Titre Original : Hwai – 활
2005 – Corée du Sud
Genre : Drame
Durée : 1h30
Réalisation : Kim Ki-Duk
Musique : Kang Eun-Il
Scénario : Kim Ki-Duk
Avec Jeon Seong-Hwang, Han Yeo-Reum, Seo Ji-Seok et Jeon Gook-Hwan
Synopsis : Un vieil homme vit avec une jeune fille qu’il retient loin du monde, sur un bateau en pleine mer. Il compte l’épouser lorsqu’elle aura 17 ans. Les pêcheurs, de passage sur l’embarcation, ne manquent pas de remarquer la ravissante jeune fille, toujours farouchement surveillée par son protecteur. Mais les rêves de mariage de ce dernier tournent à l’obsession lorsque s’éveille chez sa promise un intérêt pour un jeune homme de la ville.
Cela fait des années que je le dis, que j’en parle, mais j’aime beaucoup le cinéma de Kim Ki-Duk depuis que j’avais découvert un peu par hasard The Isle, en achetant un dvd de provenance floue, puisque contenant des sous titres Français, mais que la jaquette même, elle, était en Néerlandais. Mais qu’importe puisqu’en 2022, Spectrum Films a relâché The Isle en France dans un magnifique Blu-Ray, et surtout car je ne vais pas vous parler une seconde fois de ce génial métrage, mais de L’Arc, que je n’avais jamais vu. Car Kim Ki-Duk, j’ai beau beaucoup l’apprécier (RIP), et bien il a malgré tout carburé à un rythme soutenu depuis ses débuts en 1996 jusqu’à son dernier métrage, livrant quasiment un métrage par an, avec parfois une petit pause… d’une année seulement, passé 2008 et Dream. Un artiste donc très actif, au style parfaitement identifiable, et presque ironique quand on le compare au reste de la production cinématographique Coréenne. Car en soit, Kim Ki-Duk a un style visuel simple, épuré. Pas de photographie stylisée, de plans renversants, ni même de plans séquences, d’effets tape à l’œil. Une mise en scène simple au service de ce qu’il veut raconter, et surtout, au service de ces thématiques. Ce qui est ironique dans sa démarche, c’est qu’il accorde beaucoup d’importance à ses personnages, au ressenti, et ironiquement, en épurant même ses scénarios, souvent avares en dialogues, Kim Ki-Duk n’a d’autres choix que de jouer sur les regards, le ressenti, la mise en scène même pour faire passer son message. Le travail de l’image donc, alors qu’il se refuse souvent d’en faire trop et s’éloigne donc des standards de son propre pays.
L’Arc, son opus de 2005, s’inscrit bien évidemment dans cette veine, sauf que, surtout car il a enchainé les métrages avec des thématiques assez proches, et bien L’Arc donne parfois cette sensation de déjà vu. Un huis clos sur un bateau au large des côtes Coréennes, une jeune femme qui ne parle pas, un grand père qui ne parle pas non plus, et qui tient la jeune femme captive depuis 10 ans sur son bateau, où il n’accueille que des pêcheurs, qui fantasment tous sur la jeune femme évidemment. Jeune femme qui ne connaît donc rien du monde extérieur, qui symbolise à la fois l’innocence et le désir. Et que notre grand père veut épouser le jour de ses 17 ans, préparant doucement mais sûrement l’événement, suivant son calendrier et les jours qui passent et se ressemblent avec entrain, surveillant la jeune femme et les pêcheurs qui tentent des approches. Oui, thématiquement, L’Arc fait déjà penser aux précédents métrages du réalisateur, que ce soit The Isle justement, ou encore Locataires, qu’il signait l’année précédente. La ressemblance avec ses deux œuvres est frappante, L’Arc retournant d’ailleurs à un décor simple, flottant, comme pour The Isle. Mais pourtant, on ne va pas se mentir, pour peu que l’on aime son cinéma, et bien 90% du temps, ça marche du tonnerre. C’est appliqué, les images sont belles sans en faire trop, les quelques scènes qui pourraient choquer sont finalement filmées avec un certain recul et sans jamais juger tel ou tel personnage, et puis il y a Han Yeo-Reum, la jeune femme sans nom (comme tous les personnages en réalité), magnifique, envoutante, au centre de tout, filmée avec simplicité et efficacité. Celle qui finalement va faire perdre pied au vieil homme, lorsqu’elle va craquer pour un étudiant, qui va venir avec son père sur le bateau pour pêcher. Un peu comme si, enfin, avec un jeune homme devant elle, le désir s’éveillait chez la jeune femme, ce qui lui fera réaliser que oui, il y a un monde au-delà de ce bateau, et que rester ici avec le vieil homme n’est pas sa seule option.
90% du temps, comme je le disais, ça fonctionne, et le tout se suit avec intérêt. Les personnages tous comme les différents éléments importants de l’intrigue ont tous double sens. La jeune femme symbolise l’innocence, mais aussi souvent le désir, désir qui va lui-même s’éveiller chez elle. L’arc, le fameux arc du titre, va être à la fois un arc dont sa première utilité sera bien celle que l’on imagine, tirer des flèches, que ce soit pour remettre à leur place les pécheurs un peu trop tentés par la jeune fille, mais aussi pour prédire l’avenir d’une manière quelque peu originale, mais il servira aussi étonnement à faire de la musique, et ce même si l’on serait tenté de dire que Kim Ki-Duk se laisse presque aller à la facilité lorsqu’il filme ses quelques moments musicaux, avec coucher de soleil en arrière plan. Mais dans le contexte du film, ça fonctionne. De même, les quelques scènes de toilettes, où la jeune femme se retrouve nue à être lavée par le vieil homme, elles auraient rapidement pu mal tourner, être complaisantes, mais Kim Ki-Duk filme le tout avec une certaine douceur et distance. Non, vraiment, L’Arc, si l’on pourra dire qu’il manque de surprises, n’est pas un film raté. Sauf peut-être dans sa toute dernière partie, qui filme avec un peu moins de magie certains événements, les rendant presque anodins, voire inintéressants. Tout cela n’est que mon ressenti, mais réellement, son dernier acte fait preuve d’un certain essoufflement, le manque de surprise se fait plus flagrant puisque les différents éléments en avant fonctionnent moins que le reste, et c’est dommage. Ceci dit, l’Arc reste malgré tout un beau film, un bon film tout court, et pour les non connaisseurs, une porte d’entrée un peu moins lourde et cruelle que d’autres métrages de Kim Ki-Duk pour débuter son cinéma.
Les plus
Une excellente première heure
Les personnages et objets à double sens
Han Yeo-Reum, magnifique
Les moins
Un dernier acte moins prenant
Un certain manque de surprises
En bref : L’Arc reste un beau film, mais n’est pas un grand film de la part de Kim Ki-Duk, qui réutilise certains thèmes et éléments que l’on connaît un peu trop bien. La première heure parvient malgré tout à convaincre, mais la dernière partie elle se fait bien décevante.
A FEW WORDS IN ENGLISH | |
THE GOOD | THE BAD |
♥ The excellent first hour ♥ The characters and everything have two meanings ♥ Han Yeo-Reumn beautiful |
⊗ The last act is not as interesting ⊗ It lacks surprises |
The Bow is a beautiful film, but not a great film from Kim Ki-Duk, using again some themes and elements that we know too well. The first hour, still, is convincing and even at times magical, but the last part is disappointing. |