les films se parlent entre eux, se répondent. Tu vas donc bientôt pouvoir retrouver Jenna Ortega, vu qu’elle joue dans X haha.
      La fin réserve encore quelques bons moments, notamment dans l’horreur jusqu’au boutiste, mais j’ai trouvé le twist trop facile, ça n’a pas vraiment fonctionné pour moi, alors que jusque là, j’étais séduis par la proposition. Il faut dire que forcément, tout ce en quoi il rend hommage, c’est toute ma jeunesse, même si j’étais sans doute un poil trop jeune pour tout ça, mais là est un autre débat, ça a forgé ma cinéphilie quoi qu’il arrive. Et l’hommage est ici vraiment sincère, ce qui change tout comparé au cynisme d’autres productions actuelles.

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